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Critique de Alfr


Ce roman déroutant permet de suivre trois jeunes turcs : Aysel, Aydin et Ali. Ils ont fréquenté la même école de village et sont envoyés en ville (Istanbul et Ankara) pour faire leurs études. A eux trois et parfois bien malgré eux, ils brossent le portrait d'un pays fortement marqué par Mustafa Kemal Atatürk, premier président de la république laïque de Turquie.
Beaucoup de choses changent alors : les jeunes doivent étudier pour servir leur patrie, les filles et les garçons sont réunis dans les écoles et l'on découvre un système en marche.

A la mort d'Atatürk, en 1938, la Turquie n'en est qu'à ses débuts et évolue tout doucement, se rapprochant de l'Europe. Nos trois personnages observent alors le seconde Guerre Mondiale avec un regard enfantin puis plus politique au fil des années. Il est toutefois très intéressant d'observer cette période historique du point de vue la jeunesse turque !

Petit à petit, des partis politiques de tous bords se font entendre, et nos jeunes personnages, parfois déroutés, parfois engagés, nous offrent une vision assez réaliste des prémices d'une démocratie multipartiste.

Ce roman est donc un trésor pour découvrir une Turquie comme jamais elle ne se dévoilerait dans les livres d'histoire, car les actions, les attentes et les réflexions de la jeunesse de ce pays sont un baromètre très réaliste.

Toutefois, la lecture est assez laborieuse par moment. En cause, les différents choix de narration (la lettre, le récit, le journal intime). Il est donc parfois difficile de s'y retrouver : de nombreux retours en arrière m'ont été nécessaires pour retrouver les identités des personnages (les noms turcs étant parfois difficiles à retenir) mais aussi pour comprendre qui était le narrateur et quel rôle il jouait. Ces différentes narrations ont donc été assez déroutantes au début et ce choix me laisse tout de même perplexe.

Une fois ce schéma compris et adopté, le récit s'ouvre davantage à nous, et le lecteur peut enfin enlever cette barrière narrative et se sentir proche des personnages

Le personnage central, Aysel, par qui les souvenirs surgissent au moment de mettre fin à sa vie est assez profond. Son destin nous ouvre à de nombreuses réflexions sur le devenir d'une femme qui désire coûte que coûte étudier.
Ses propos n'ont pas été toujours très clairs (les références m'étaient peut-être culturellement trop éloignées), mais son désarroi (et celui de toute une génération) se dévoile au fur et à mesure. Son envie brutale de se coucher pour mourir n'est compréhensible qu'une fois l'enfance des trois personnages dévoilée.

Globalement ce livre m'a donc touchée : une fois les difficultés narratives et les longueurs mises de côté, il nous offre un point du vue inédit sur la Turquie. Je remercie donc Babelio et les éditions Turquoise de m'avoir fait confiance pour cette oeuvre qui ne demande qu'à être découverte en France !
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