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    indimoon le 18 octobre 2023





    HordeDuContrevent

    L’homme était surnommé le Nez diabolique, non pas à cause de l’Appendice qui pousse au milieu du visage des gens ordinaires, des hommes, des femmes, et des enfants également, mais à cause du flair dont il faisait usage à mauvais escient. Il pouvait repérer à l’odeur l’homme adultère et semer le trouble auprès de sa légitime, sauf à recevoir une belle somme d’argent pour son silence ; ou les femmes indisposées et crier, pour les mettre dans l’embarras, à leur impureté, sauf à recevoir leur affection. Et même, son odorat était tel qu’il réussissait à sentir les mots secrets, ceux qu’on ne dit pas, mais les mots sont enfants de la chair et pourrissent si on les garde prisonniers, dégageant alors une odeur maronnasse de putréfaction, ou bien la tristesse qui rend aveugle mais qui dégage une fade odeur d’amande amère, ou encore la colère qui fait gicler de transparentes effluves rouge à senteur métallique. Oui, le Nez diabolique humait les choses et les sentiments, les sertissant de couleurs et de formes, et s’en servait comme arme de chantage et de manipulation.

    Un matin, alors qu’il se baladait sur un chemin longeant une rivière, de petits bruits se firent entendre derrière un bosquet, son appendice malin se mit à frémir, ses narines à se dilater et, là, avec force, lui arrivèrent des senteurs :

     

    De latrines  (mots à utiliser : coupe-cigare / ventriloque  / callipyge)

    De fleur d’oranger (mots à utiliser : dentier / porte-jarretelles / salvateur)

    De  fromage (mots à utiliser : plexus / ripage  / procrastiner)
     

    Et je passe la main à Sonia…



    indimoon

    De fleurs d'oranger, une odeur de luxure, à son nez si fin, une odeur d'argent, de fait. Il fit silence, recala son dentier qui avait tendance à se déccrocher et à claquer contre son palais, en cas d'émotion, et tâcha de se frayer un chemin discret, de ses mains impatientes, au travers du bosquet, en en écartant les feuilles. Précisant ses doutes, sa vue fut barrée par un tissu de dentelles accroché au buisson, un porte-jaretelles d'où pendaient des bas de soie.
    Il tendit l'oreille, concentré, maîtrisant mâchoires, dentier, et éventuel filet de bave; un adultère hum? un dépucelage?? Plus cher encore le dépucelage, surtout hors mariage...Les parents de la jeune fille n'auraient droit à aucun geste salvateur, qui que ce soit, non mais!! N'est pas diabolique qui veut!!
    Il avait beau tendre l'oreille, et tâcher de voir au travers des bas de soie, ne lui parvenaient que quelques faibles...

    ...couinements (vase, entretenu (e), gibecière)
    ...ronflements (cataracte, roseaux, punition)
    ...claquements (aveugle, missionnaire, catapulte)

    Et la main passe à AnnaCan   qui sera sûrement inspirée au vue de ses journées passées avec Pylones. :-D



    AnnaCan

    …. claquements. Il s’approcha à pas de velours, le nez en alerte tel un chien limier, cependant que les claquements se faisaient de plus en précis. Une double haie très dense l’empêchait de voir, mais il entendit distinctement la voix d’un homme, entrecoupée de cris de douleur, supplier :

    « Je vous en supplie, grâce, grâce, pitié, détachez-moi, ne me frappez pas si fort. Je vous baise les pieds, je m’humilie, je ne recommencerai pas. Ayez pitié. »

    En guise de réponse, les claquements reprirent de plus belle, dont il ne faisait guère de doute, à présent qu’il les entendait mieux, qu’ils provenaient d’un martinet ou d’une cravache. Sentant un début de panique s’emparer de lui, il consulta fébrilement son blair, tout en serrant fort les mâchoires afin de ne pas perdre son dentier. Hélas, son blair, qui en avait pourtant vu des vertes et des pas mûres dans sa vie de blair, ne lui fut d’aucun secours, aveugle à sa détresse. 

    Cheminant à pas de loup, il parvint jusqu’à une ouverture en forme d’oeil-de-boeuf dans la haie. Se hissant sur la pointe des pieds, il vit une scène qui resterait à jamais gravée dans sa mémoire.

