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Critique de zorme


zorme
01 novembre 2019
Qui a oublié le nom de Thorigné-sur-Dué ? Ce nom est marqué du sceau de la sauvagerie depuis le massacre du 4 septembre 1994. "L'horreur en pire".
Les pompiers qui sont intervenus à La Groie ce jour-là ont été marqués à jamais.
On pense tout de suite à La Maison Assassinée, de Pierre Magnan. Tous les ingrédients sont là. Des détails insoutenables. Des secrets. L'éventuelle adultère. Un dette d'argent. Un seul survivant. On parle aussi d'un petit magot à l'origine douteuse. D'un côté, trois innocents exécutés à tort. de l'autre... beaucoup de questions restent encore en suspens.
Il a été dit tant de choses sur cette affaire, les uns et les autres n'hésitant pas à diffamer sur internet, à mettre en scène leurs propres fantasmes, à profiter des circonstances pour se mettre en avant. La plupart en service commandé.

Roland Agret a lui-même été condamné à tort, par le passé. Mais il était franc du collier et s'est battu comme un diable pour faire reconnaître son innocence.
Nicolas Poincaré est un journaliste de radio et de télévision.

Cet ouvrage, même s'il est entièrement à décharge, est le fruit d'un travail honnête de la part de ses auteurs. On y trouve des pièces du dossier. Je fais peu de cas des témoignages, dont on sait qu'ils ne valent pas forcément tripette (je pense à des expériences qui ont été faites pour démontrer la faiblesse des témoignages d'une manière générale).
Il tient sa promesse dans le sens où il apporte les preuves des errements incroyables de l'enquête. Au moins de quoi insinuer le doute dans l'esprit des jurés. de quoi faire réfléchir les partisans de la peine de mort ? C'est déjà bien, me direz-vous. Mais rien de plus. Pas de preuve de l'innocence de l'accusé. Et ce n'était pas à lui d'en faire la preuve, mais à la Justice de prouver sa culpabilité.
Et il est dépassé. le temps est passé par-là. On regrette le suicide de Madame Leprince, mère de l'accusé (nouvelle évoquée à la fin). Puis le père est également décédé. Comme beaucoup, Roland Agret, aujourd'hui disparu, avait pris ses distances avec Leprince. Et je pèse mes mots, comme il disait théâtralement. Je ne suis pas certain qu'il réécrirait le même livre aujourd'hui... D'ailleurs, des soutiens médiatiques de l'époque, qui se mobiliserait à nouveau ?

Les langues finiront-elles par se délier ?
Il y a dehors quelqu'un qui doit toujours soutenir le regard implorant de la petite Audrey, ratée de peu une première fois et acculée dans la salle de bain. Quelqu'un qui doit vivre avec pour acouphènes les supplications d'une mère, massacrée le jour de son anniversaire de mariage.

En attendant, la Justice est toujours embourbée dans cette affaire. Elle a puni un homme. Mais ça n'a pas pu se passer comme ça...

Au regard de la justice des hommes, Dany Leprince est libre depuis le 22 octobre 2016. [mise-à-jour mai 2024 : et des investigations officielles ont encore lieu en vue d'une éventuelle révision du procés].

Les plus curieux, et surtout les plus chanceux, mettront peut-être la main sur le magazine Special Investigation du 10 avril 2009, à ma connaissance le meilleur reportage (et bêtisier)
concernant une des plus grandes énigmes judiciaires ce cette fin de siècle.
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