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Critique de syliseuse


Dans ce conte fantaisiste, Raphaël Alix se joue des contraintes de la biologie et, du même coup, bouscule les codes sociaux et culturels. Et si l'homme et la femme étaient interchangeables ? La frontière marquant la différence ne serait-elle pas plus fluctuante que la revendication d'appartenance à un genre ou l'autre voudrait nous le faire croire ?


L'auteur s'y prend habilement pour embarquer le lecteur dans une histoire perturbante, aussi inédite qu'impossible.
Tout commence par des pas de tango, danse que pratiquent avec régularité et passion Rose et Marcus. Bien trouvé ! Quel meilleur choix que ces figures éminemment sensuelles pour déboucher sur un rapprochement fusionnel, et nous conduire in fine à cette histoire de confusion des genres absolument abracadabrantesque?


L'imagination de l'auteur et l'adhésion du lecteur vont faire le reste...

Tout en restant conscient que le Premier Homme du Monde s'apparente à la littérature fantastique (d'aucuns, plus portés sur l'interprétation psychanalytique, diraient même fantasmatique- à juste titre sans doute), le lecteur a quand même envie de croire possible cette aventure extravagante (les romans existeraient -ils si on ne consentait pas à se faire piéger ?).
Il est bien aidé en cela par les observations pertinentes de l'auteur et la justesse des réflexions qu'il met dans l'esprit d'un homme devant temporairement assumer une condition par essence féminine. Les péripéties rondement menées et la plume agréable sont aussi des éléments qui expliquent le ralliement du lecteur à une situation qu'il sait pourtant totalement irréaliste.


On peut seulement regretter que la fin du roman n'ait pas été à la hauteur de ce qu'on pouvait en attendre.

Plus on avance dans la lecture et plus on se sent impatient de découvrir par quel stratagème l'auteur a bien pu se sortir de la situation inextricable qu'il a élaborée.
En écho à l'invraisemblance du propos, je m'attendais pour ma part à une surprise. Tout était possible , au mieux un feu d'artifice d'invention, au minimum une fin ouverte qui laisserait libre cours à mon propre imaginaire.
C'est une option bien différente que Raphaël Alix a prise en proposant un dénouement biologiquement cohérent (si tant est qu'on puisse dire cela ici) et en nous laissant entrevoir une suite de vie "sur les rails". Une douche froide, une folie débouchant sur un brusque retour dans la réalité. Cette fin m'a fait l'effet d'un soufflé prometteur qui retombe juste avant d'être servi.

Ce qui m'a gênée aussi, c'est la volonté sous-jacente de l'auteur de se servir du dénouement pour démontrer que les formes de masculinité/féminité qui enferment chaque genre dans un rôle et une fonction déterminés sont à réinventer et que les hommes, notamment, ont encore quelques progrès à faire pour déconstruire leurs schémas traditionnels de virilité.
Rien de choquant en cela. de nos jours , seuls quelques barbons d'un autre temps s'offusqueront de ces idées. Comprenez-moi, les opinions de Raphaël Alix ne sont en rien dans mon insatisfaction, il ne s'agit que d'une question littéraire. C'est ce virage à la fin du roman, dans lequel il m'est apparu que l'auteur sacrifiait la fantaisie pour la défense d'une cause, aussi noble et justifiée soit-elle.
Il n'en va pas en littérature comme entre l'homme et la femme, le mélange des genres ne fonctionne pas toujours aussi bien!
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