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Critique de cleophas35


Construit autour de la rencontre entre une femme (Louise) issue de la bourgeoisie provinciale et un homme (Karim) issu de l'immigration, alimenté par la lucidité féroce de l'auteur, ce roman a beaucoup d'atouts.
Les précédentes critiques ont mis en avant la pression mise sur Louise et Karim par les cadres sociaux et familiaux qui pèsent sur leurs épaules. En réalité, Louise et Karim se veulent tous deux en rupture douce avec leurs origines. Rejetant, sans grande difficulté, les valeurs familiales qui fixaient des cadres, les voilà évoluant dans une mer de subjectivité qui les entrainent de compromissions en compromissions. A mes yeux, le poids sur leurs épaules vient plus de la négation des cadres sociaux antérieurs que de leur existence. Ils évoluent en suivant les valeurs vagues et contradictoires de notre époque, qu'ils ne sont pas réellement appropriés et qu'ils piétinent sans beaucoup d'états d'âme. Et bien sûr les valeurs familiales qu'ils ignorent et dont ils se disent détachés les rattrapent au passage. Reconnaître un cadre aide à se construire, que ce soit dedans ou à l'extérieur. Je n'ai pas beaucoup ri en suivant leur histoire banale et tiède, sans vraie rencontre, sans dialogue et sans projet commun.
La métaphore politique avec En Marche! est assez parlante : c'est le croisement de personnes issues de monde différents, sans véritable projet commun, et amenés à renier ce qu'ils étaient (et les cadres dans lesquels ils évoluaient), unis d'abord par l'action quotidienne.
Cette rencontre sans rencontre, qui permet d'avancer ensemble et de croiser l'autre sans violence frontale, mais sans réelle acceptation et reconnaissance, a peut-être ses vertus politiques. A chacun d'en juger. Sur le plan domestique, elle m'a plutôt fait frémir.
Tous ces ingrédients auraient pu permettre de faire un très bon livre. Mais voilà, l'auteure manque un peu de souffle, regarde avec acuité la société contemporaine, mais ne nous emmène nulle part.
Et pour finir, je n'ai pas du tout accroché avec le style, que j'ai trouvé lourd. Quelques tentatives sont faites pour paraitre moderne et populaire, mais deux ou trois expressions vulgaires (le remarquable "c'est chaud du gland" revient à plusieurs reprises...) ne font pas du Céline, ni même du Grand Corps Malade, surtout quand les pages suivantes ressemblent à des notes prises en cours de sociologie...
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