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Critique de Shenandoah


Le dernier tome d'une trilogie de fantasy est généralement celui de la bataille finale, qui voit nos héros accomplir leur destinée et triompher du mal. Mais ici, avec Abercrombie aux manettes, il est assez évident que rien ne se déroulera comme on pourrait s'y attendre.

En effet, cette conclusion est, sans surprise et pour le plus grand plaisir du lecteur, tout à fait dans le ton des deux tomes précédents. Si nous avons droit à une bataille, ou plutôt des batailles finales, le souffle épique à la Seigneur des Anneaux n'y a pas sa place, et les actes vraiment héroïques y sont absents ou traités comme de la pure inconscience.

J'avoue avoir eu un peu peur lorsque j'ai vu que ces batailles finales démarraient très tôt dans le livre et promettaient donc d'être très longues. Et elles sont en effet très longues, mais extrêmement bien rythmées, et les changements de points de vue ou de champ de bataille rendent le tout très dynamique et jamais ennuyeux.

A nouveau, l'auteur joue avec nos attentes pour nous offrir de mémorables retournements de situation. de la révélation d'un héritier caché au mariage de la demoiselle en détresse (ou plus ou moins en détresse), tout est fait pour surprendre tout en restant complètement logique. Absolument rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît, et c'est un pur délice de se laisser emporter par l'histoire tout en cherchant à deviner de quelle manière inattendue elle va se terminer.

A ce titre, la fin est un chef-d'oeuvre de cynisme et d'humour noir. On se serait douté que l'auteur n'était pas un adepte du happy end, mais atteindre un tel niveau confère au génie. Les personnages qui pensent avoir une fin heureuse ignorent que des manigances se déroulent derrière leur dos pour le leur faire croire, tandis que d'autres sont très heureux d'avoir une fin qui semble déprimante au lecteur. On pourrait presque dire que seuls les "mauvais" s'en sortent vraiment bien, mais dans ce monde en nuances de gris, il est difficile de dire qui sont vraiment les méchants...

Quoi qu'il en soit, cette conclusion laisse un goût d'injustice et de gâchis, en particulier celle de Logen, mais est en même temps très enthousiasmante pour les portes qu'elle laisse ouvertes et le plaisir d'avoir été surpris jusqu'à la dernière ligne.

Je ne vais pas m'étendre davantage, mais vous encourager à découvrir cet univers dense et fouillé, dans lequel se déroulent presque tous les romans de l'auteur parus à ce jour, et surtout ses personnages improbables et mémorables (je lirais sans problème un livre entier centré sur Glotka...).

Si le premier tome ne m'avait pas entièrement convaincue, on voit au fil de cette trilogie qu'Abercrombie prend ses aises dans son monde jusqu'à trouver le ton qui sera sa marque de fabrique, juste mélange entre la noirceur et l'humour. J'ai vraiment hâte de relire Servir Froid et de découvrir le reste de l'oeuvre de cet auteur que j'apprécie de plus en plus.

Challenge Pavés 2014-2015
Challenge Variétés 2015
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