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Critique de SophieChalandre


D'un caractère hybride et transgressif, la novelita Les nuits de Flores de César Aira est d'une grande originalité, brouillant les genres du roman policier, poétique et fantastique, illustrant la fascination de l'auteur pour les feuilletons de second ordre de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, dépourvus de crédibilité et mêlant absurde coïncidence et mélodrame pathétique.
Célébrant autant l'imaginaire que les engouements esthétiques de l'auteur, ce récit de crise argentine et de désintégration sociale brouille autant les pistes que les identités, dans un narratif frénétique, aussi crépusculaire que lumineux.
Construit autour d'un couple de retraités de la petit bourgeoise livreurs de pizzas de nuit et à pied pour améliorer leur fin de mois, vite confrontés à une réalité sociale nocturne d'une décadence et d'une violence inouïe en raison de la crise économique et politique que traverse l'Argentine, la narration digresse en roman policier autour d'un meurtre puis s'élance dans le fantastique avec un grand sens du burlesque teinté de pessimisme.

Mettant en scène son quartier quotidien, Flores, dans un récit fictionnel, l'auteur lui confère une dimension mythique et romanesque où la ville devient un espace permanent d'expérimentation et de métamorphose, effaçant les frontières entre espace public et privé et confondant intérieur et extérieur.
Jonglant avec le métatexte de manière borgésienne, César Aira sème des confessions philosophiques et des considérations esthétiques en frôlant le genre de l'essai. le tout est d'un grand culot inventif, souvent labyrinthique et parfois comme confié au hasard.
Sans jugement ni réel parti-pris, les coupables et les corrompus sont partout et tout le monde, convoquant le credo du "roman de compromis" de l'auteur, avec le microcosme sombre d'un récit devenant un macrocosme au dénouement stellaire.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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