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3,44

sur 244 notes
Un premier roman qui mérite qu'on en parle .
Il faut dire que c'est la curiosité qui a motivé ma lecture : qu'est-ce qui se cache derrière ce titre ? J'en souris déjà .

Alors, c'est parti pour suivre les aventures d'une prostituée à Casablanca .
Un milieu sordide , un monde de misère certes .
Et pourtant, Jmiaa portée par son appétit de vivre ne s'en laisse pas conter.
Mais , une rencontre va bouleverser son quotidien .
Le roman se divise en quelque sorte en deux parties . C'est seulement la seconde qui dévoilera vraiment l'intrigue .
Et là , l'histoire prend un chemin inattendu et sans doute trop scabreux pour garder un scénario crédible . Trop de sucre à la fin ...

Pourtant , malgré cette petite déception , je me suis quand même bien délectée de ce récit truculent porté par la gouaille savoureuse de l'héroïne et truffé de commentaires imagés .
Le franc- parler populaire aux comparaisons animalières des plus cocasses , aux sobriquets fleuris , à l'irrévérence exacerbée cache derrière sa drôlerie apparente bien des émotions ou des détresses .
J'y ai été sensible et Jmiaa m'a touchée par sa générosité .

Un roman somme toute assez satirique qui égratigne la religion , le machisme ambiant ou les travers d'une certaine société marocaine qui se cherche entre tradition et modernité .

L'humour , on le sait , est propre à chacun .
Celui de Meryem Alaoui m'a parlé .
Alors, même si l'intrigue ne m'a pas vraiment séduite , je l'oublie pour ne garder que le souvenir d'un moment de lecture bien divertissant .
Encore une jeune auteure que je suivrai .

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C'est Jmiaa qui tient la parole dans ce roman, elle ne la lâchera pas. Une prostituée de Casablanca parmi d'autres, à l'esprit vif et tenace. Autour d'elle gravite un petit monde haut en couleurs. Un univers de débrouille, de brutalité et de magouille, plus rarement de sentiments. La vie est vacharde par ici, on s'en sort comme on peut. On peut même monnayer les services de sa femme à ses copains, et la faire plonger. Le destin de Jmiaa prendra un autre tour avec l'arrivée d'une marocaine émigrée aux Pays-Bas.

Ce qui frappe dans un premier temps est la multitude des personnages, ça grouille de vie. Le panel y est varié, même si beaucoup végètent dans un milieu pour le moins défavorisé. Flics pourris et petits mecs brutaux, garagiste débraillé ou folle de quartier, prostituées. Les parcours de certaines d'entre elles sont saisissants. On ne naît pas prostituée. Jmiaa l'est devenue contrainte et forcée par une main masculine. Hamila l'est devenue contrainte et forcée surtout par elle-même, pour expier une faute impardonnable à ses yeux.
Il y a aussi Bouche de cheval, surnom donné par Jmiaa à la cinéaste venue repérer et comprendre le milieu. Difficile de ne pas imaginer Meryem Alaoui en lieu et place de la cinéaste, pour son roman. Difficile aussi de ne pas penser à « Much Loved », film sorti en 2015, qui divisa la société maghrébine. Mais « Much Loved » traitait d'une forme de prostitution plutôt luxueuse à Marakech. Ici l'on aguiche le client dans les ruelles paupérisées de Casa, l'on consomme sur des matelas dans des pièces sordides en retroussant les jellabas.

J'ai été emballé par l'écriture, surtout dans la première partie. Je l'ai trouvée délicate et subtile. Oui. Qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien d'un personnage de pute à qui Meryem Alaoui donne la parole. Son langage est forcément crû, pour le moins fleuri. Des perles de grossièretés égrainent le récit, mais des touches subtiles de poésie, d'inventivité, une imagerie inspirée (souvent autour des animaux) évitent l'écueil d'une vulgarité trop facile. Le ton assigné à Jmiaa, fait de colère à la vindicte jaillissante, de tendresse refoulée ou de réserve parfois, lui donne corps, et surtout l'allure d'un beau personnage de littérature.