    Un homme aux cheveux teints, entièrement nu, à l’exception d’un corset qui lui entaillait la peau, était enchaîné comme Prométhée sur son rocher, recevant les coups d’un martinet planté de clous que lui infligeait une jeune brute en tenue de missionnaire. S’il avait mieux connu ses classiques, il aurait sans doute reconnu la fameuse scène de « La recherche du temps perdu » dans laquelle le baron de Charlus prend son pied en se faisant fouetter jusqu’au sang par le jeune Maurice. Mais pour son malheur, il crut avoir affaire à une authentique scène de torture et, rassemblant les lambeaux épars d’une volonté chancelante, se saisit d’une pierre qu’il catapulta à tarvers l’oeil-de-boeuf en direction du missionnaire.

    À l’instant où la pierre venait s’écraser avec un bruit mat à un bon mètre de sa cible, il entendit un sinistre craquement sur sa gauche suivi de… 


    ….. « Coupez !!! » (mots imposés : croquignolet, réalisateur, épater)


    …. grognements terrifiants (mots imposés : tambour battant, valser, sanglier)


    …. huées (mots imposés : château, vriller, pétillant)


    Je passe le relais à Dori aka Yaena, pour son amour inconditionnel de La recherche du temps perdu !



    Yaena

    Coupez ! Et alors qu'il se retournait prêt à prendre ses jambes à son cou le parfum d'une excitation toute primaire lui parvint. C'était celui du chasseur qui traque sa proie. Il fut immédiatement saisi par le désespoir de la bête traqué. Il sentit avant de comprendre. Il poussa un cri en se retrouvant nez à nez avec un glock !

    - Je le tiens! La femme qui avait prononcé ses mots sous ses airs croquignolet cachait une brute il en était certain.
    Il articula avec difficulté :
    - Mais enfin qu'est ce que c'est que ce cinéma ?
    Tandis que l'homme au corset se rhabillait dans le plus grand calme il vit du coin de l'œil l'homme au fouet se rapprocher. Il fut saisi d'une irrépressible envie de vomir. Et arrosa copieusement l'herbe à ses pieds, réussissant à garder son dentier en place de justesse. La femme prit un air dégouté.
    - Je suis épaté que vous ayez tenu aussi longtemps Magnus. Il fallait bien une comédie qui puait la luxure pour vous faire sortir de votre trou.
    - Comment mais qui est Magnus ? Vous faites erreur je m'appelle Yves. J'ignore qui...
    - Vous ignorez que le gouvernement vous cherche depuis maintenant 5 ans ? Vous ignorez que vous êtes son précieux projet 6 ème sens ? 
    Tandis qu'il sentait les menottes lui enserrait les mains son nez se plissa, et un rictus apparu sur ses lèvres.
    La femme poursuivit.
    - Avoir vécu aussi longtemps de petits chantages sans vous faire repéré bravo. Mais la fête est finie.
    -Oh non ma belle elle ne fait que commencer.

    Et tandis que le regard de Magnus changeait la femme compris trop tard qu'en 5 ans il s'en était passé des choses. Quand elle se retourna mue par son instinct elle se retrouva face...

    Au clone de Magnus (acrobate, pissenlit, Borgès)

    A une hideuse créature (glouton, catastrophique, pédant)

    A son sosie (éclipse, coléoptère, banquise)

    Je passe la main à Paul s'il est en était sinon on trouvera bien quelqu'un pour faire l'intérim.


