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Expert Turquie

Cet insigne distingue les lecteurs qui à travers les textes d'Orhan Pamuk ou d'Elif Safak aiment explorer ce pays partagé entre Orient et Occident.
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Istanbul

Dans un domaine encombré, celui des récits de voyage sur Istanbul, j'ai beaucoup apprécié celui de Daniel Rondeau. Le livre possède un charme assez puissant à l'image de la ville qu'il décrit. On n'oubliera pas ces hommes taiseux fumant cigarette sur cigarette et occupés toute la journée à pécher que l'on a en effet croisé à Istanbul. Ce livre est tout à la fois une exploration désordonnée de la ville, une réflexion littéraire et historique assez passionnante qui témoigne d'une belle érudition, mais que je n'ai jamais trouvé ennuyeuse. Nous sommes ici en belle compagnie, avec la grand photographe Ara Güler, Loti et beaucoup d'autres. Il m'a semblé que ce livre court disait beaucoup de la ville. Daniel Rondeau y témoigne d'une curiosité remarquable et d'un intérêt constant pour les pierres mais surtout pour les gens, parfois hauts en couleurs.

Sa construction se révèle très intéressante et son écriture, par petits paragraphes passant sans relâche de l'anecdote vécue à de multiples références puisées dans la vaste culture de l'auteur, m'a vraiment beaucoup plu.

Un récit de voyage remarquable et j'inclus Daniel Rondeau, écrivain atypique à mon Panthéon sur ce plan en belle compagnie : Claudio Magris, Bill Bryson, François-Henri Désérable, parmi d'autres !
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Un thé à Istanbul

Deuxième critique : à propos de Gabriel Matzneff

J'avais récemment publié une critique élogieuse de ce livre. Je le fais aujourd'hui dans un tout autre esprit. En effet, il y a peu j'ai eu l'occasion de voir le film le Consentement tiré du livre de Vanessa Springora. Un film éprouvant qui m'a rappelé les horreurs commises par Matzneff, prédation sexuelle sur des adolescentes mais aussi de petits garçons aux Philippines et qui constituent souvent le cœur de ses ouvrages. Le film rappelle les passe-droit qui permirent à Matzneff d'échapper à la justice, et de vivre dans une certaine opulence alors même que ses livres ne se vendaient guère. Mais il est vrai que Pivot, Mitterrand ou ses éditeurs plaçaient son style bien au-dessus de la morale traditionnelle. Au nom de ses qualités littéraires, il avait en quelque sorte tous les droits. Assez terrifiant. Un bel imparfait du subjonctif peut-il faire oublier des actes de viol ?

Et puis je me suis rappelé, (cela m'avait un peu frappé mais j'avais sans doute préféré le refouler), que Sébastien de Courtois cite Matzneff (j'ai revérifié : p 49 dans l'édition de poche, extraite du livre Comme le feu mêlé d'aromates). Jolie phrase par ailleurs, mais je me suis demandé ce que Sébastien de Courtois, écrivant cela en 2014 (et non en 1990 par exemple) voulait faire ici. Il m'a semblé, et il me semble encore, que le message est le suivant : moi aussi Sébastien de Courtois j'appartiens à la race des esthètes au-dessus de la morale traditionnelle qui place le style au-dessus de tout et au-dessus de notre morale traditionnelle et bourgeoise. Et ce faisant cela participe (mais dans une période différente de cette de la publication des œuvres de Matzneff) à ce discours contribuant à l'impunité du prédateur publié par Gallimard. Je ne suis pas du tout un ayatollah de la censure et je pense que le contexte est très important. Dostoïevski fut un horrible antisémite mais il a écrit ses horreurs longtemps avant la Shoah. Gide avait des pratiques proches de celles de Matzneff peut-être, mais les lois étaient différentes et il fut parallèlement d'une clairvoyance sidérante face au colonialisme et aux totalitarismes, et il n'a pas fait de sa prédation sexuelle le cœur de son œuvre.

Mon édition du Thé à Istanbul date de 2017, et il me semble qu'en auteur avisé il aurait été possible de changer ce passage pour ne pas donner l'impression que la littérature avait tous les droits, y compris de cautionner l'horreur. Je regrette d'autant plus que j'ai aimé ce livre. Mais j'aimais aussi Pivot et voir certains passages d'Apostrophe aujourd'hui provoque un certain malaise. C'est ainsi.

( Ci-dessous toutefois mon ancienne chronique :

J'ai beaucoup aimé ce récit de voyage consacré à Istanbul qui permet une approche littéraire et élégante de cette ville passionnante.

C'est très bien écrit, vraiment plaisant à lire et Sébastien de Courtois, fin connaisseur semble-t-il, parle de ses amis turcs, décrit la ville, s'appuie sur les récits littéraires, sur Orhan Pamuk. On se ballade ainsi parmi les églises byzantines, dans des quartiers touristiques ou pas du tout, et le livre est idéal pour approcher la ville avant un voyage, ou bien pour approfondir son voyage et réfléchir sur ce que l'on vient de voir.

le titre est élégant, et on a ainsi l'impression en plaisante compagnie de boire un thé (ou un çai !), mais le sous-titre est bien le récit d'une ville et c'est bien de la confrontation entre l'image fantasmée d'une ville très souvent décrite et la réalité d'une métropole bien plus complexe et bien moins lisse que se nourrit le livre.

Passionnant, relativement court, mais pas très écolo, car 'sauf si vous prenez l'Orient-Express) vous n'êtes pas à l'abri de prendre l'avion pas très longtemps après la lecture de ce livre, direction le Bosphore !
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