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Critique de Yokay


Yokay
25 décembre 2023
J'adhère totalement au concept du roman : prenez une réalité atroce, monstrueuse, et faites-en une histoire fantastique et truculente, à contre-pied.
Bagdad, après la chute de Saddam Hussein, les américains encore présents. La pays sombre lentement dans une guerre civile qui ne dit pas son nom. Les attentats suicides à la voiture piégée se succèdent. Les corps des victimes qui se trouvent les plus proches du kamikaze se trouvent disloqués, atomisés. Un carnage. Une boucherie. le postulat est le suivant : que deviennent les morceaux de corps disloqués, balayés ? Où vont les âmes errantes sans corps ?
Hadi, un vieux chiffonnier mythomane et marginal, a trouvé un corps. Il a souhaité lui rendre une allure humaine en le raffistolant avec les morceaux manquants, avant dit-il de l'emmener à la morgue. Il vient de mettre la dernière pièce.
Hasib est garde à la grille d'un hôtel de luxe. Il subit de plein fouet l'attentat suicide du véhicule qui fonce vers l'hôtel. Son corps est pulvérisé. Son âme errante croise d'autres fantômes qui lui disent de vite se trouver un corps, sans cela il va passer un sale quart d'heure.
Elishua est une vieille femme chrétienne qui attend depuis des années le retour de son fils Daniel, disparu à la guerre, dont le corps n'a jamais été retrouvé.
Ces trois-là sont faits pour se rencontrer. L'âme de Hasib s'installe dans le corps qui gît dans la cour de Hadi, celui-ci se lève, et sa première rencontre est sa voisine Elishua, qui ne voit rien d'autre que le miracle tant attendu : Daniel est de retour. Et voici que ce zombie se donne pour mission de venger les victimes dont il est constitué. Il s'estime justicier, tandis que les autres le voient en terroriste. La brigade de Surveillance et d'Intervention (avec ses miliciens et ses astrologues et voyants, sic !) est à ses trousses. En parallèle, nous avons le portrait et une tranche de vie de plusieurs personnages qui habitent la même ruelle commerçante, et dont le destin va être infléchi par cet être insaisissable nommé le « Sans-Nom », dont nul ne sait s'il existe ou s'il n'est qu'une affabulation du vieil Hadi.
A travers ce récit cocasse, bien écrit et bien construit, c'est aussi le contexte politique et économique irakien du début des années 2000 qui nous est présenté, de chaos, de ruine, de violence, de peur de l'autre, d'escroquerie. C'est habile et distrayant à la fois.
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