Citations sur S. (11)
La peur est chose puissante, dit Stenfalk. Elle rend malléables les forts.
« Si Straka est mort », ont déclaré certains, « alors où est son corps ? » Quelle importance ? Si ses restes sont enterrés quelque part, ils sont alors devenus partie intégrante de la terre dans sa globalité. S’ils sont dans l’eau, ils remplissent les océans et pleuvent de nos nuages. S’ils sont dans l’air, nous les respirons aussi surement que nous puisons le souffle de vie dans ses romans. V.M. Straka n’était pas uniquement un conteur, il était une histoire. Et une histoire se révèle endurante, protéiforme, éternelle.
C'est marrant, quand j'étais au lycée, j'ai complètement disparu du cahier d'appel.
- Tu faisais partie de ces gamins qui sèchent tout le temps les cours?
- Non, j'étais présent, c'était comme si l'idée n'avait effleuré personne de me marquer présent. Mon existence était seulement administrative. (Ok, je suis au second plan sur une photo de classe - le dos tourné, flou, avec les cheveux en épis très VMS.)
- Et ça te tracassait? Qu'on t'oublie?
- Une fois, je me suis aperçu qu'on ne me remarquait pas, et ça m'a semblé bien plus marrant de continuer comme ça.
Peut-on jamais amener un autre à comprendre pleinement les choix qui sont les vôtres?
Tout écrivain doit selon moi défendre son récit, absolument et à jamais. Autoriser des altérations ou des perversions de l'oeuvre est impensable. Il n'a jamais été aussi évident pour moi que nul, en dehors de l'auteur, ne peut comprendre ce qu'est son histoire ou ce qu'elle exige en tant que récit.
C'est vraiment super que les mots puissent rester les mêmes alors que leur signification change.
-> C'est parce que les lecteurs changent
Exactement.
Les faits de sa vie n'ont pas plus d'importance que les documents depuis oubliés où ils sont inscrits à l'encre. Et les souvenirs ? Le sentiment d'appartenir à une famille, les impressions de l'enfance, les épiphanies mineures et les chagrins d'un adolescent pour qui le monde réel commence à se réduire à un effort de concentration, alors qu'il passe des jours et des jours à remplir de poudre des douilles de cuivre ? [...] Il n'est peut-être pas capable de posséder ces instants-là, mais ils sont autour de lui, avec parfois une présence lumineuse. Il voit les étoiles ; il n'a plus besoin des constellations.
Nous nous croyons si bien protégés, dotés d'une si nette définition et d'une individuation si probe, alors qu'il suffit de si peu de choses pour nous ouvrir, nous vider nous-mêmes, nous injecter un corps étranger et toxique.
"Une personne est ni plus ni moins que l'histoire de ses actes et passions"
V. M. Straka
Coriolis
Plutôt être damné que d'accepter de se retrouver assis, la mâchoire tombante et l’œil vide, par lui même réduit au silence pour le plus grand plaisir d'une pleine cabine de monstre qui ont décidé qu'il ferait partie des leurs.