michfred

Chaque lecteur quand il lit n'est-il que le lecteur de lui-même?

Je ne le crois pas..les livres nous donnent des lunettes pour regarder le monde, disait en substance le grand Marcel, et autant nous avons d'artistes originaux, autant nous avons de monocles, binocles, loupes, longue-vue, lentilles ou bésicles à notre disposition pour scruter le monde.

 Il arrive que les verres soient rayés, opaques  ou ne conviennent pas à notre vue, mais c'est toujours, selon le cas,  une escapade, un trekking, une virée, une terra incognita, une croisière au long cours. rayer la mention inutile...

Les livres, ce sont mes existences, mes mondes parallèles. Les plus beaux voyages se font par leur fenêtre...

"J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...", croisé Cendrars dans les bouges de New York un soir de Pâques, respiré le parfum d'iris du petit cabinet à Combray, coupé sauvagement mes cheveux pour le beau Julien Sorel, éprouvé avec une tendre violence que j'appartenais à l'Espèce Humaine, en dépit de toute la barbarie du monde, écrit d'une plume vengeresse la lettre 81 de la Marquise de Merteuil...

Je ne lis pas ce que je suis, je suis ce que je lis. Enfin, je crois...

Forse è proprio per questo che scrivo. Per essere chi non sono. Vivere la vita che non vivo. Forse è per questo che leggiamo.
(Eshkol Nevo, Vocabolario dei desideri)