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Critique de berni_29


Si vous aimez Saint-Malo comme moi, vous serez servi. Si vous aimez les histoires romantiques, pareillement. Qui plus est, c'est une histoire romantique qui se passe à Saint-Malo...
J'aime Olivier Adam pour sa manière d'effleurer les personnages de ses romans, les dessiner, les faire nous ressembler.
Sarah, la femme de Paul Anderen vient de le quitter. Elle a disparu comme cela, du jour au lendemain, sans crier gare. Paul demeure avec ses deux très jeunes enfants, Clément et Manon. Cela fait déjà un an qu'elle a disparu. On ne sait rien de sa disparation. C'est comme une énigme insoluble.
Il revient avec ses deux enfants à Saint-Malo qui est la ville de son enfance. Revenir à l'enfance, faire ce voyage en arrière, quelque chose qui peut le délivrer du poids de la douleur et du chagrin.
Cette disparition au coeur du récit crée au début de l'histoire un vide sidéral dans la vie de Paul. Et puis le vide se referme peu à peu sur les gestes d'un père qui apprivoise une autre vie recommencée.
Je me souviens d'avoir lu ce roman touchant au moment où je vivais quelque chose de presque semblable, du moins une séparation... Mais une séparation, c'est aussi une disparition de quelque chose.
Comme Paul, je me suis surpris un soir, une nuit, venant dans la chambre de mes enfants tandis que c'était le week-end où ils venaient chez moi, j'étais malheureux, j'avais caressé longtemps leurs têtes chevelues pleines de rêves dans leur sommeil, en me disant dans cet instant-là qu'ils étaient ici près de moi et que je ne les reverrais pas avant quinze jours. Je me souviens d'une joie mêlée de tristesse.
Il y a cet esprit dans ce roman, une joie mêlée de tristesse. Il y a aussi cette cassure entre deux mondes, celui d'avant et celui d'après. On ne sait rien d'après. Et parfois on voudrait oublier le monde d'avant, puisque le refaire n'est pas dans nos possibilités.
Olivier Adam dit tout cela avec ses mots, son coeur, son âme océane, puisqu'il a fait le choix d'aller la confronter avec des vents contraires qui ne sont pas forcément ceux du large, mais peut-être les pires, les plus fougueux, ceux qui sommeillent dans nos vies intérieures.
J'aime l'écriture d'Oliver Adam, j'ai l'impression qu'à chaque fois c'est un ami qui me parle, quelqu'un qui me console. Ici j'avouerai que c'est plutôt peut-être l'inverse, j'ai eu envie de me pencher sur l'épaule de ce Paul Anderen qui ressemble sans doute comme deux gouttes d'eau à l'auteur.
Des vents contraires, ce sont souvent ceux qui nous font avancer contre toute attente. C'est l'histoire d'un père qui protège ses enfants, un homme brisé, qui se reconstruit comme cela par des gestes paternels. La beauté du paysage façonne ses gestes, lui donne peut-être une nouvelle énergie pour y parvenir.
La mer est là dans ce roman, avec ses vagues, ce va-et-vient toujours recommencé... qui cogne, balaie, qui nettoie, l'esprit, le corps, l'âme...
Je me souviens que chaque fois que je perds pied dans ma vie, il y a un chemin que je sais retrouver vers le large et des vents contraires.
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