    Yaena le 19 octobre 2023
    1001Vies

    …au clone de Magnus, allongé sur l’herbe regardant la scène avec dédain, la bouche pleine de pissenlits (oui, les clones ne se nourrissent pas de la même façon qu’un être humain classique, les végétaux étant leur première source de consommables).
    La femme crie devant cette vision impromptue et pointe maintenant son arme vers ce clone horrifique.
    Magnus sourient. Magnus rient. Magnus sont plus que des nez diaboliques.
    Magnus sont nés pour danser, chanter, jongler, sauter et bouger comme des acrobates des airs. Ce sont des artistes, des vrais. Des « enfants de la balle » comme on dit. Capables justement d’en éviter, des balles. Comme la première que la femme tire sur Magnus Clown, la bouche encore pleine de pissenlits, un rictus grandiloquent sur ses lèvres. Et la deuxième. Et la troisième. Un véritable ballet s’installe. Entre le vide et le clone de Magnus et les balles qui passent au travers. Le glock que possède la femme est un glock 17. 17 balles dans le chargeur, 1 dans la chambre. Pensez-vous que l’une atteindra sa cible ? Ce trapéziste de l’extrême, ce clone unique, ce Magnus « bis » aux airs de pantin que l’on ne peut manipuler.
    Clic clic.
    C’est le bruit que fait l’arme au bout du rouleau. La femme a tiré ses 18 balles. Elle regarde avec effroi ce clone qui semble intact. Invincible et rieur. Elle se retourne vers le Magnus original pour faire face au visage de la victoire. Mais il n’en est rien.
    Magnus « Yves » est une passoire.
    18 balles l’ont traversé. Le sang coule de ses yeux, de son torse, ses bras et ses jambes. Magnus ne sourit plus dans la mort. Le clone de Magnus non plus. Car comme dans les ruines circulaires de Borgès, ce clone est connecté à son créateur (ceci est une addition du réalisateur qui a oublié de mentionner ses prises de liberté sur le scénario original du « Nez diabolique », scénario anonyme qu’on attribue toutefois à une certaine Antonia Laba Antunes.)
    La femme ne jubile pas devant cette boucherie. 18 balles pour un seul corps,cela fait beaucoup à encaisser. Le cœur lourd devant son clone, Magnus s’agenouille auprès du cadavre déjà poisseux d’Yves et se met à lui réciter…



    …ces quelques vers (ballons, honneur, diabolique)

    …ces quelques paroles (mourir, jus de raisin, pourriture)

    …ces quelques mots (la fin, le début, ce qui vient après)


    La main passe donc à piccolanina




    piccolanina

    " T'en fais pas mon petit gars
    ça s'passera pas comme ça !
    Fini de jouer , la balle de set
    Pour elle , c'est niet .
    Elle a pas compris
    Que depuis le début,
    Clone ou pas ,
    Le gouvernement t'a
    Dans son compas
    Pour que , sans tralala ,
    Tu aspires la fiente de pigeon
    Et la transforme en " sent-bon".
    Car ce qui vient après
    C'est forcément l'intérêt
    De te coller aux baskets :
    Ces quelques mots te diront :
    La fin justifie ...

    ... la guerre ( lapin, bricole , joie )
    ... le rire ( dindon , pique , sang )
    ...le vaurien ( jour , pépère , fleure )

    Hou hou , ma chère MANUE à toi la suite et qui sait ... ce qui vient après car dès le début , nous savons tous qu'il y a une fin !




    Gabylarvaire

    … le rire. Le clone de Magnus qui en fait s’appelait Georges le Clown, car il avait été élevé par un fan de George Michaël avant de rentrer dans l’école du cirque de Châlons-en Champagne, se leva et dit à la femme : « Vous connaissez le docteur Schwneizzfnishghner jr 6ème du nom ? Il pique le sang des gens qui possèdent un don et il en fait des clones. Le docteur Schwneizzfnishghner jr 6ème du nom, est un généticien franco-allemand-pakistanais, il a poursuivi ses expériences génétiques en parallèle de ses activités de serveur comique de Stand-Up dans un restaurant Hongrois renommé pour sa soupe de Goulasch. Il était à la solde d’un agent moustachu d’Interpol corrompu, qui voulait plein de petits Magnus. »

    En effet, Magnus le Clone, alias George Le Clown, loin d’être le dindon de la farce, avait découvert le pot aux roses, car trop de personne lui ressemblait. Après ses diverses recherches, il avait découvert les agissements clandestins du docteur Schwneizzfnishghner jr 6ème du nom, et ses pistes le menèrent vers son original, caché depuis 5 ans sous le nom de Yves Toucourt, dans une villa de Branoux-Les-Taillades. A cause de ses capacités à flairer l’embrouille, son nez diabolique lui causait la sollicitude de diverses organisations manichéennes, notamment du gouvernement. Trop cloné et fatigué, il en avait marre qu’on lui pompe le sang pour des expériences génétiques illégales et s’était enfui. Il vivait de l’argent qu’il soudoyait à de riches infidèles concupiscents. George avait retrouvé sa trace au moment même où il tomba sur cette bonne femme fourbe facile de la gâchette. Jamais il ne pourra savoir la provenance de son amour pour le maroilles. Soudain, la femme…



    - Pleura (mots à utiliser : groupuscule/chèvre/extraterrestre)

