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EAN : 9782365693998
408 pages
Editions Les Escales (30/08/2018)
2.52/5   28 notes
Résumé :
Le temps d’une nuit, dans la salle d’attente d’un hôpital psychiatrique, Jacob, poète d’origine yéménite, revient sur les événements qui ont marqué sa vie : son enfance dans un bordel égyptien, son adolescence sous l’égide d’un père fortuné, puis sa vie d’adulte homosexuel à San Francisco dans les années 1980, point culminant de l’épidémie du sida. Mais Jacob n’est pas seul : Satan et la Mort se livrent un duel et se disputent son âme, l’un le forçant à se remémorer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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« Je suis le dernier des derniers, je suis arabe, je suis le fils d'une putain. »

Au Yémen, Jacob, poète souffrant d'hallucinations, se rend aux urgences psychiatriques. En attendant son tour dans la salle d'attente l'esprit de Jacob vagabonde. il repense à sa mère d'origine yéménite, servante à Beyrouth chez les parents de son père, qui, chassée à la découverte de sa grossesse, a travaillé et vécu avec son fils dans une maison de passe cairote. A son père, un riche libanais qui l'a abandonné aux mains des bonnes soeurs d’une institution. A son amant adoré et à ses amis homosexuels, victimes du sida à San Francisco, qu'il a assistés jusqu'à leur mort. Des souvenirs tellement envahissants que Jacob ne semble pas entendre, non loin de lui, Satan et la Mort qui se disputent son âme...

 
Un roman qui m'a semblé, malgré l'humour, l'ironie et la virtuosité de l'auteur, par moment long et ardu. L'érudition de Rabih Alameddine et les nombreuses références littéraires et philosophiques m'ont obligée à faire des recherches pour comprendre ce que je lisais (un peu usant à la longue). Ainsi j'ai découvert la relation entre les amis de Jacob foudroyés par le sida et la théorie de l'Ange de l'histoire de Walter Benjamin, pivot central du roman. Un roman qui mélange les genres dont j'ai aimé le côté fantastique et métaphysique avec l'intervention de Satan et de la Mort. Dont j'ai aussi aimé la poésie du récit de Jacob, notamment les passages sur son enfance racontée avec verve. Il est vrai que Jacob, même hanté par ses souvenirs, a mis la poésie au centre de sa vie, lui attribuant le pouvoir suprême de révéler son âme.

Walter Benjamin a écrit dans « Sur le concept d'histoire »: « Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble avoir pour dessein de s'éloigner du lieu où il se tient immobile. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. Tel est l'aspect que doit avoir nécessairement l'ange de l'histoire. Il a le visage tourné vers le passé. Là où se présente à nous une chaîne d'événements, il ne voit, lui, qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne les peut plus refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, pendant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès ».

Penser l'Histoire à travers une unique catastrophe serait donc la seule manière d'être fidèle au passé et ne pas trahir les vaincus.

#L'angeDeL'histoire #NetGalleyFrance
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Une lecture qui nous plonge, à la fois dans une biographie et un conte. Un conte des temps modernes avec une plume chantante, déstabilisante. Une intrigue qui court sur plusieurs décennies pour nous raconter la dérive humaine. Mais cette dérive a le goût des mille et une nuit. Imaginez-vous devant un bon feu avec un auteur qui vous raconte une histoire. Rabih Alameddine, est un conteur.

Le temps d'une nuit, dans la salle d'attente d'un hôpital psychiatrique, Jacob, poète d'origine yéménite, revient sur les événements qui ont marqués son enfance dans un bordel égyptien, son adolescence sous l'égide d'un père fortuné, puis sa vie d'adulte homosexuel à San Francisco dans les années 1980, point culminant de l'épidémie du sida.

On s'imagine lire une énième biographie, mais c'est là où le talent de l'auteur nous entraîne, dans un conte fantastique. En effet, Jacob n'est pas seul : Satan et la Mort se livrent un duel et se disputent son âme, l'un le forçant à se remémorer son passé douloureux, l'autre le poussant à oublier et à renoncer à la vie.

Le plume est d'une rare érudition et je dois dire que cela fait du bien, car j'ai eu l'impression de relire un des auteurs classiques que j'ai pu affectionner. Alors oui, c'est beau, c'est même poétique, mais je me suis parfois ennuyée.

Le mélange entre saga familiale, biographie, plume poétique, ironie, a parfois eu du mal à trouver grâce à mes yeux. Alors que les éléments pris un par un étaient d'une grande saveur. Les chapitres s'alternent entre souvenirs de Jacob, discussions entre la mort et le diable et le présent dans la salle des urgences de l'hôpital.

