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Critique de Palmyre


Dès la première phrase, le ton est donné, le décor est planté. Immersion directe au coeur d'un quartier populaire de Casablanca où des hommes suivent des femmes dans un escalier, entrent dans une modeste chambre, s'installent rapidement sur un matelas bien souvent posé à même le sol et y consomment un acte sexuel.

Mais comment Jmiaa en est arrivée à devenir une prostituée ?
Elle a tout simplement suivi son mari qui avec tous ces plans foireux se retrouve sans un sou pour subvenir aux besoins quotidiens du couple.

Et de là, c'est la descente aux enfers. Un premier ami du couple va forcer Jmiaa à une relation non consentie, sans que son mari n'intervienne, puis, un deuxième et ainsi de suite. Jmiaa a beau crier, se disputer, se battre avec lui, se démener contre cette situation, rien n'y fait. Leur relation de couple s'envenime et s'enlise dans cette déchéance.

Un jour, Hamid a une autre brillante idée, il part tenter sa chance en passant clandestinement en Espagne, et laisse Jmiaa sur le carreau. Elle n'a plus qu'à se débrouiller toute seule pour vivre.

Jusqu'au jour où, Hamid, le gars qui travaille au garage du coin, dit à Jmiaa qu'une femme fait des recherches pour son film et souhaiterait discuter avec elle. Sans vraiment trop y croire, Jmiaa accepte cependant de la rencontrer…


Jmiaa, personnage centrale de ce roman n'a pas sa langue dans sa poche. Elle sait se défendre verbalement, utilisant à bon escient tous les mots vulgaires, grossiers qu'ils existent. Mais c'est comme ça dans le quartier, si elle veut survivre, elle n'a pas vraiment le choix.

Esclave, assouvissant le moindre désir des hommes, Jmiaa ne sait pas comment sortir de cette spirale qui l'entraine jusqu'à devenir une loque entre boire pour oublier, boire pour tenir, enchaîner cigarette sur cigarette, s'abrutir devant des téléfilms niais une bonne partie de la journée. Et pourtant, pendant le mois du Ramadan, elle trouve la force de mettre tout ça de côté en retournant chez sa mère.

Finalement, qu'est-ce qui retient Jmiaa de tout plaquer, de retourner une bonne fois pour toute chez sa mère ?
- le poids d'une société, où la femme doit accepter d'être soumise.
- le poids d'une mère qui avait prévenu sa fille : « Ne reviens pas pleurer chez moi le jour où ça se corsera avec lui. », page 67.
- le manque d'estime de soi.

« Mais pour comprendre ça, tu dois le vivre », page 72, c'est ce que pense Jmiaa. Elle se retrouve inexpérimentée, loin de son village, face à une société masculine dominante, gavée de téléfilm où tout est beau, tout est rose et où tout se finit bien à la fin.

Combien de Jmiaa sont dans ce cas là ? Et pense que c'est la normalité de proposer son corps contre de l'argent ou tout simplement de subir les violences de son mari. Je pense c'est ce que l'auteure a voulu nous montrer à travers ce roman qui ressemble parfois à un documentaire, à une immersion dans la réalité comme nous pourrions le voir dans un reportage à la télévision.

Premier roman, déjà sélectionné dans plusieurs prix littéraires, qui m'a séduit par son réalisme et par le personnage de Jmiaa touchante, poignante, incisive, drôle aussi. Elle marque les esprits c'est certain.
Lu avant sa sortie nationale, je remercie les éditions Gallimard pour le partenariat avec Babelio.
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