    - Régurgita (mots à utiliser : colère/tartiflette/diable)

    - Interpréta (mots à utiliser : paillette/doigts/franchement)





    Et je laisse soin à Bern_29 de poursuivre avec mes sincères excuses.




    berni_29

    ...pleura en s’effondrant de tout son être. Georges Le Clown, ce Georges cloné retrouvant à présent son calme s’approcha d’elle et dit d’un ton impassible : « What Else ? ».
    Elle répondit :
    - Je crois bien que c’est moi qui me suis fait tourner chèvre dans cette histoire…
    Elle se redressa sur son séant, porta ses mains à son visage comme si un seul de ses gestes pouvait faire revenir le passé enfoui.
    - Docteur Schwneizzfnishghner, avez-vous dit ?
    - Oui, Jr le 6ème du nom…
    À ces mots, la femme se souvint de ce matin du 14 juillet et ce bruit de fête et de folie qui se préparait dans le quartier où elle résidait alors. C’était juste après la guerre.
    - Je l’ai bien connu lorsque j’exerçais le métier de rumpologue. Il était venu me consulter ce matin-là…
    - Rumpologue, dites-vous ?
    - Oui, rumpologue. C’est une pratique divinatoire qui consiste à lire l’avenir d’une personne par l’étude des caractéristiques de ses fesses et de son sillon interfessier. J’avais été formée par Ginette Stallone, la grande spécialiste de la discipline.
    - Ginette Stallone, la mère du célèbre boxeur ? Ça ne fait pas très amerloque, son prénom !
    - Vous confondez avec Rimbaud… C’est normal, elle était française, son futur mari était soldat américain, fraîchement débarqué avec les Alliés en juin 1944. Ils se sont connus dans ce petit village de Branoux-Les-Taillades, justement.
    Elle parlait calmement.
    - Paraît que des soldats allemands venaient même la consulter. C’est dire la popularité qu’elle avait. Elle faisait partie d’un réseau de résistance issu d’un groupuscule anarchiste qui existait déjà avant la guerre. Faut dire que la clandestinité, ils en connaissaient un rayon…
    Elle se mit à rire :
    - On a même dit que parfois elle racontait des conneries en contemplant les beaux fessiers aryens, balançant des mensonges pour faire diversion, aidant la résistance, envoyant les Boches sur des mauvais plans, dans des guet-apens... Paraît qu'elle a même eu chaud aux fesses, c'est le cas de le dire... Hahaha!
    L’homme la regarda, continuait de l’écouter, figé. Elle eût été une extraterrestre qu’il n’aurait pas été plus sidéré par ses paroles. Il comprit alors le sens de tout cela qui se révélait brusquement, cette errance souterraine dans les labyrinthes, ces fractales hexagonales et les fragrances qui en émanaient comme des réminiscences…
    L’homme continuait de la regarder et c’était comme un sol qui se dérobait de nouveau sous ses pieds, le vide abyssal qui emportait tout sous des forces telluriques, comme lorsqu’il contempla pour la première fois à l’âge de cinq ans les yeux d’une vache limousine dans la ferme de ses grands-parents…
    - Qu’est-ce qu’on va devenir à présent ? dit-elle en s’approchant de ce Georges cloné… Qu’est-ce qu’on devenir vous et moi dans ces chemins qui bifurquent ? Qu'est-ce qu'on va devenir dans le clapotement des marées ?
    Le ciel était devenu gris. Des lambeaux de nuages semblaient traverser les arbres autour d’eux. Les oiseaux s’envolèrent par nuée, on aurait dit que la solitude du paysage était devenue une manière salutaire d’habiter désormais le monde…
    À ces mots, l’homme, comme emporté dans un geste à la fois désespéré et en même temps déterminé, défit sa ceinture, son pantalon de flanelle glissa alors lentement le long de ses jambes faisant apparaître des genoux osseux. Il lui demanda :
    - Peut-être que vous pouvez tout simplement tenter de lire l’avenir qui m’est prédestiné ?
    Alors, elle n’eut pas d’autres choix que de…

    …s’agenouiller (mots à utiliser : fatuité, goutte d’eau, asperge)

    …lui assener (mots à utiliser : scintillement, caserne, Portugal)

    …pleurer (mots à utiliser : diabolique, aimer, chaussettes).

