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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Rappel des faits : Pierre Abélard, à l'approche de la quarantaine, est un éminent philosophe du début du douzième siècle ; il est surtout connu pour son travail sur le mystère de la Trinité, car bien entendu, à cette époque, toute philosophie n'est étudiée que pour ses conséquences théologiques. Il est également chanoine et enseignant. Une de ses étudiantes se nomme Héloïse ; élevée par un oncle, elle passe déjà, à dix-huit ans, pour une jeune fille très sage et très savante. Pierre, amoureux, la séduit. Elle tombe enceinte. Lui, pour calmer la fureur de l'oncle, décide d'épouser Héloïse bien que cela soit interdit aux clercs depuis une cinquantaine d'années. L'oncle perfide dévoile ce mariage qui devait rester secret, alors Pierre demande à Héloïse de se retirer dans un couvent et celle-ci accepte pour sauvegarder la réputation de son époux ; l'oncle, en rage, organise une expédition punitive contre Abélard et lui coupe les parties qui servent à la luxure. Pierre Abélard devient moine et Héloïse nonne. Ainsi naquit la plus glorieuse et tragique histoire d'amour de l'époque romane. Une histoire qui en son temps a fait grand bruit, sûrement à cause de ses ingrédients (célébrité, passion, trahison, châtiment, tout y est déjà).
Suit un silence de plus de dix ans entre les deux amants. Puis Abélard écrit une lettre à un ami où il raconte les calamités de sa vie. Héloïse a l'occasion de lire cette lettre ; alors commence la correspondance qui nous est parvenue. Et dans les premières lettres qu'adresse Héloïse à son époux on peut constater que son amour à elle n'a rien perdu de son feu : des lettres languissantes, passionnées, où se mélangent abandon et reproches. Abélard se montre plus froid, plus docte et plus avancé dans la religion. Il a déjà retranché la concupiscence de l'idée qu'il se fait de l'amour (et pour cause ! la providence lui a plutôt retranchée). L'amour d'Héloïse est encore empreint de volupté. Abélard est son tout, elle s'est entièrement vouée à lui et elle est prête, dit-elle, à le suivre jusqu'en enfer. Abélard tente de calmer cette passion et de tourner cet amour terrestre vers un amour en Jésus-Christ. Et d'ailleurs, on peut penser qu'il y arrive assez bien puisque la dernière lettre d'Héloïse est exempte de toute considération personnelle et elle se contente de demander à Abélard une règle de vie pour elle et sa communauté, ainsi que des réponses sur des questions théologiques. Plus de la moitié de cette correspondance est faite de citations et de commentaires bibliques sur la place des femmes dans l'évangile, la chasteté, la solitude et la vie monastique en général.
Mis à part cette dernière partie, très longue et plus spécifique, les quatre premières lettres sont sublimes : pleines de confessions douloureuses, de culpabilité, d'humilité et d'amour. On comprend l'influence qu'a pu avoir la correspondance d'Héloïse et Abélard pendant cette période de grande création littéraire que fut le douzième siècle et qui a redéfini l'Amour pour quelques siècles.
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