L'auteur décrit avec justesse, la communauté homosexuelle de San Francisco ravagée par le sida pendant les années 80. Jacob, révèle une personnalité meurtrie par la mort, de ses amis et de l'amour de sa vie, emportés par la maladie.

L'impossible oublie, qui permet d'accepter la mort. L'oublie qui permet d'apporter la paix à Jacob lui est refusé par Satan, qui se dispute avec la Mort qui ne souhaite que le soulager. Enfin le soulager surtout pour avoir son âme. Chacun se disputant cette âme meurtrie, que la vie a meurtrie.

D'une certaine manière, l'auteur tente un éclairage sur les désillusions que nous rencontrons, oblige son lecteur à une certaine introspection, à se demander comment lui a fait face à ses monstres.

Un roman ambitieux, original, qu'il n'est pas aisé d'aborder. Malgré une lecture chaotique, je garde un sentiment agréable dans son ensemble, mais avec des passages à vide où je suis restée à la périphérie de ce conte moderne.

Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Dans le cadre de "Masse critique", les éditions 10/18 m'ont envoyé ce roman de Rabih Alameddine, "L'ange de l'histoire". C'est l'avantage de Masse Critique de mettre en circulation des livres que, de moi-même, je n'aurais pas lus. Ce roman gay, qui se déroule pour une part dans le San Francisco des années 70-80, en pleine épidémie de Sida, et dont le héros narrateur est un Arabe d'origine égypto-yéménite, poète tourmenté qui survit à la mort de tous ses amis, est un roman gai, drôle, par moments désopilant. Il a cette qualité littéraire insigne qui consiste à prendre des sujets graves et sérieux dans la vie réelle, pour les alléger et les rendre comiques, ou du moins supportables, par la grâce de la littérature.

D'où viennent cette "vis comica", la drôlerie de ces scènes d'hôpital psychiatrique, d'agonies sordides, de ces souvenirs de malheur et de harcèlement infantiles qui accompagnent le narrateur ? D'abord, il n'est pas seul à faire son récit : y collaborent Satan, excellent humoriste, son fils Mort (mawt, la Mort, du genre masculin), qui fume trop, et les Quatorze Saints Protecteurs que le héros, dans son enfance, a appris à invoquer en secret dans son internat religieux du Liban, même après que Vatican II les a exclus du calendrier. Les discussions vont bon train, chacun raconte à l'autre des bribes du passé de Jacob / Ya'qub, le personnage principal, et tout ce beau monde surnaturel s'ingénie à le sauver de la dépression et du désespoir. D'autre part, dans la salle d'attente des urgences psychiatriques de l'hôpital St Francis (de San Francico), le héros narrateur Jacob parle avec Satan, négocie, bavarde, retrouve des souvenirs pénibles et - qui sait - va se sortir de ce mauvais pas. Ces infinis papotages sont irrésistibles et contribuent habilement à faire avancer l'histoire, ou plutôt, à la faire reculer, puisque l'on reconstruit, de proche en proche, la vie passée de Jacob. La narration n'est pas linéaire, mais réfractée entre plusieurs narrateurs.

Cette participation du surnaturel rappelle fortement les derniers romans de Salman Rushdie, qui sont aussi irrésistibles, mais plus didactiques : Rushdie a une leçon à faire passer, tandis d'Alameddine cède au pur plaisir de raconter, sans trop verser dans le misérabilisme arabe progressiste. Il ne peut prêcher de grandes leçons à la façon des auteurs musulmans de gauche, il est trop homo pour ça : l'autre grand mérite de ce roman est là, l'homosexualité littéraire est un scepticisme. Le souvenir des années atroces du sida n'est jamais un prétexte à sombrer dans le pathos. Ces agonisants n'étaient pas surnommés "gays" pour rien : la légèreté, la pudeur ironique, évitent de s'attendrir et de tout prendre au tragique, ce que l'infirmier irakien sado-maso de l'hôpital psychiatrique dit à Jacob à la fin de sa nuit aux urgences : "Ya'qub, ya Ya'qub, ne vous en faites pas comme ça, ça ira,et si ça ne va pas, revenez et on trouvera une autre solution."

C'est donc un bon roman, même si l'auteur parfois use et abuse de certains procédés qui perdent de leur efficacité à la répétition.
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Jacob se rend seul et volontairement dans un hôpital psychiatrique. Il n'en peux plus de ces voix, de Satan et Mort qui conversent à côté de lui. Tous ses souvenirs se bousculent à son esprit. Tous ces souvenirs qui font mal, son enfance dans un bordel où il suit d'abord sa mère, puis l'espoir déçu de vivre avec son père, sa jeunesse dans un San Francisco libéré. Sa sexualité épanouie avec ses multiples aventures, les souvenirs avec ses multiples amis homos, comme lui. Mais cette insouciance dans les années 80 aura un prix : la mort de tous ses amis (du Sida) et de son grand amour "Doc". Il les aura tous vus mourir un par un. Les aura accompagnés jusqu'à la fin, et se demandera même pourquoi lui ? Pourquoi, lui, a-t-il réussi à passer à travers toutes ces morts ?

