Seul

A quoi bon sert-il d'être meilleur qu'un autre, c'est déjà tellement difficile d'être meilleur que soi-même.

25 août - J'ai connu ces trous intérieurs, ces phases de découragement. Le moral qui vacille, qui bascule dans des pensées négatives. Certaines fois, j'en ai pleuré de lassitude, de dégoût. Impression de faire quelque chose de dérisoire. D'habitude, je suis plutôt du genre à traiter légèrement les choses graves, mais, en sortant de ces heures de cauchemar, sachant parfaitement que les jours, les semaines à venir seront encore plus atroces, j'ai pensé : « Et si tout ça ne servait à rien? Et si je n'étais qu'un pitre au milieu de l'océan, comme il en existe bien d'autres sur terre, tel enfin que je serai moi-même demain, alors à quoi bon cette rage de survivre ?... »

1277 - [Presses Pocket n° 2982, p. 102]

Le simple fait d'oser, même sans réussir, peut avoir des conséquences positives.

Cette peur, je la connais bien, je l'avoue sans honte, elle m'accompagne, comme une ombre, toujours présente, latente, aux heures de répits, menant un long travail de sape, se tenant à l'affût des moments difficiles, prête à prendre le pouvoir à la moindre défaillance. Elle ne loge pas comme les autres sentiments dans la tête ou dans le cœur, elle s'installe dans le ventre.

3 septembre : J'aurais tendance à dire : « Au lieu de vous demander pourquoi vous le faites, ce que cela peut vous apporter, ou ce que vous auriez perdu à ne pas le faire : faites-le, c'est déjà pas mal ! » Si réponses il doit y avoir, elles viendront. Pour moi, la réflexion naît de l'action. Je ne suis pas de ces philosophes en chambre qui développant une idée en s'appuyant sur des constatations puisées dans la société qui les entoure ou dans les théories de leurs confrères. Non. Il me faut des travaux pratiques, même si je dois redécouvrir l'eau tiède. Toujours ce fichu besoin d'indépendance !

1303 - [Presses-Pocket n° 2982, p.115]