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    indimoon le 18 octobre 2023



    AnnaCan

    Je vous propose de jouer de nouveau avec un véritable auteur : Philip Roth dans J'ai épousé un communiste.

    Lorsque je passai pour la première fois le seuil des Bixton, le bizarre capharnaüm de la petite pièce du devant me donna le vertige : il y avait des peaux tannées empilées partout; des andouillers pendus au plafond, avec des étiquettes, accrochés par du fil de fer, des andouillers sur toute la longueur de la pièce, par douzaines. D’énormes poissons vernis pendaient également au plafond, des poissons luisants aux nageoires déployées comme des voiles, des poissons luisants avec des épées allongées, un gros poisson luisant au faciès de singe; des têtes d’animaux, petit modèle, moyen modèle, grand et très grand modèle montées sur chaque centimètre du mur; toute une escadrille de canards, d’oies, d’aigles et de hiboux sur le plancher, nombre d’entre eux ailes déployées comme en plein vol. Il y avait des faisans, des dindons sauvages; il y avait un pélican, un cygne, et puis aussi, furtivement répartis au milieu des volatiles, un putois, un lynx, un coyote et deux castors. Sous des vitrines poussiéreuses, le long des murs, des oiseaux de petite taille, colombes, pigeons, un petit alligator, ainsi que des serpents enroulés, des lézards, des tortues, des lapins, des écureuils et des rongeurs de tout poil, souris, belettes, en compagnie d’autres bestioles antipathiques que je n’aurais pas su nommer, toutes nichées de manière réaliste dans de vieux décors naturels fanés. Et, partout, de la poussière, recouvrant les fourrures, les plumes, les peaux, tout.

    Horace, vieillard frêle, guère plus vaste que l’envergure de son vautour, vêtu d’une salopette et coiffé d’un bob kaki, sortit par-derrière pour me serrer la main; quand il vit la tête que je faisais il …


    …. sourit d’un air d’excuse : « Ben ouais, on jette pas grand-chose, nous autres. » (cordelette, carnassier, mâchoire)


    … déclara d’un air mystérieux : « À chaque animal son odeur, tu sais. Tu sens l’odeur du renard? » (carcasse, blanchâtre, haut-le-coeur)


    … dit d’un ton bourru : « Si tu veux crécher ici, va falloir t’y faire. » (semelle, dépecer, carpette)

    Je passe le relais à .... Chrys, qui me paraît taillée sur mesure pour ce texte (à moins que ce ne soit l'inverse)



    HordeDuContrevent

    … déclara d’un air mystérieux : « À chaque animal son odeur, tu sais. Tu sens l’odeur du renard? »

    Oh que oui je sentais l’odeur du renard à la gueule béante qui semblait vouloir mordre, devant moi, figé pour l’éternité dans sa posture sauvage, gueule dans laquelle, entre deux canines acérées une araignée avait tissé une fine et à peine perceptible toile, saupoudrée désormais d’une légère couche de poussière. Gueule de laquelle flottait une odeur d’haleine plus infecte que la décomposition d’un cadavre, plus nauséabonde qu’une carcasse pourrissant au soleil, plus infecte que les déjections d’un malade à l’agonie. La puanteur m’a assailli les narines avant même que je puisse respirer me donnant un haut-le-cœur réprimé avec beaucoup de difficultés. Détournant la tête avec dégout, je me retrouvai nez à nez avec les poissons volants dans lesquels ma tête avait butté, laissant échapper une myriade de petites poussières venant blanchir mes cheveux. Etonnamment, en lieu et place de l’odeur maritime ou lacustre à laquelle je m’attendais, il me semblait sentir une odeur de rose, oui de rose dont on aurait frotté les écailles et tous les interstices entre les pétales argentés, des effluves de rose-thé comme celles émanant d’un vieux jardin à la flamboyance un peu désuète dans lequel des eucalyptus murmure dans les marais. Plus la luisance des poissons était forte, plus l’odeur de rose était capiteuse.  Une odeur de boudoir, précieuse, douceâtre et un peu écœurante.

    Oui, c’était troublant, les odeurs ne semblaient pas correspondre aux animaux dont elles émanaient. Des canards, des oies, des aigles et des hiboux en position de vol sur le plancher, émanait de sous les ailes déployées, une étonnante odeur de sueur, cette sueur qui dégouline dans le dos puis sèche, aigre et acide. Des rongeurs de tout poil, souris, belettes, une odeur suave et blanchâtre, presque érotique, l’odeur d’entre les jambes, celle que l’on sent quand on est assez près pour la toucher du bout des lèvres.

