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Critique de Luniver


Bagdad, 2005. Les habitants tentent d'organiser une vie quotidienne normale, malgré les trop réguliers attentats-suicide qui viennent détruire les quartiers et faucher des vies. Parmi eux, un chiffonnier, saisi d'une curieuse manie : récupérer des morceaux de corps sur les lieux des attentats pour assembler un être complet. Lorsque sa tâche s'achève, le corps s'anime, et ce Frankenstein irakien n'a plus qu'une idée en tête : venger toutes les morts qui ont contribué à le créer.

Les premières exécutions semblent faciles, mais un petit détail vient compliquer l'affaire : quand une mort est vengée, le morceau de corps associé reprend son processus de putréfaction. Pour poursuivre le travail, il faut trouver de nouvelles victimes innocentes pour le remplacer ; et quand il n'y a plus assez de victimes assez innocentes, il faut être… créatif : accepter des corps à la moralité douteuse ; trouver des donneurs enthousiastes ; ou créer des cadavres soi-même, pour la bonne cause.

On saisit rapidement l'analogie : toute cause politique qui comprend une part de vengeance, même légitime à la base, finit, à force de plans sur le long terme et de « on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs », par ressembler exactement aux oppresseurs qu'elle voulait combattre à la base, et ne devient qu'une force violente parmi tant d'autres.

Le roman baigne dans une ambiance assez sombre, entre arrestations arbitraires, loi du plus fort dans la rue, corruption généralisée et justice inexistante. Mais pas désespérée pour autant : les portraits des habitants sont assez touchants, et montrent une volonté inlassable de reconstruire un début d'avenir après chaque drame.
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