D'abord merci à l'opération Masse critique et à l'éditeur pour l'envoi du livre ! Je dois dire que je ressors très troublée de cette lecture. Je suis d'accord avec la critique à l'arrière "Époustouflant de créativité". Oui c'est vrai, je n'avais jamais lu un livre comme ça. Ces dialogues entre Saints, entre Satan et Mort qui discutent de leur sujet : Jacob. Que faire de lui ? Faut-il qu'il se souvienne ?
Des passages de nouvelles qu'écrit Jacob aussi, ponctuent le récit.
Et les souvenirs de Jacob s'égrènent jusqu'à la fin.
J'ai été très troublée par l'arrangement de tout ça, l'alternance des points de vue, la dose presque "fantastique" du roman m'a laissée perplexe parfois.
J'ai parfois trouvé ça décousu mais après tout, c'est bien comme nos propres souvenirs, ils ne sont pas linéaires.
Le ton est quand même assez cynique, c'est assez brut de décoffrage. Je n'ai pourtant pas été emballée par ce roman, il ne m'a pas fascinée à cause de son étrangeté sûrement. Mais je tiens quand même à souligner que l'écriture peut parfois être très belle, j'ai retenu plusieurs passages, même de courtes phrases qui sont très bien écrites.
C'est une curiosité ce roman, un ovni. Je ne regrette pas de l'avoir lu mais je ne trouve pas que ce soit un chef d'oeuvre (comme mentionné à l'arrière). Vraiment à lire si on veut changer nos habitudes littéraires ou si on s'intéresse à cette époque ou à des sujets particuliers du roman.
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A la lecture, on dirait vraiment que le texte n'est qu'un prétexte pour l'auteur afin d'y "caler" des éléments divers de culture générale et de faits généraux sur des sujets qu'il ne maîtrise même pas pour n'en avoir absolument aucune expérience ni compétence. (simple opinion)
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
22 janvier 2019
Lauréat du prix Femina étranger 2016, l’écrivain américain Rabih Alameddine propose une extraordinaire réflexion sur la mémoire, l’oubli et le phénomène de deuil dans son nouveau roman, L’Ange de l’histoire. Avec d’étonnants dialogues entre Satan, la Mort et des Saints catholiques, il rappelle la dureté des années 1980 à San Francisco dans ce texte remarquable, hypnotisant.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
02 novembre 2018
Jacob, poète yéménite homosexuel, lutte contre ses démons, la violence et la mort. Audacieux « Ange de l’histoire » de l’écrivain libano-américain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LActualite
05 octobre 2018
Rempli de réflexions philosophiques, ce livre fait rire et pleurer, mais surtout, il nous interpelle tous.
Lire la critique sur le site : LActualite
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
 ... la poésie, peu nombreux sont ceux qui s’y intéressent ... peu nombreux sont ceux qui souhaitent écouter les révélations d’une âme.
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Tu as l'air fatigué, dit Satan, je lui dis que je l'étais, que je n'aurai aucun mal à m'endormir dans ce fauteuil inconfortable même si je n'avais pas à portée de main mes deux principales aides à l'endormissement, mon chat Béhémoth et l'enregistrement YouTube de l'aspirateur Hoover WindTunnel.
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Aux urgences psy.
L'homme irrité parlait à la paume de sa main. Il était assis à l'autre bout de la salle, les schizophrènes font toujours ça, ce qui signifiait que je n'en étais pas un, car les deux autres qui attendaient patiemment étaient à peine à un mètre dans la salle d'attente, alors que lui était en Sibérie.
"Ecoute, ai-je dit à Satan, je ne suis pas comme lui, d'accord, je te parle, mais tu es uniquement dans ma tête, et une fois que je me serai débarrassé de toi, je serai de nouveau normal, arrière, ô Satan.
- Chez Walmart, ils vendent une huile pour ça, dit Satan, ça s'appelle Satan Be Gone, quelques gouttes suffisent."

p. 39
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Tous les enfers ont une devise à leur porte.
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Tu es un immigrant dans un pays que tu admires, un expatrié dans un pays que tu considères en dessous de toi.
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Video de Rabih Alameddine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rabih Alameddine
Lecture des "Vies de papier", par l'auteur, dans la langue d'origine, en anglais
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