    Curieuse, je ne pus m’empêcher de tendre le nez vers les reptiles. Du petit alligator, des serpents enroulés et des lézards, suintait une fragrance de mousse, une odeur verte bucolique, de champs au printemps aux herbes foulées, coupées, piétinées. Une sensation de froid, de fraicheur salvatrice si éloignée de la peur atavique que ces animaux inspiraient en temps normal.

    Végétales ou humaines, vivantes et vibrantes, les odeurs n’étaient pas celles d’animaux poussiéreux empalés depuis longtemps. Écœurantes ou agréables, ces odeurs étaient celles de la vie dans ce qu’elle a de plus prosaïque, de plus sacré, de plus simple.

    Je me tournais étonnée et troublée vers Horace dont les cheveux épars et fou sur la tête, les yeux profondément enfoncés dans leurs orbites, et les jambes mikado mettaient en valeur le grand âge. Un filet de bave coulait sur son menton sale, traçant un sillon de suie sentant le buffle et le torrent. Quel était ce lieu, que recelait-il, quels signaux envoyait-il ? Voyant mon trouble, le vieil Horace se reprit, redressa sa tête pour se donner davantage de dignité et me dit :

     

    -          Si tu essaies de sortir, ces âmes  t’en empêcheront (réincarnation, menace, refuge)

     

    -          Si tu veux comprendre, ouvre grand tes oreilles ( ancestral, magie, esprit)

     

    -          Si tu restes tu risques de te transformer à ton tour (pétrification, sortilège, essence)


    Et je passe la main à Bernard qui saura de main de maître transformer cette histoire odorante à souhait...



    berni_29

    - Si tu veux comprendre, ouvre grand tes oreilles.

    Ouvrir grand les oreilles, certes j’étais d’accord avec cette proposition et je voulais absolument comprendre, tout comprendre, mais avant toute chose il me fallait reprendre mes esprits, m’adosser au réel, chercher un point appui parmi ce capharnaüm vertigineux.

    La faible clarté qui perçait un trou dans la petite fenêtre de la pièce avait quelque chose de rassurant. Elle semblait rebondir à travers le chatoiement des odeurs, des fragrances, des relents maritimes. Dessiner le souvenir ancestral des lagunes et des estuaires où le battement des marées venaient s’éprendre du paysage et s’enferrer dans les nasses d’un filet. C’était un soleil fatigué mais encore vivant qui venait cheminer sur les décombres du lieu.

    Horace m’invita à m’asseoir autour de quelque chose qui aurait pu jadis ressembler à une table. Il revint avec un petit plateau qui portait une théière et deux tasses. Il versa le thé fumant. Une odeur âcre s’échappait des tasses, qui n’était pas sans me rappeler celle qui émanait du renard et de sa bouche nauséabonde.

    Il demeura debout sur ses frêles jambes qui semblait s’enfoncer brusquement dans le sol. Il fit alors un grand geste, balayant d’un mouvement du bras l’ambiance de la pièce et ses centaines de créatures hagardes, comme figées dans l’épaisseur du temps.

    « Cette maison est habitée par l’esprit de ces bêtes. Elle pourra brûler, s’effondrer, disparaître dans un séisme, devenir poussière, l’esprit de ces bêtes sera à jamais ici. Et lorsqu’on reconstruira une autre maison à l’identique sur cette terre complétement desséchée, elles reviendront comme par magie. Quelqu’un reviendra après moi, après ma mort, et les accrochera une à une à des poteaux de fortune qui tenteront de nouveau de faire tenir cette maison ressortie de dessous terre. »

    Ses yeux ressemblaient au vertige de la pièce. Il semblait fier d’être là, d’exister dans ce dédale immuable. Mais c’était plus que cela, c’était autre chose qu’une fierté, il y avait une admiration pour ces bêtes autour de lui. Que dis-je ? Il semblait éprouver un amour infini. Il s’avança vers moi et dit :

    « Et maintenant, bois mon enfant, ça va refroidir. »

    Alors je…

     
    … saisis la tasse de thé d’une main tremblante (spectre, viatique, perche)

     

    … souris d’un rictus pathétique (aveugle, estampe, salamandre)

     

    … me levai d’un geste lent (piété, femme, urinoir)

     

    Et je passe la main à Doriane ma copine de brouette qui saura trouver une suite qui lui ressemble…

    Yaena le 19 octobre 2023
    Yaena


    … souris d’un rictus pathétique.Je ne pouvais ingurgiter cette mixture infâme qui sentait le vieux putois faisandé. Alors que mon odorat, certainement par instinct de survie, s’habituait à l’ambiance pestilentielle mes yeux prirent le relais. Parmi toutes ces dépouilles accrochées, clouées, collées, empilées, superposées je vis une vieille estampe qui trônait sur le mur à ma droite. Ce fut mon radeau de la méduse. Pas le grand luxe mais c’est tout ce dont je disposais pour faire diversion.
    - Et ceci c’est étrange ? Pourquoi l’avoir accroché là ?
    - Il va vous falloir être un peu plus précis me répondit le vieil homme dont le regard ne suivi pas mon doigt.

