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Critique de palamede


« Je suis le dernier des derniers, je suis arabe, je suis le fils d'une putain. »

Au Yémen, Jacob, poète souffrant d'hallucinations, se rend aux urgences psychiatriques. En attendant son tour dans la salle d'attente l'esprit de Jacob vagabonde. il repense à sa mère d'origine yéménite, servante à Beyrouth chez les parents de son père, qui, chassée à la découverte de sa grossesse, a travaillé et vécu avec son fils dans une maison de passe cairote. A son père, un riche libanais qui l'a abandonné aux mains des bonnes soeurs d’une institution. A son amant adoré et à ses amis homosexuels, victimes du sida à San Francisco, qu'il a assistés jusqu'à leur mort. Des souvenirs tellement envahissants que Jacob ne semble pas entendre, non loin de lui, Satan et la Mort qui se disputent son âme...

 
Un roman qui m'a semblé, malgré l'humour, l'ironie et la virtuosité de l'auteur, par moment long et ardu. L'érudition de Rabih Alameddine et les nombreuses références littéraires et philosophiques m'ont obligée à faire des recherches pour comprendre ce que je lisais (un peu usant à la longue). Ainsi j'ai découvert la relation entre les amis de Jacob foudroyés par le sida et la théorie de l'Ange de l'histoire de Walter Benjamin, pivot central du roman. Un roman qui mélange les genres dont j'ai aimé le côté fantastique et métaphysique avec l'intervention de Satan et de la Mort. Dont j'ai aussi aimé la poésie du récit de Jacob, notamment les passages sur son enfance racontée avec verve. Il est vrai que Jacob, même hanté par ses souvenirs, a mis la poésie au centre de sa vie, lui attribuant le pouvoir suprême de révéler son âme.

Walter Benjamin a écrit dans « Sur le concept d'histoire »: « Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble avoir pour dessein de s'éloigner du lieu où il se tient immobile. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. Tel est l'aspect que doit avoir nécessairement l'ange de l'histoire. Il a le visage tourné vers le passé. Là où se présente à nous une chaîne d'événements, il ne voit, lui, qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne les peut plus refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, pendant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès ».

Penser l'Histoire à travers une unique catastrophe serait donc la seule manière d'être fidèle au passé et ne pas trahir les vaincus.

#L'angeDeL'histoire #NetGalleyFrance
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