    Je laisse donc le soin à ma chère Chrystèle de poursuivre et de conclure...
    Yaena le 19 octobre 2023
    HordeDuContrevent

    …de s’agenouiller, tremblante, tandis que notre George cloné se retournait, lui présentant ainsi son fessier avec une certaine facilité, une certaine fatuité devrait-on dire tant il savait son séant quelque peu callipyge. Et, de fait, il était superbe ce fessier, elle dut le reconnaitre, parfaitement et sensuellement galbé, d’une blancheur de porcelaine, aussi lisse que le marbre, aussi tiède qu’un galet de rivière exposé de longues heures au soleil printanier. Les paumes épousant délicatement les fossettes bien creusées attestant de l’entrelacement équilibré et harmonieux des muscles et de la chair, signe manifeste de vitalité, les mains doucereuses à même de faire fondre des glaciers, se concentrant, yeux plissés, sur le pli interfessier qui ne souffrait aucun poil, marque sans conteste de grandeur d’âme, elle commença à entrevoir des bribes de futur. Concentration quelque peu troublée cependant par cette asperge qui pointait le bout de son nez par en dessous, l’obligeant à un surcroit d’attention. Mais, chose curieuse, plus ses mains chauffaient les fossettes, plus l’asperge semblait se volatiliser, invisible désormais comme ayant pris son envol en des contrées lointaines.

    Voilà, seul le pli se présentait, ligne nette et régulière qu’elle frôla d’un doigt léger de bas en haut, comme le lui avait appris feu maitresse Stallone, provoquant des frissons aux deux feuilles de chair offertes, leur donnant l’aspect d’une menthe poivrée nimbée de gouttes d’eau, de gouttes de rosée aux reflets bleutés, le léger duvet ainsi mis en valeur attestant d’une âme sensible selon ses études poussées de rumpologie.

    Chose éminemment curieuse, le profil du fessier semblait se dédoubler, ses contours devenaient si flous qu’elle crut avoir des troubles de la vision. Etait-ce parce qu’elle louchait à force de concentration ? Etait-ce les tremblements de George, quelque peu inquiet par les révélations à venir ? Afin de stabiliser l’image, elle se mit à fesser la chair de petites claques, mais rien à faire, les visions doubles ne cessaient pas, la chair était tantôt ferme, tantôt flasque, soubresauts intermittents…Se pouvait-il qu’elle soit témoin d’un dédoublement, d’un clone surgissant du clone, effet d’une vive émotion ? Chaque dédoublement dévoilant des fesses plus grasses, marbrées de vergetures, grumeleuses, au pli interfessier plus court au milieu de toute cette chair informe…Et elle comprit, il se produisait là un spectacle à peine croyable. Elle vit George dans une autre variante du temps, un autre possible, une autre ligne de variante, un George plus gras, plus bourgeois. La paire de fesses qui apparaissait par intermittence, comme un lampion clignotant, dévoilait avec évidence une personnalité toute autre, celle d’un homme faible et sans ambition. Les fesses de l’homme volontaire succédait à celles de l’homme faible, apparitions en saccades, l’odeur musquée de l’homme viril se mêlait à celle, plus fade, de savonnette au lait d’ânesse de l’homme rangé…

    Ce n’était pas des clones physiques que les expériences provoquaient mais la mise en parallèle des différentes variantes du temps, cordes des possibilités, chemin des destinées possibles, multiples personnalités selon l’éducation, la société, la période. Les différents fessiers témoignaient des différents George possibles et les futurs devant ses yeux étaient innombrables, les futurs des milles et un George contenus dans les différentes variantes des possibilités…L’adage récité tel un mantra depuis ses études et que lui avait inculqué Stallone « montre-moi ton cul, tu sauras ce qui est tu » était inopérant, trop de chemins, trop de destins s’entrouvraient devant ses yeux, telles des fleurs écloses aussitôt fanées. La consistance des fesses mettaient en valeur la consistance du temps, infundibulum chrono-synclastique, signant par là-même la mort pure et simple de la rumpologie.

    Le ciel était toujours gris. Les lambeaux de nuages étaient désormais traversés de rayons dorés, rosissant leurs bords, illuminant d’un dégradé complexe de vert les arbres autour d’eux. Les oiseaux avaient disparu, on aurait dit que le vide autour d’eux était devenu brusquement une manière inquiétante d’habiter le monde, une parenthèse en suspens…comme un silence blanc avant de multiples commencements…

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