    Je compris alors que ce regard qui m’avait semblé pris de vertige n’était rien d’autre qu’un regard éteint dans lequel se reflétait les flammes de l’âtre. Le vieil homme était aveugle. L’odeur du thé que j’avais presque oublié m’arriva violemment aux narines. La nausée me submergea et je toussais pour garder une contenance. Le vieil homme but sans sourciller j’en profitais pour me jeter sur ma tasse sans la porter à mes lèvres, déglutir bruyamment et la reposer de manière ostentatoire sur la table.
    - ...alors ?
    J’en avais presque oublié ma diversion.
    - Oui, pardonnez moi, je buvais mon thé. Je parlais de cette estampe accrochée au mur.
    - Cette estampe est le joyau de mes bêtes !
    - Je ne comprends pas, il s’agit pas d’un Samouraï et d’une salamandre mais ce n’est ….

    Le vieil homme se releva brusquement, faisant basculer la chaise en arrière et à mon grand soulagement la table. Renversant ainsi tasse, théière, et leur contenu. Mon soulagement laissa vite place à l’effroi quand mes yeux se posèrent sur mon hôte. Ces traits étaient déformés par la rage et son regard vide planté dans le mien faisait vibrer mon sang jusqu’aux tréfonds de mon âme. Jamais je ne m’étais sentie si proche de la mort.

    - INCULTE ! PAUVRE FOU ! ABRUTI FINI ! SCOLOPENDRE ATROPHIE ! VIEILLE BOUSE DE YACK ! UNE SALAMANDRE ???? UNE SALAMANDRE????!!!!

    - Pardon je ne voulais pas…
    Ses yeux fous me fixaient toujours son souffle était celui d’un buffle en rut. Je dégluti bruyamment mais cette fois ci rien à voir avec le thé… j’étais mort de trouille. Il reprit un ton en dessous le regard froid et méprisant.
    - Je ne sais pas qui a guidé tes pas jusqu’ici mais tu ne peux être celui que j’attendais. N’importe quel trou du cul verrai que ce n’est pas une foutu salamandre mais un dragon ! Un samouraï et un dragon !
    Ce dragon est ma bête la plus précieuse. J’attends celui qui pourra déchiffrer les écrits en bas de l’estampe et réveiller enfin le dragon !

    Tentant de me rattraper j’osais une suggestion :
    - Et demander à un japonais de traduire les …
    - Tu as vraiment le cerveau d’un blaireau à la saison des amours ou c’est de la connerie revendiquée ?! Penses tu vraiment que je n’y ai jamais pensé ? Ce texte est vieux de centaines d’années et il semblerait qu’il ait été codé par le samouraï sur l’estampe. Son nom est clairement indiqué il s’appelle Musashi MIYAMOTO. Je dois entrer en relation avec son fantôme pour accomplir ma destinée!

    Je compris alors …

    - que mon interlocuteur était fou (prison, brume, nouilles)

    - ce qui m’avais amené jusqu’ici (cerisier, cartomancienne, scoubidou)

    - que ma fin était proche (katana, hululer, brouette)


    Et je passe la main à Sylvie pour me faire pardonner de l’avoir laisser sur le paillasson (sauf si elle ne veut pas participer). Désolée copine, contente de te voir rejoindre le groupe.




    sylviedoc

    Je compris alors ce qui m'avait amené jusqu'ici, cet endroit où je n'aurais sans doute jamais mis les pieds sans les injonctions de mes parents qui pour des raisons jusqu'à présent mystérieuses m'avaient fait promettre sur leur lit de mort d'effectuer un pèlerinage jusqu'à la maison des Bixton.

    Mais pour que vous aussi, lecteurs avides de révélations, puissiez comprendre, il me faut remonter le temps jusqu'à cette rencontre que je fis il y a quelques années, lors d'un voyage au Japon. C'était au mois de mai, alors que la fête des cerisiers battait son plein, et que la foule déferlait dans les jardins de Tokyo. Ayant légèrement abusé du saké, je m'appuyai contre le tronc d'un vieux cerisier lorsqu'une femme en kimono traditionnel m'approcha. Elle me débita un long discours auquel je ne compris mot, le japonais m'étant une langue totalement inconnue. Devant mon incompréhension manifeste, elle finit par s'énerver un peu et me tira avec insistance par la main. Comme j'étais éméché, je me laissais faire, me figurant naïvement que je lui avais tapé dans l'oeil et qu'elle m'amenait chez elle.