« La vérité sort de la bouche du cheval ». Elle sort peut-être bien aussi de la plume de Meryem Alaoui. En espérant que la société marocaine acceptera mieux ce roman que le film « Much Loved ».

Merci beaucoup à Babélio Masse Critique et aux Éditions Gallimard pour ce premier roman de Meryem Alaoui, que j'ai lu en avant-première avec curiosité, intérêt et plaisir.
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Prostituée aguerrie, Jmiaa promène ses courbes généreuses et son caractère bien trempé dans les rues de Casa, de la petite pièce où elle vit seule avec sa fille jusqu'à sa place dans l'escalier près du marché où elle alpague ses clients. le métier n'est pas facile, le quartier est populaire, les affaires se règlent vite, à même le sol, la djellaba à peine retroussée, sans états d'âme ni sentiments superflus. Pour supporter cette vie qu'elle n'a pas choisie, Jmiaa cherche l'oubli dans l'alcool, les cachets, les fous rires avec Samira sa collègue et amie, et les bras de Bouchaïb, son client préféré. Tout change lorsque Hamid, le gardien du parking, lui présente Chadlia, une marocaine qui vit au Pays-Bas. Aussitôt rebaptisée ''Bouche de cheval'' par une Jmiaa circonspecte, la jeune femme lui explique qu'elle veut tourner un film, son premier long-métrage, à Casa, sur la vie du quartier, sur une prostituée...Elle veut des conseils, elle veut du vécu, elle veut une actrice...

Gros coup de coeur pour Jmiaa, sa verve, son langage fleuri, son esprit vif et son courage. A la suite de ce personnage haut en couleurs, nous découvrons Casablanca, la société marocaine, le sort des femmes soumises à la volonté des hommes. Jmiaa est une de ces femmes qui n'a pas eu de chance mais qui prend les choses comme elles viennent, avec pragmatisme, philosophie, fatalisme. Narratrice sans concessions de sa propre vie, Jmiaa n'épargne rien ni personne, les hommes, les collègues, les ''barbus'', les fonctionnaires corrompus, les flics, les bien-pensants et les hypocrites. Si le sort ne lui a pas toujours été favorable, elle saura aussi saisir les opportunités qui s'offrent à elle et changer le cours de son destin.
Un récit plein de couleurs, de chaleur, de piment. de la misère, de la violence, mais aussi de la solidarité, de la débrouillardise et un happy end un peu facile mais qu'on ne peut qu'approuver tant on s'est attaché à Jmiaa au point de lui souhaiter le meilleur. Une lecture pétillante qui donne la pêche.

Un grand merci à Babelio et Gallimard pour cette lecture en avant-première.
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C'est avec verve et fantaisie que Myriem Alaoui donne la parole à Jmiaa, que le destin guidé par des choix malheureux a mis sur le trottoir à Casablanca. Elle élève seule sa fille, sa propre mère ignore la vérité, son crétin de mari s'est fait la malle. Rien de réjouissant ni d' enviable donc . Et pourtant, rien ne la démotive , Jmiaa, ni les embrouilles avec les autres filles ou les souteneurs, ni les frasques de son chéri, qui n'a pas inventé l'eau tiède. Elle a d'ailleurs du répondant , que ce soit par la parole ou par les poings. Et puis, un jour , la roue tourne….

Dès les premières lignes on est surpris par le style haut en couleurs utilisé par la narratrice pour nous raconter son quotidien. Pas de faux semblants : elle appelle un chat un chat. Mais c'est si tonique que le sordide disparait derrière la truculence. Les portraits qu'elle dresse de son entourage sont drôles et clairvoyants.

Par ailleurs, Jmiaa emploie de nombreux mots en marocain, et fait référence à des personnalités du spectacle ou de la politique qui ne sont célèbres que localement. le lecteur est renvoyé à un glossaire, indispensable, qui met la lumière sur ce qui n'est en général pas fondamental pour l'intelligence du texte, mais lui donne sa couleur. Bien entendu, le revers de la médaille est que la lecture est coupée à chaque fois que l'on y a recours .

