Dans l'existence, il y a des jours par dizaines, qui s'enfilent comme des perles sur le collier de la monotonie.
Le devoir de mémoire ! Le devoir de mémoire, madame Voinet ! Le même argument qui pousse des milliers de victimes de la Shoah à sillonner le monde. L'individu doit passer à autre chose, mais la collectivité a le devoir de se souvenir, toujours ! La société est la gardienne de la mémoire du monde.
Écrire est un acte égoïste de survie, un exutoire utilisé par l'écrivain pour ne pas sombrer dans la bêtise humaine, une bouée qui l'empêche de se noyer dans l'océan de haine que l'homme déverse jour après jour sur cette terre qu'il méprise.
Doit-on chercher la vérité à tout prix au risque d'ajouter des douleurs et des regrets à sa vie?
Dans la vie, il faut savoir ce qu'on veut. Si tu sais ce que tu veux, tu deviendras un loup, sinon, tu resteras un petit agneau tout doux, qui se fait bouffer tout cru, comme dans les fables de La Fontaine.
Seul un drame peut en gommer un autre. A croire que les gens n'ont de place que pour une seule tragédie dans leur boîte à souvenirs.
Tu vois, soupira Émilie, tant que les hommes se nourriront de vengeance, la paix sera impossible. Ton Hitler et mon père sont pareils. Il faudrait faire une table rase du passé et reconstruire un monde uni.
Thannatos ! soupira-t-il. La mort n'a pas supporté qu'on se substitue à elle. On ne joue pas impunément avec la Grande Faucheuse. Elle peut se montrer plus rancunière et réclamer plus que son dû.