    J'étais bien loin du compte ! Elle me traîna péniblement jusqu'à une sorte de cabane au fond du parc, et me fit asseoir sur un siège tressé très inconfortable, j'avais l'impression d'être assis dans un scoubidou géant. En plus, la cabane était décorée, si l'on peut dire, de toutes sortes d'estampes assez laides représentant des créatures fantastiques et des guerriers moyen-âgeux. Où diable étais-je tombé ? La femme s'affairait à présent, préparant divers objets sur une table, dont certains me firent comprendre que j'avais affaire à une cartomancienne. En effet, elle me fit signe de retourner trois cartes de ce qui ressemblait à un jeu de tarot, mais avec des figures bien différentes de celles que je connaissais. Tout comme les estampes accrochées au mur, les lames figuraient des êtres fantasmagoriques ainsi que des lieux étranges.

    Je ne comprenais rien à son galimatias, elle s'obstinait à désigner alternativement les trois cartes retournées ainsi que la tache de naissance que je porte au cou, jacassant dans sa langue incompréhensible. Les cartes ne m'apprirent rien de plus, du moins à ce moment-là. L'une montrait un genre de gnome chavauchant un gigantesque serpent, la seconde une maison délabrée, et le troisième un ectoplasme.

    Comme les élucubrations de la femme commençaient à me flanquer la migraine, je finis par m'enfuir de la cabane, et retournais cuver mon saké à l'hôtel, où je m'endormis presque instantanément.

    Le lendemain...

    - je n'avais plus qu'un souvenir nébuleux ( bateau, exposition, plum-cake)

    - je la trouvais devant la porte de ma chambre (sorcellerie, rédhibitoire, caoutchouc)

    - bien décidé à tester la gastronomie japonaise avant mon départ (potée, nain de jardin, ondoyant)


    Je passe la main à Paul, qui me semble tout indiqué pour nous offrir la suite (la fin ?) de cette histoire de créatures bizarres !






    1001Vies

    ...je la trouvais devant la porte de ma chambre. Nue. Munie d'un sac avec pour seul motif un dragon ou une sorte de lézard orangé. Elle entra dans la pièce comme les feuilles qui valsent en automne. Délicatement elle me saisit par les poignets. Elle m'entraîna sur le lit où elle m'allongea avec ferveur, tout cela sans avoir prononcé un seul mot. J'étais tétanisé par sa beauté, la blancheur de son corps immaculée, une pâleur presque divine. Elle finit par m'attacher les mains et les chevilles avec une corde qu'elle avait ramenée dans ses affaires. Au moment où elle avait terminé d'user de ses talents dans des nœuds de toute sorte, elle se mit à califourchon sur moi et me fixa dans les yeux. Elle approcha sa bouche de la mienne délicatement mais bifurqua soudainement à l'entrée de mon oreille gauche. Je sentis sa main droite posée à plat sur mon cœur. Au même moment, elle me susurra ce mot : "Kokoro". Je me mis à rougir de plaisir devant tant de tendresse.

    Ensuite, elle opéra un demi-tour sur mon corps et dans un élan digne d'une danseuse de capoeira déposa tout son mont de vénus sur ma tête. Assise sur mon visage, je ne pouvais que respirer à plein nez son blaireau divin, la seule chose encore de couleur sur cette peau spectrale. Une odeur de miso bouilli, de viande avariée et de poireaux terreux s'empara de mes sens. J'eus un haut le cœur déplacé. J'aurais voulu m'excuser de mon geste mais je n'en eus pas le temps. Ses lèvres avait rejoint les miennes. Tout en contraste avec son pubis car celles-ci avaient le goût de mochi glacé à la fraise. Mon esprit était complètement troublé pendant les minutes qui suivirent. Mon nez soumis au blaireau de la mortelle senteur, ma bouche collée à ce dessert impérial. Des va et vient de plus en plus crémeux et odorants sur mon visage complètement barbouillé. De l'odeur repoussante… et de ma bouche collée tel le caoutchouc sur son sexe émanait des sons inédits dans cette scène de sensualité bestiale. J'éructais, toussais et avais de sacrés hauts de cœur entre deux gémissements de plaisir. Nos voisins de chambres auraient pu croire à l'égorgement d’une chatte en chaleur.
    Yaena le 19 octobre 2023
    Malgré tout ce mélange visqueux et contrasté, d'un premier abord rédhibitoire, je jouis. Je jouis comme seuls les dieux sont capables de jouir. Avec toute la puissance de plusieurs hommes. Elle, avait joui comme seules les femmes japonaises savent le faire, avec une jolie pudeur. Mon corps tremblait encore quand je la vis sauter du lit et prendre dans son sac un poisson aux écailles d'argent. Elle me regarda avec un grand sourire et s'approcha de mon anus avec un rictus effrayant. J'avais peur de ce qui allait arriver car je n'avais aucune échappatoire et je savais que cela allait arriver. J'en étais aussi sûr que l'orgasme juste avant était probablement le plus bel orgasme de ma vie. Elle approcha le poisson mort doucement sur mon orifice. Je sentis la froideur du poisson sur celui-ci. Mon périnée se contracta dans un pur réflexe de protection. Elle me regarda droit dans les yeux une dernière fois avant de crier : "Ie !" et m'enfonça le poisson en un éclair.

