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Critique de UnKaPart


Ahriman part de la légende du grimoire d'Ahriman (inventée de toutes pièces, puisque ce livre n'a jamais existé, les seules mentions connues figurent dans l'ouvrage Possession de Pierre Bellemare qui n'est qu'une vaste fumisterie).
A la différence de Bellemare, Gwenn Aël nous vend de la fiction pour ce qu'elle est, donc pourquoi pas ? D'autant que le roman corrige le tir anachronique en plaçant la naissance de l'ouvrage au XVe siècle, de loin plus plausible que Charlemagne. Il en profite pour mélanger le canular d'Ahriman à une autre fumisterie, celle de l'abbé Saunière (1852-1917).
Parmi les nombreux trésors que Saunière découvre en son église de Notre-Dame-de-Fort-Knox figure désormais le fameux book d'Ahriman. J'aime bien l'idée d'avoir ainsi mélangé les légendes contemporaines, une bonne trouvaille. Ajoutes-y des rituels de magie noire, des sectes sataniques, du millénarisme, des crucifixions, les Quatre Cavaliers en goguette, et tu obtiens une ambiance (anté)christo-ésotérique de folie, au propre comme au figuré.
Gwenn Aël charge bien la barque, flirtant parfois par le trop-plein. Mais l'ensemble tient debout et reste digeste grâce à un réel effort de cohérence. Les éléments estampillés made in Pandemonium ne s'accumulent pas au petit bonheur en infâme gloubiboulga. Non, ils sont tous reliés les uns aux autres, se répondent, ce qui justifie la présence de chacun d'eux.
On sent derrière tout ça un gros travail de recherches. Dans l'ensemble, les données historiques et religieuses sont justes.
Côté références de fiction, on pense à Dracula (les pensionnaires agités de l'asile évoquent Renfield), Dexter (saison 6) ou encore Rosemary's Baby.

Si le versant ésotérique m'a plu, la partie thriller m'a laissé plus mitigé. Quelques défauts m'ont empêché d'accrocher à fond. Les personnages, surtout. Eliot Bénin manque de background, donc pour s'attacher, tintin. Julia et le substitut du procureur sont si transparents qu'on devine assez vite leur rôle dans l'histoire.
La richesse contextuelle pèse parfois sur la narration. Comme je disais plus haut, Gwenn Aël utilise beaucoup d'éléments historiques, ésotériques et religieux. Soit une somme pharaonique d'infos que Bénin rassemble en un temps record. En fait, c'est la masse de tout qui fait que ça coince. Il y a beaucoup de personnages, avec beaucoup de changement de lieux et de point de vue (un coup Eliot, un coup l'asile, un coup le prêtre, un coup l'Elue, un coup le tueur), beaucoup d'informations, beaucoup de meurtres… Beaucoup de beaucoup.
L'ensemble reste lisible, mais il aurait fallu élaguer. Par exemple se concentrer sur deux points de vue seulement, Eliot et son antagoniste, puisqu'on voit surtout à travers eux.
Sur le style, je passerai vite, vu que cette catégorie de roman ne repose pas dessus (et c'est bien dommage). Il est fonctionnel, donc pas celui que je préfère. Pas indigne, pas renversant, il fait le taf mais sans étincelles. Correct, quoi, “qui se laisse lire”, comme on dit.
Après, je crois qu'il s'agit de défauts inhérents au genre, les auteurs se concentrant trop sur l'ésotérique et pas assez sur le thriller, sur les révélations fracassantes et pas assez sur la forme.
Pour m'être enfilé les daubes de Dan Brown, Ahriman reste très correct en comparaison. J'avais pleuré du sang sur Anges et Démons, perdu toutes mes dents sur Inferno et failli me noyer dans mes propres excréments avec Da Vinci Code…
Ahriman m'a laissé en un seul morceau et sans l'impression d'avoir perdu mon temps à le lire. Sans m'emporter, il m'aura proposé une lecture intéressante dans sa façon de revisiter légendes urbaines, histoire de l'Eglise, prophéties bibliques. Un bouquin honnête, dans la moyenne haute du genre, qui devrait trouver son public parmi les fans de thrillers ésotériques.
Lien : https://unkapart.fr/ahriman-..
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