Malgré cet écueil, on est vite sous le charme de la pétillante jeune femme et le récit de ses aventures est captivant. C'est un voyage dans un Maroc pittoresque, coloré, à l'image du parler de Jmiaa, et jamais déprimant : pas de lamentation stérile, mais une capacité de réplique immédiate à l'adversité, même si le message est clair (pour les femmes qui auront raté l'étape fiançailles - mariage, le plus vieux métier du monde est l'une des alternatives, sinon la seule , juste pour espérer survivre).

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour leur confiance.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Ce livre nous conte une facette du système liberticide qui sévit au Maroc et affecte les femmes.
A travers le journal de Jmiaa, prostituée à Casablanca l'auteur:Meryem Alaoui , dont c'est le premier roman décrit par la voix forte de la narratrice au caractère très affirmé , l'âpreté de ces vies, leur fragilité , toutes ou presque ostracisées et laissées dans l'ombre, l'amoureux de Jmiaa, une brute épaisse et sans parole, Halima , sa comparse qui récite le Coran entre deux clients et d'autres.....

Jmiaa vit de passes depuis que son mari, individu paresseux, aviné , amateur de coups fourrés pour avoir de l'argent qui vivait d'expédients a quitté le pays ...

Dans une langue crue, rude, vive et gaie , hardie et sans détour elle évoque ses colères et ses rêves , le quotidien de son quartier , les amourettes et les désillusions, les conflits inévitables, la solidarité avec les autres filles .

Elle narre avec beaucoup de verve les incursions de Moui sa mère, gardienne si intransigeante des valeurs morales ....

Par contre la deuxième partie du livre ennuyeuse et répétitive, un brin plaquée peut- être, m'a énormément déçue, Jmiaa devient l'actrice d'un film retraçant le destin chaotique, agressif, violent et âpre d'une femme de son quartier ....

Livre humoristique étonnant , fantaisiste, une narratrice à la langue bien pendue ...
Agréable à lire , deuxième partie décevante .....
C'est un premier roman....


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Casablanca (Maroc), 2010*.
Pour Jmiia, prostituée de 34 ans, la plupart des femmes sont des connes, des connasses, et les hommes des bâtards, des fils de putes, des pédés (sic). Elle se prend vite la tête avec tout le monde, et quand les insultes à voix normale ne suffisent plus, elle crie et castagne - avec ses partenaires, ou ses collègues de la rue. Il faut dire que dans son milieu, la misère a beau se vivre au soleil, beaucoup de boisson et de fumette sont nécessaires pour la trouver moins pénible. Et une fois bien 'chargé', on est vite à cran.

Ce personnage de Jmiia, son franc-parler et l'animation hystérique autour d'elle ont quelque chose d'exotique, de touchant et de tragicomique. Le ton m'a un peu rappelé ceux de Faïza Guène et de Virginie Despentes, mais l'intrigue reste au premier degré, factuelle, et tourne vite en rond.

Plus j'avançais, moins les aventures de cette caricature de femme m'intéressaient. J'aurais volontiers sabré quelques dizaines de pages lors des journées répétitives de tournage, qui n'avancent ni de la queue ni de la bouche du cheval.
Et j'aurais sans doute abandonné après les cent premières pages (réussies) si j'avais su que finalement, je lisais là un remake (autobiographique ?) de...

* J'ai situé l'année grâce à la finale foot Espagne-Pays Bas – remerciements à Wiki !
___

Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour cette découverte en avant-première...
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C'est le bordel, ce roman ! Mot qu'emploie régulièrement la narratrice, prostituée au Maroc. Donc, une écriture plutôt de charretier, mais qui se prête bien au contexte, même si, parfois, j'ai l'impression qu'elle en fait trop. J'ai été amusée par son regard de quidam sur le tournage du film. La première moitié est triste et drôle à la fois dû à la verve fleurie. La seconde est un peu décevante, on se croirait dans la téléréalité, ce que tout vrai lecteur, fuit.
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Casablanca, de nos jours. Jmiaa est une jeune femme de trente-sept ans qui vit seule avec sa fille. Elle vit difficilement de la prostitution. Son mari, habitué du haschich, a donné dans différents trafics et a fini par partir pour l'Espagne en clandestin, en espérant régulariser sa situation un jour. Jmiaa a une fille qui vit avec elle et une mère, qu'elle voit de temps en temps, et qui ignore tout des activités de sa fille.
La vie s'écoule plus ou moins paisiblement, la solidarité entre Jmiaa et ses soeurs d'infortune est très grande, ce qui permet d'adoucir un peu leur sort.
Parmi les camarades de Jmiaa, Halima est certainement la plus attachante et on compatit quand on apprend qu'elle a connu une déchéance brutale après avoir vécu une idylle sur internet alors qu'elle était encore mariée, ce qui lui a valu deux ans d'emprisonnement pour pornographie et un divorce immédiat à ses torts.
Tout va changer quand "Bouche de cheval" arrive, il s'agit d'une jeune cinéaste hollandaise d'origine marocaine, qui veut réaliser un film sur le quartier où vit Jmiaa. Un film qui va rencontrer un succès certain et qui montrera à Jmiaa combien elle tient à ses racines.
Le livre est surprenant, les personnages sont pittoresques. Toutefois le langage très crû qui est souvent employé peut dérouter de nombreux lecteurs.
Avec ce livre nous visitons la société marocaine actuelle, où le poids des traditions est encore très fort (comme l'autorité absolue de la mère: Jmiaa tremble encore devant sa mère Mouy alors qu'elle a dépassé la trentaine!)
Nous découvrons les habitudes des gens de Casablanca, la nourriture, les quartiers commerçants (comme le centre commercial Alpha 55, qui sert de repère aux Casablancais, le Twin aussi à l'entrée du quartier de Maârif), les émissions de télé favorites, les chanteuses et chanteurs (l'Egyptien Amr Diab, à la mode pendant les années 90, la chanteuse Lhajja Hamdaouia.., la chanteuse féministe Najat Aatabou "la lionne de l'Atlas", le groupe Nass El Ghiwane "les Rolling Stones de l'Afrique" selon Scorcese..)
Bref un concentré de vie marocaine, une société en train de bouger malgré le poids des traditions.
L'auteure, Meryem Alaoui, est une jeune Marocaine qui vit à New York. Elle a grandi à Casablanca. C'est son premier roman. Il fait partie de la sélection des livres retenus pour le prix Stanislas de Nancy, on devrait parler de lui dans les prochains mois.
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Un roman surprenant, plein de vie, de couleurs, ça grouille de partout. C'est brut, tranchant, acide, la vie telle qu'elle peut être dans les rues de Casa, le quotidien des filles qui sont rendues à cet esclavage de leur corps.
Ce n'est pas très ragoûtant, loin de là, mais ce n'est pas sans compter sur l'humour et le caractère bien trempé de Jmiaa pour nous emporter dans sa tornade.
Au travers de son journal intime, elle nous dévoile la condition des prostitués, la misère, l'alcool etc ...
Son destin va virer quand elle fait la rencontre de bouche de cheval.
Si parfois on rit de situations cocasses, on se lasse aussi de ce langage, et des joutes verbales.
C'est bien mais à petites doses.
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Jmiaa, prostituée à Casablanca, parle comme elle pense. Changeante, grosse gueule, mais avec un coeur gros comme ça et des idées bien arrêtées.
Elle nous raconte comment, après son mariage, elle est tombée dans la prostitution et nous montre son milieu haut en couleur. C'est Bouche de Cheval, une jeune néerlando-marocaine toute maigre qui va changer sa vie: réalisatrice, elle se documente sur le monde de la prostitution et engage Jmiaa pour discuter avec elle. Deux mondes se rencontrent: celui du cinéma et celui des bas-fonds de Casa.
Pour un premier roman, il évite assez bien les écueils de la sensiblerie et des gros clichés, il est dynamique, enjoué et surprenant. On y découvre un Casablanca contemporain bien plus ouvert que ce qu'on pourrait croire et les personnages sont très vivants.
Je remercie Babelio et Gallimard pour cette lecture originale.
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