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Critique de marchenry


Ça se passe au Louvre dans la salle des Cariatides - et ça ne se passe pas au Louvre, ou si peu - et encore moins dans la salle des Cariatides.

Ça se passe dans la nuit du 7 au 8 mars 2020 - et ça ne se passe pas cette nuit-là, ou si peu, ou alors comme prétexte ou tremplin, comme jetée.

Ça se passe au milieu des statues et du marbre, au milieu des Artémis, des Apollon, tout près de la Vénus de Milo plongée dans l'obscurité - et ça ne se passe pas avec elles ni avec eux, ou si peu, mais avec des gens de chair et d'os, et un en particulier, magnifique et paumé, le héros de ce texte, le père de l'auteure.

La nuit au musée de Jakuta Alikavazovic, enfermée au Louvre, s'échappe, saute dans la Seine et appareille vers ailleurs. C'est un très beau road-trip, qui va de l'ex Yougoslavie à Paris, en s'exportant (un peu) aux États-Unis, dans l'Utah, près du grand lac salé ou des chutes du Niagara, à New York - et à Istanbul.

C'est aussi, plus que dans l'espace, une balade dans le temps. Jakuta est haute comme trois pommes. Jakuta boit les paroles de son père. Jakuta lui nomme les couleurs. Elle échafaude avec lui, une, dix, cent fois, les plans pour voler la Joconde. Puis elle grandit. Puis elle se teint les cheveux en rose et porte des bottes de vacher. Puis elle s'éloigne de lui, du Louvre, de Paris. Puis elle l'oublie, comme elle voudrait oublier le français - son père et le français qui continuent, malgré tout, de parler, de bouger en elle.

Comme un ciel en nous est une ode au père, la plus belle ode qui soit, une ode écrite de manière organique, vivante, changeante, avec des images plus lumineuses les unes que les autres, des digressions merveilleuses, une sincérité poignante.

L'amour, la beauté, les liens qui nous unissent, la mémoire de toutes choses : avec Jakuta Alikavazovic, la littérature nous prouve, comme le disait Pessoa, que la vie ne suffit pas.

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