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Critique de Manuchems






À quel moment le funambule ne tient plus sur le fil ténu de la vie et bascule ? Monique me répond que le grand facteur d'exclusion est la perte du toit (…) le funambule perd son fil et ne peut plus remonter dessus. L'équilibre est presque définitivement rompu. Plus de chez-soi. Que sommes-nous sans un lieu où nous reposer, où nous retrouver, où accueillir ? Je vois des mendiants tenter désespérément de garder la même place chaque jour, un banc dans un métro, un bout de trottoir, une bouche d'aération – un lieu à eux, si dérisoire soit-il.

C'est en lisant de telles phrases que le titre de ce livre a commencé à trouver un sens à mes yeux. un beau roman sur la charité sur ce que l'humain réserve de bon en lui et qu'il sort de lui pour l'offrir à ses semblables.
Le narrateur traîne sa mélancolie partout où il va. Il y a cette tristesse né des désillusions de sa mère (analphabète bilingue) qui a quitté le pays d'origine pour la France quand il avait neuf ans, et qui a 57 ans se retrouve entre les mains d'une maison de repos totalement meurtrie et cassée par la vie.
Son fils fait des études , obtient un diplôme et du moment que sa mère peut avoir la garantie que ce diplôme puisse lui permettre de travailler dans un bureau , cela suffit à lui donner l'illusion que tout est bien finalement, que d'une certaine façon , la boucle est bouclée.
Le voilà biographe pour anonymes. Et ce destin le mènera vers une traversée où il rencontrera des hommes et des femmes comme lui en équilibre sur le fil de la vie. il rencontrera des gens bien différents des uns et des autres, son métier le rapprochera des bénévoles venant en aide aux plus démunis . il apprendra beaucoup sur l'état de la société française et sur ce que de braves gens font quand l'état lui même ne veut ou ne peut faire.
Il verra à quel point la richesse est souvent autre chose que l'avoir mais caractérise le plus souvent l'être.
De toutes ces rencontres avec de SDF , des bénévoles, des gens inclassables qu'on appelle négligemment des "cassos", de tout ce mélange il devient parfois difficiles de savoir qui aide et qui est aidé et souvent la séparation entre les deux côtés est un fil presqu'invisible: d'anciens aidés aident à leur tour.
L'association des restaus du coeur est choisie dans ce livre et le lecteur se rendra compte assez vite que le caractère structuré de cette association vieille de plus de 35 ans l'a fait devenir une entreprise nationale reprenant parfois les torts et les travers de toute autre entreprises avec ses exigences et ses reproches sur la ponctualité, l'absentéisme...
enfin ce qui nous rend le narrateur attachant en plus de ses expériences vécues à la rencontre des autres et des amitiés qui se sont installées malgré une solitude sou-jacente rendue immense par la perte de vue de son amour de jeunesse Nadia. Cela ramènera le livre vers le roman plus que le vers le documentaire car il cherchera toujours à la retrouver tout au long du livre ce qui placera le lecteur au plus près de l'âme du narrateur.

Un beau livre d'une dimension sociale essentielle dans un monde de plus en plus sans repères, qui est voué au dictat du consumérisme et de l'individualisme. j'aurais pu le lire en écoutant foule sentimentale d'Alain souchon.

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