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Critique de raton-liseur


Armen, La Pierre, un des phares les plus mythiques des côtes bretonnes, dressé seul aux avant-postes de l'océan sur un caillou au large de l'île de Sein. Jean-Pierre Abraham y a été gardien de phare et c'est cette expérience qui nourrit ce roman, qui prend la forme du journal d'un gardien de phare étalé sur cinq mois (mais dont on n'a que les parties écrites pendant ses factions au phare).
Je pensais lire un livre de mer, j'ai trouvé un livre sur l'isolement et la solitude. Certes, le vent et ses coups de boutoir, la mer et ses vagues impérieuses sont là, mais ce sont la solitude et le repli sur soi qui dominent ce livre. Et surtout, c'est l'attention portée à la lumière qui l'habite. Certes, dans un phare, la lumière est importante, mais ici, ce n'est pas seulement la lumière aveuglante des lentilles de Fresnel qui parcourt ces lignes, c'est un jeu de lumières constant, des reflets sur les cuivres de la rampe d'escalier, les tons des bois lustrés. L'entretien tient une grande place dans ce roman, et le gardien de phare qui partage ses carnets vit cet entretien incessant comme la manière de faire revivre les éclats et les reflets à chacune des marches, dans chaque recoin, du phare. Entre ces temps de cirage ou de décapage qui sont une activité mécanique mais envoûtante, l'âme s'échappe dans des élucubrations douloureuses dont ce récit ne donnera pas la clef. Atmosphère étouffante, mais plus par la personnalité de celui qui écrit que par l'enfermement dans ce phare, sentiment d'une catastrophe éminente (j'ai cru, dans les premières pages que je commençais un livre à suspens, voire d'horreur, mais il n'en est rien).
En définitive, un court roman que j'aurais du mal à classer ou étiqueter. Peut-être la clef est-elle dans les deux livres que le gardien amène dans chacune de ses gardes, l'un sur les Cisterciens qui évoque l'isolement dans un lieu mais aussi en soi et l'autre sur la peinture de Vermeer, grand peintre de la lumière. Je ne sais dans quelle mesure ce récit est autobiographique, et j'ai l'impression désagréable qu'il me manque les clefs pour comprendre le propos de l'auteur. Toujours aussi imperméable à la poésie des non-dits, j'ai eu la sensation de passer à côté de ce livre, mais d'autres lecteurs plus férus de ce type de littérature pourront mieux l'apprécier que moi.
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