    J'hurlai et pleurai…Et j'hurlai encore quinze minutes après, quand il n'y avait plus que tout l'hôtel dans ma chambre à me regarder gesticuler dans tous les sens. La cartomancienne était partie. Les larmes sur mes joues coulaient encore. Je ne sentais plus le poisson à l'intérieur de moi. D'ailleurs, je ne le revis jamais. Trois jours plus tard, il n'était toujours pas sorti. Cinq jours plus tard, la radiographie de mes intestins ne montrait aucun animal flottant dans les tuyaux de mon corps, ce qui était plutôt rassurant. Je me suis dit alors que j'avais été victime de sorcellerie, que c’était la déesse du vice en personne qui m’avait rendu visite ce jour-là.
    Et puis, le lézard ou le dragon peut-être, « ie » dont j’appris plus tard la signification de « maison »…
    Et les cartes.

    Tout cela m’avait peut-être mis sur la voie de quelque chose, un chemin dont je ne saisissais pas encore le but.





    « Mais oui, un dragon ! » (hermaphrodite, gnome (le retour), éperluette)



    « Avez-vous déjà eu un poisson dans le cul ? » (samouraï, astérisque, wasabi)



    « Connaissez-vous une cartomancienne aussi pâle que la lune ? » (pénétrant, « yo soy un ninja », lotus)





    Je passe la main à Gaby !



    Gabylarvaire

    « Avez-vous déjà eu un poisson dans le cul ? » Demandais-je à Horace après avoir narré mes myriades de souvenirs lubriques lié au Japon.

    Mais le vieil aveugle semblait navré et déçu. Il passa sa main tachetée sur son visage et me postillonna : « Peut-on revenir à mon estampe ou t’as encore des trucs de cul à me raconter ?

    - Ah oui pardon, Musashi Miyamoto et sa salamandre donc…

    - SON DRAGON !!

    - Pardon ! sursautais-je ! Son dragon oui…

    - Je dois entrer en relation avec le fantôme du Samouraï pour décoder le message de l’estampe. J’ai fait venir une voyante pour appeler son fantôme.

    - Elle arrive quand ?

    - Elle est déjà là, elle était au toilette. Constipation chronique lié à une rose éternelle coincée dans son rectum.

    - Wouah encore une histoire de rectum, ce n’est peut-être pas une coïncidence avec mon vécu au Japon ?»

    C’est alors qu’une magnifique créature fit son entrée. Elle illuminait cette sombre pièce d’animaux cannés, avec ses grands yeux verts et sa chevelure de feu. Elle portait une robe très moulante en velours noire avec un décolleté très plongeant. Tellement plongeant que j’aurais pu m’y étouffer avec plaisir.

    Mais pourquoi m’étais-je rendu dans la maison de Bixton ? J’oubliais mes premières motivations mais assister à cette séance de spiritisme au côté de cette bombe impétueuse et de ce vieil aveugle aigri m’enthousiasmait. Tandis qu’Horace dégageait la table ronde à trois pieds qui était recouverte d’hamsters empaillés, je cherchais des bougies dans les vieux tiroirs récalcitrants et poussiéreux. La belle dame sortie une nappe noire et recouvra la table désencombrée. Nous nous installâmes sur des chaises cirées et tandis que le silence s’emparait du moindre mouvement jusqu’à la dernière mouche désireuse de bienséance, la belle voyante émit d’étranges vocalises pour appeler Musashi Miyamoto.

    L’air devint soudainement froid à vous rétrécir les gonades. De la buée sortait de certains de nos orifices.

