AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fernandopaz


J'avoue que je me suis procuré ce livre pour des mauvaises raisons. Au mois de mars, j'appris que, suite à une manifestation de ses employés, l'éditeur américain avait renoncé à sa publication. Quelques jours plus tard, j'ai su que Stock allait le publier en France et me suis précipité pour le commander. Des semaines de confinement étaient passées lorsqu'un hebdomadaire nous lançait une invitation : « Que ceux qui continuent d'aimer Woody Allen n'ouvrent pas son livre ».
Eh oui, j'aime toujours Woody Allen. Son autobiographie m'a été livrée à ce moment-là. Comme je n'aime pas gaspiller, je l'ai ouverte et l'ai lue.
Monsieur Konigsberg le dit lui-même : « j'espère que vous n'avez pas acheté ce livre pour ça ». Ça, c'est, bien entendu, « l'affaire ». On reviendra.
Ce qui m'intéressait, c'était d'avoir, de sa propre plume, les secrets de fabrication d'une filmographie dont je me régale depuis quarante-sept ans. Et d'en connaître les motivations, les sources d'inspiration, les anecdotes.
J'en fus servi. Avec, en plus, une façon pudique et discrète de dévoiler sa personnalité, son parcours et ses relations avec les autres. Que ce soit sa famille, ses amis, ses actrices et acteurs, ses techniciens ou les femmes de sa vie (sauf une), tout le monde est dépeint avec une extrême bienveillance, beaucoup de respect et, dans certains cas, une touchante tendresse. Woody Allen estime avoir eu, à chaque étape de son existence, beaucoup de chance, et malgré son côté névrosé, prend les épreuves avec détachement. Il parle de son travail sans fausse modestie, visiblement fier de ce qu'il a accompli et en assumant sans détour ses ratés. Toujours avec beaucoup d'humour.
Et puis, il y a l'affaire. Cette affaire dont deux enquêtes ont conclu, voici vingt-sept ans, qu'il n'y avait même pas de quoi intenter un procès et que l'on nous ressert réchauffée depuis deux ans. Woody Allen consacre beaucoup de pages à cette histoire. Il se défend.
Ce n'est pas à moi de juger. L'affaire est classée. Ronan (Satchel) Farrow, son seul enfant biologiquement reconnu, dont Mia Farrow eut l'élégance de déclarer qu'il était peut-être l'enfant de Frank Sinatra, s'est distingué en 2017 en mettant en lumière le cas Weinstein et devint ainsi le porte-drapeau de la lutte contre les violences faites aux femmes et les abus de pouvoir. Je l'applaudis, tellement ces causes me semblent nécessaires et urgentes.
Seulement voilà : Woody Allen a travaillé pendant plus de cinquante ans avec les plus belles actrices du monde sans jamais avoir eu le moindre reproche sur son comportement et son casier judiciaire est, à ce propos, absolument vierge. En le mettant dans le même sac que Harvey Weinstein, la famille Farrow et ceux qui les suivent nuisent, et c'est bien dommage, à la cause qu'ils prétendent défendre.
Merci à Manuel Carcassonne, le directeur général des éditions Stock, pour ce livre.

Commenter  J’apprécie          354



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}