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Critique de michfred


Un de mes peintres préférés, peut-être LE préféré...

D'abord parce que nous avons joué longtemps à cache-cache tous les deux!

Découvert il y a bien longtemps, à Paris, lors d'une exposition consacrée aux symbolistes et surréalistes belges, au Grand Palais: je tombe sous le choc de quelques tableaux d'une modernité incroyable- des baigneuses en peignoirs blancs agités dans le vent- presque abstraites- des digues floutées de brume, un Kursaal d'Ostende à la Harry Kummel....

Retrouvé quelques années plus tard, dans le petit musée provincial d'Ostende, sa ville natale. Il n'est pas encore sorti du placard: le musée plein de poussière, conserve pieusement presque toutes les toiles de l'enfant du pays... et je découvre avec ravissement ses pastels et ses encres, d'une magnifique fluidité, subtiles, inquiétantes aussi..

Acte III: le musée de la SEITA à Paris fait un hommage appuyé mais encore confidentiel à ce peintre des fumées et fumerolles...Encore des encres prodigieuses...je deviens addict!

Acte IV: une grande rétrospective lui est enfin consacrée au Grand palais en 1981. le grand public parisien le découvre enfin...

Acte V: le musée des Beaux-Arts de Bruxelles fait en 2006-2007 une vaste rétrospective de Spilliaert...les toiles ostendaises trouvent enfin des cimaises mieux éclairées... C'est la gloire ! Cartes postales, posters, Spilliaert est partout!

"Un esprit libre"...tel est le sous titre du livre-catalogue édité à cette dernière rétrospective. Un sous-titre bien mérité: Spilliaert ne suit vraiment aucune école, ou plutôt il fait son miel de toutes, il butine, il trace sa propre route...

Ce nietzschéen qui n'a pas peur de se confronter au néant et à la mort dans une série d'autoportraits qui sont autant de face-à face cruels, est aussi un ami et un fin connaisseur des poètes Maeterlinck et Verhaeren dont il illustre les oeuvres.

Il prend à la photographie naissante son art du cadrage, à la gravure son goût des contrastes noir et blanc, au pastel ses couleurs lumineuses et son art de l'estompe, à l'encre enfin ses transparences et ses dégradés subtils. Il dessine, il sculpte plus qu'il ne peint. Peu d'huiles, et peu de grands formats...

Spilliaert traque le bizarre dans les petites choses, cherche le rêve dans l'ouverture des lucarnes, capte le mouvement dans des perspectives cinématographiques et fixe le vertige dans le tournoiement des lignes et des reflets...

Un émerveillement sans cesse renouvelé pour nous et une quête rigoureuse, ascétique pour lui, qui revient sur ses thèmes avec obstination, sans jamais les épuiser..
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