    « Oh yeah… »

    La voix provenait du renard empaillé. L’aveugle excité, s’exclama : « Pas étonnant que nous sentions tant l’odeur du renard puisque c’est une porte vers le monde céleste !! »

    La voyante ouvrit les yeux et nous mis tout de suite en garde : « Attention, ce n’est pas Miyamoto ! Qui êtes-vous ? gronda la bombe rousse aux gros nibards, pardon la volcanique rousse aux formes généreuses.

    - Je suis Elvis Presley, oh yeah…

    - Elvis !! Nous n’avons pas besoin de te parler ! s’écria la voyante.

    - Mais pourquoi m’avez-vous appelé, oh yeah…

    - Non, nous avons appelé le samouraï Musashi Miyamoto, qui doit nous aider à déchiffrer le code sur une estampe où il se joint à un dragon. Il y a un astérisque à côté d’un mot et nous souhaiterions en savoir davantage…

    - Un dragon oh yeah…Je ne connais pas de dragon oh yeah…

    - Elvis va-t-en ! Nous cherchons Musashi Miyamoto

    - Il ne veut pas vous parler oh yeah…

    - Ah bon mais pourquoi ?

    - Il mange des sushis avec de la sauce wasabi, il n’aime pas qu’on le dérange pendant son repas oh yeah…

    - Elvis, comment connais-tu Musashi Miyamoto ?

    - Tout le monde se connaît ici oh yeah.

    - Tout le monde se connaît au Paradis ?

    - Non, nous sommes dans un sushi bar oh yeah.

    - Au Paradis ?

    - Non sur Terre oh yeah

    - Mais vous êtes morts !

    - Je ne vois pas le rapport oh yeah… »



    Le vieux exaspéré, projeta le renard empaillé contre le miroir : « Cela devient n’importe quoi cette histoire !!! Et vous qu’est-ce qui vous a fait venir dans la maison de Bixton ? Même un aveugle voit très bien votre air complètement con !!

    - Oh doucement monsieur, je ne vous permets plus de m’insulter de la sorte ! Et puis, c’est quoi votre problème ? Y a Elvis Presley qui nous parle à travers un renard empaillé ? Mais un truc pareille ça n’arrive qu’une fois tous les dix ans !!

    - En fait cela n’arrive que si nous sommes au moins deux à cette tablée à posséder quelque chose dans notre rectum, intervint la bombasse à la chevelure de feu.

    - Mais la radiographie de mon rectum a montré aucune trace du poisson !

    - C’est peut-être un poisson fantôme, m’annonça gravement la voyante.

    - Vous voulez dire que j’ai un poisson fantôme dans le côlon et c’est ce qui explique que je peux communiquer avec Elvis Presley à travers un renard empaillé ?

    - Exactement car posséder un être dans son rectum ouvre nos chakras à l’indicible, d’autant plus si c’est un être à énergie pure comme l’âme d’un poisson. Et avec ma rose éternelle dans le rectum, nous sommes à nous deux très disposés à communiquer avec le monde céleste. D’autant que cette pièce est recouverte de portes vers l’ineffable… »

    J’étais abasourdie par cette révélation dantesque.

    Mais le vieil acariâtre d’Horace coupa toute cette sublime alchimie avec ses petits problèmes égocentriques : « Tout ceci ne me permet pas de déchiffrer le code de mon estampe !!!

    - Mais c’est quoi votre problème Horace ? Pourquoi voulez-vous tant déchiffrer ce code ?

    - Mais ce code nous mènerait probablement à la preuve que les dragons ont existé !! Une preuve d’ADN dans un lieu secret et caché ! s’écria Horace. Et d’abord qui êtes-vous ? Et pourquoi vous êtes rentrés chez moi ?

    - Je suis…



    … le vendeur de paille (hasard, quête, constellation)

    … votre costumier (Célèbrer, pulpeuse, Kateshi Kitano)

    … votre apprenti (Côlon, frelater, poisson)





    Et je laisse la main à Sonia qui est très motivée par des histoires de poisson dans le fion d’après de sources sûres.
    Yaena le 19 octobre 2023
    indimoon

