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Critique de Dixie39


Marijosé et Fred Alie, Mère et Fille, toutes deux femmes et mères, toutes deux artistes et vagabondes, les mots à fleur de peau, le trait de crayon et l'empattement du pinceau,
« Elle et Elle » se déclarent leur amour, se montrent les traces laissées sur la peau et le coeur de l'une sur l'autre, de l'une à l'autre se livrent les devenirs, les combats, les impuissances et les pas posés sur d'autres chemins.
« Entre chienne et louve » le dialogue s'amorce et ouvre ce livre, recueil de poésies, slams et chansons de Marijosé qui fait écho aux peintures et croquis de Fred.
J'ai dans un premier temps feuilleté le recueil sans vraiment être happée par les créations de Fred Alie. Puis, au détour des pages, on s'aperçoit que rien n'est de trop, rien n'est vain ! La fille n'est pas là pour illustrer, mettre en valeur les mots (maux) de la mère. Elle les réinvente. Elle donne à voir de son vécu à elle, des colères, des peurs et des combats, qu'elle a fait siens.
Fred et Marijosé, chacune à un moment stratégique d'un temps biologique : la maternité qui a installé ses crampons dans le coeur de l'une, la vieillesse qui installe ses prémisses dans le corps de l'autre. « C'est le temps qui passe maman le temps… » murmure de Fred qui cajole à l'oreille de Marijosé Alie.

On sent cette transition qui s'opère, cette impression d'être arrivée à cette croisée des chemins où le même fol espoir, celui de la vie, poursuit sa course folle dans des veines plus jeunes. Les rôles s'inversent doucement. Naturellement.

« après tous ces silences criés ces luttes corps à corps
ces passions brûlées mes révoltes stériles mais urgentes
(…)
après tout ça tout de suite et si tu le veux bien
je viens me réfugier au creux de tes couleurs. »

Et laisse la place à une reconnaissance toute emplie d'amour et de tendresse :

« Tant qu'on rira à pleines dents pour des bêtises... Je garde mes ailes... je sais que
ces phrases que tu me donnais quand j'en avais besoin
ont pétri en partie ce dont je suis faite aujourd'hui.
Tes mots se nichent et dansent dans mes couleurs (...)»

Mais là, ce ne sont que les prémisses. Car le vrai combat est à suivre !
Marijosé et Fred nous donnent à entendre et voir. Elles mêlent leur voix à celles de ces femmes d'au-delà des mers et le voyage auquel elles nous invitent, nous parlent de souffrance, de faim, de peur, mais aussi et toujours d'amour, d'espoir et de chants.
A no(u)s zoreils, la musique semble absente, mais au fur à mesure, elle s'immisce et s'impose dans notre lecture des chants ou du slam créoles.

Fo zo lévé pou pa pléré
Fo zo lévé pou pa mouri
(…)
Cé tan pou van
Ka toué mélancoli
Pa ni rimèd' la pinn'
Si ou pas sa pren'il
Ti souri pa ka viv
Pou raconté »

Si tu penses oublier Haïti ti payi et la faim qui fait gronder les ventres et roussir les cheveux des enfants de Cité soleil, les galettes de boue qui assèchent les bouches et font grincer les dents sans assécher les coeurs, la vieille Tomaline qui a fermé sa case sur ses rêves, et la mort qui frôle et rode mais n'arrête pas le chant dans les gorges des gens ; Si tu penses oublier tout cela, n'égare pas tes yeux entre ces pages-là !
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