    ...Votre costumier dis-je avec le plus grand sérieux, tachant de garder assez d'aplomb, et de conviction pour ne pas me faire chasser à grands coups d'ailes de poisson volant dans la face (j'avais assez de celui que j'avais pris dans le fion, j'ai développé une petite phobie, tout de même, depuis).
    Sentant de suite l'impatience du vieux, un éclair mauvais dans ses yeux mornes, je m'accrochais au regard amusé de Miranda (oui, une telle beauté rousse et pulpeuse doit avoir un prénom de ce genre,j'espère le connaître très prochainement, j'adore, décidément les tireuses de cartes, elles sont si ... surprenantes et incroyablement sensuelles...bon hélas, il va être temps de refermer la parenthèse), avant de poursuivre, cérémonieusement :
    - Votre maison intéresse l'honorable réalisateur japonais Kateshi Kitano, il va en faire un film extraordinaire, l'écriture est en cours. Si vous acceptez de collaborer avec notre équipe, il sera en mesure de vous révéler le secret de votre estampe. Il est même décidé à vous proposer de jouer votre propre rôle, moyennant très bon salaire dis-je plus bas pour ne pas risquer de le braquer. D'où ma présence chez vous. Nous allons célébrer cette incroyable aventure!
    Le vieux me scrutait d'un air indéfini, avec un léger filet de bave qui recommançait à poindre. J'adressais une oeillade à Miranda, à demi inquiet de la santé du vieux, son coeur était-il en train de lâcher? Ou il faisait un anévrisme? Fallait-il lui apporter un thé odorant pour nous sortir de cette torpeur? Alors que Miranda me rendait mon sourire, qu'elle avait de très beau, je bondis de ma chaise. Le vieux riait à s'en déccrocher la machoire, à faire vriller ses deux frêles jambes, il en pleurait.
    - Nom d'un blaireau à la saison des amours, on a vraiment tiré le gros lot! il riait tant qu'il s'en asphixiait poussant des grognements semblables à un sangllier à la recherche d'une truffe. Un costumier...qui ose parler...et me proposer...au nom de l'honorable Takeshi Kitano. Il était par terre, se tenait les côtes, je ne voyais plus que ses deux énormes dents encores présentes dans sa bouche qui tréssautaient. Et...qui..ne connait même pas...pas vraiment on va dire...Le nom du réalisateur!!...Il hocqueta, saisit frénétiquement sa poitrine, côté gauche. Son rictus de rire devint rictus de souffrance intense qui n'eut pas le temps de céder la place à de la détresse. Horace était mort de rire sous nos yeuux effarés. De sa bouche s'échappa une fumée blanche opaque, qui prit peu à peu forme, nous crûmes reconnaître un renard. Au même instant le renard empaillé à l'haleine de chacal tomba en poussière. La porte céleste venait de se refermer à jamais.

    Je quittai à regret ma belle Miranda et m'en retournai voir l'honorable Kateshi Kitano penaud, au sushi bar "oh yeah". Il se goinfrait de sushis, avec Elvis. Le visage constellé de grains de riz, il râla, la bouche pleine:
    -Musashi, t'aurait pu faire un effort pour causer à Horace avant qu'il ne soit plus là quand même!
    Ce à quoi mr Miyamoto répondit d'une voix sourde, depuis le hamac au fond du bar sur lequel il faisait la sieste:
    - C'est de ta faute, Horace ne savait pas que Takeshi avait un cousin nommé Kateshi, et il en est mort.
    Je vis jaillir du hamac le sabre long scintillant de mr Miyamoto, il le planta au sol, et s'en servit pour s'extraire à grande peine du hamac. C'est sûr qu'à 148 ans sortir d'un hamac est tout de même un exercice de torsion compliqué. Quand il se fut enfin dépétré du tissu épais, il s'appuya sur son sabre, qui lui servait aussi de cane et vint doucement vers moi, posant sa main fripée sur mon épaule:
    -Petit, à la tache dans le cou, et au poisson fantôme dans le fion....



    -"il va falloir y retourner" (caramel, éructer, fête forraine)

    -"c'est toi le succésseur" (défaillance, thé, Gainsbourg)

    -"Miranda m'a parlé de toi" (charmeur, torride, ancestral)



    Je sais que tu trépignes AnnaCan , tu as vu j'ai essayé de déblayer le terrain pour que tu repartes sur un truc beaucoup plus réaliste et clair, surtout. J'ai essayé quoi. tu n'as plus que la petite touche finale à apporter en somme. 3 fois rien.



    AnnaCan

    … Il va falloir y retourner »

    Franchement, je n’étais pas si désireux que cela de retourner chez le vieux Bixton. L’idée de revoir son cadavre et, par-dessus tout, l’affreux rictus déformant son visage, sans même parler de ses yeux morts, me révulsait, mais… mais il y avait la perspective de retrouver la rousse et plantureuse Miranda. Je me mis donc en route.

    J’avais parcouru cette route dans un état second quelques heures plus tôt. Sans doute est-ce la raison pour laquelle je la trouvai si différente du nébuleux souvenir que j’en avais conservé. C’était bien la route qui menait chez Horace Bixton, de cela j’étais certain. Et pourtant, c’était comme si je la découvrais pour la première fois. Elle était trouée de nids de poule et inexplicablement déserte. Je n’avais pas de montre, mais je savais, à la position du soleil dérivant lentement vers l’Ouest, qu’il était environ seize heures. Or, à cette heure-ci d’ordinaire, il y a pas mal de traffic. Je marchai sur le bas-côté à gauche de la route, de façon à voir les véhicules arriver. Précaution parfaitement inutile car, aussi longtemps que dura ma marche — une cinquantaine de minutes — je ne croisai aucun véhicule.

    Troublé, je parvins enfin en vue de la maison des Bixton. Au moment où ma main agrippait le portail en bois, vermoulu, usé par des décennies d’intempéries, je m’arrêtai net, en proie à un étrange malaise. Les événements de la journée me revinrent en mémoire, le renard pestilentiel étrangement tombé en poussière au moment même où Horace s’écroulait raide mort (de rire), la voix nasillarde d’Elvis Presley nous narguant depuis son bar à Sushi, mon prétendu poisson fantôme dans le cul, Miranda… tout cela tournoyait devant mes yeux. J’avais l’impression d’être assis dans l’un de ces manèges de fête foraine qui me donnaient le vertige et la nausée quand j’étais gosse. J’agrippai fermement le portail pour ne pas tomber. Une écharde se détacha du vieux bois et vint se loger sous l’ongle de mon index. C’est alors que je compris l’origine de mon malaise. Le portail. Je connaissais très bien le portail des Bixton. Je le connaissais depuis l’enfance. C’était un de ces portails faussement rustiques en vulgaire plastique qui avaient fleuri dans la région dans les années 90, remplaçant progressivement les lourds portails en bois d’autrefois. Comme celui qui se dressait à présent devant moi.

    De plus en plus troublé, je m’engageai dans la cour. Jetant un oeil prudent à droite à gauche telle une bête aux aguets, je tentai de me remémorer la cour telle que je la connaissais. À première vue, elle me paraissait conforme à mon souvenir. Il y avait un appentis adossé à l’arrière de la maison où je savais que le vieux rangeait sa guimbarde, une Chevrolet C10 dont la couleur au fil du temps avait pris des teintes de caramel rance. Je n’eus pas le courage de faire le tour de la maison pour vérifier. Je crois, qu’à ce stade, j’avais déjà compris ce que je découvrirais.

    J’entrai directement dans la maison. Je ne fus pas autrement surpris de n’y trouver ni le cadavre d’Horace (à mon grand soulagement), ni la sulfureuse Miranda (à mon grand regret). Les animaux empaillés avaient presque tous disparu. Seuls trois andouillers et une tête de sanglier ornaient les murs, derniers vestiges d’un monde disparu ou non encore advenu. L’estampe de ce maudit samouraï, qui, je le comprenais à présent, était à l’origine de cet étrange revers du temps, était accrochée à sa place. La pièce dans laquelle je me tenais, celle qu’Horace avait transformée en atelier et dans laquelle il créait, à partir d’animaux morts, l’illusion de la vie, était dépouillée à l’extrême. Une lourde table en bois, quatre chaises cannelées, un buffet, un poêle à bois.


    Soudain, un antique transistor dont je n’avais pas remarqué la présence se mit à éructer :

    « Une haleine de blaireau mort le matin au réveil ? Pas d’inquiétude ! Avec Ubik, retrouvez une haleine fraîche et mentholée. Sans danger si le mode d’emploi est respecté. »

    Je m’approchai du transistor. C’était un modèle que je n’avais jamais vu, sauf peut-être dans un de ces films que mes parents aimaient regarder quand j’étais petit. J’étais incapable de le situer dans le temps. Années 50, années 40, années 30? La tête me tournait de nouveau, je fis un pas chancelant en direction de la table avec la vague intention de m’affaler sur l’une des chaises. Alors que je passai devant l’estampe, mon regard fut frappé par quelque chose. Je me souvenais de la signature en bas à droite qu’Horace m’avait désignée comme étant celle du mystérieux samouraï, Musashi MIYAMOTO. Je scrutai attentivement la signature. Musashi Miyamoto avait disparu, remplacé par Horace BIXTON.

    Stupéfait, je déchiffrai l’inscription en minuscules caractères juste en-dessous :

    "Ouvre la gueule du renard pour y chercher de l’or.

    Je suis vivant et tu es mort."


    Fin.

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