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EAN : 9782234090071
540 pages
Stock (03/06/2020)
3.61/5   112 notes
Résumé :
Soit dit en passant est le récit exhaustif de la vie de Woody Allen, à la fois personnelle et professionnelle, et revient sur sa carrière au cinéma, à la télévision, sur la scène des clubs ainsi que sur son travail d'écrivain.
Woody Allen y parle également de ses relations avec sa famille, ses amis et les amours de sa vie.
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Woody , qu'on l'aime ou non, est sans l'ombre d'un doute un personnage, un cinéaste que notre génération n'est pas près d'oublier. du moins ceux ou celles que le cinéma intéresse. Perso j'aime beaucoup certains de ses films comme Zelig, Radio Days, Annie Hall, d'autres moins comme Interieurs ou La rose pourpre du Caire. J'aime aussi ses films plus récents, comme Match Point ou Scoop, toujours très plaisants à visionner bien que de plus en plus léger. Quand à sa vie privée et autre potins, à vrai dire, ne m'ont jamais vraiment intéressée, plutôt étonnée par sa carrière de Casanova vu son physique très ingrat, et le peu de sympathie qu'il dégage. Mais bon l'homme est très intelligent et a de l'humour et j'étais sûr que son autobiographie allait me faire rigoler, car j'aime l'autodérision. Eh bien je ne m'y suis pas trompée !

Woody dés les premières pages commence par corriger certaines fausses idées sur lui. Il est loin d'être intello et a été un sportif accompli, champion de course à pied, et très bon joueur de baseball, avec même l'idée d'en faire une carrière. Aussi un excellent joueur de poker, qui lui fit gagner du bon pognon très jeune. Fervent admirateur de jazz, il s'acharnera toute sa vie à jouer du saxophone et de la clarinette, mais d'après son jugement, en vain. Et puis, vlan ! Il annonce que le thème principal de son autobiographie est: la quête de Dieu que mène l'homme dans un monde absurde et violent. Ce n'est bien sûr pas exactement ça, mais vu ses lubies, ses tics, ses phobies, le fait qu'il tombe constamment amoureux des "mishugana"*.....et qu'il s'est fait psychanalyser toute une vie, le regard qu'il porte sur lui-même, le monde et les hommes est d'une lucidité couplée d'une intelligence hors pair.

Woody parle de sa carrière cinématographique, où il a débuté en écrivant des scénarios, puis acteur, puis directeur. Il écrit tout ses scénarios et ne fait pas de répétitions. Et d'autres détails intéressants sur la réalisation de ses films, dont l'importance du scénario viennent compléter son portrait de cinéaste,« Toujours commencer par reprendre le scénario quand les choses vont de travers. »

Woddy raconte tout, sans régler de comptes avec qui que ce soit, à part “L'Affaire”. « L'affaire » est digne d'un sujet de thriller. Avant de lire ce livre j'avais ma propre opinion favorable à Woody, elle en est renforcée après cette lecture, bien que je trouve qu'il y ait aussi sa part importante de responsabilité, voir l'imprudence des polaroides , l'accusation de pédophilie contre lui en étant pour moi totalement exclue. C'est un homme simple, avec un manque d'ego discernable qui le rend à mon avis sincère. D'ailleurs à 80 ans et plus qu'aurait-Il à gagner à écrire une autobiographie, si non sincère ? Et je pense que s'il avait été capable de s'en tenir qu'à la vie professionnelle avec Mia Farrow, une grande détraquée, sa vie aurait été moins compliquée. Les choses en apparence malheureusement sont souvent très différentes de la réalité, et je crois profondément qu'ici c'en est le cas même.

J'ai beaucoup apprécié ce livre J'appréciais son cinéma, j'apprécie maintenant l'homme. Donc si ça vous tente, n'hésitez pas à le lire, pas pour le potin, mais pour visionner la vie d'un homme, d'un cinéaste qui sort du lot, "être misanthrope, ca a du bon.....les gens ne vous déçoivent jamais." Sacré Woody !


« L'art a ses raisons que la raison ignore.
Ma théorie, après toutes ces années passées à faire du cinéma, c'est que le problème provient presque toujours du scénario. C'est beaucoup plus difficile d'écrire que de réaliser un film : un cinéaste médiocre peut faire un bon film à partir d'un scénario bien ficelé, tandis qu'un grand réalisateur ne pourra jamais transformer un scénario nul en un bon film. »


Un grand merci aux Éditions Stock et NetGalleyFrance pour l'envoie du livre.
#Soitditenpassant#NetGalleyFrance

*Folles
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Il m'a toujours fait rire. J'ai vu  presque tous ses films. Et j'ai revu cent fois Manhattan, Annie Hall, La Rose pourpre du Caire, Zelig  et Match point.

J'aime ses paniques, ses complexes, ses fausses notes à la clarinette, sa façon de filmer New York, son amour pour Diane Keaton,  ses films foutraques comme ses films graves, ses fables comme ses thrillers,  ses 40 ans d'analyse et ses névroses persistantes.

J'aime qu'il soit tellement juif et si peu clanique. J'aime son égocentrisme assumé  et cette autodérision qui  le corrige. 

Bref, j'aime Woody Allen d'amour.

Je ne pouvais que me jeter sur son autobiographie, une brique ingenuement baptisée "Soit dit en passant"....

Je l'ai lu  pour en savoir plus sur son itinéraire, ses goûts, ses films, ses idoles et ses modèles, ses innovations et ses échecs, ses marottes et ses déceptions. Pour comprendre ce qui fait son génie,  pour entrer un peu dans les arcanes de la création.

Mais pas pour l'Affaire, pas pour les ragots, pas pour les scandales qui l'ont par deux fois, à 20 ans d'intervalle, et à l'initiative de la même haineuse harpie , sali et jeté en pâture aux pourceaux( pas kasher du tout, ça ! ..)

Mais Woody Allen n'est plus le jeune homme boutonneux , binoclard et gaffeur qui emballe les shiksas blondes et plus grandes que lui tant il les attendrit par ses défauts et ses maladresses.  C'est maintenant un vieil homme de 84 ans et il a beau mépriser le marigot des potins, il ne s'en sent pas moins éclaboussé et sali.

Il sait qu'il ne lui reste plus trop de temps pour tenter de se défendre. Il veut plaider sa cause et dire tout ce qu'il est. Se laver des accusations infâmes avant de se taire à jamais.

Par conséquent ce récit d'une vie de création , précis, nourri, vivant, tourne au plaidoyer "pro domo".  Mais loin de m'agacer, cette obstination à démonter par le menu ĺe procès en sorcellerie qui lui est fait  m'a émue,  touchée,  convaincue.

Il est difficile de croire  aux accusations lancées  par son ex femme , Mia Farrow,  manipulatrice au visage d'ange,  et on n'a pas envie de hurler avec les loups quand elle crie à  l'inceste, à  l'abus sexuel et au détournement de mineure après le mariage de Woody , son compagnon , avec la fille qu'elle a adoptée avant de le connaître,   majeure au moment des faits et donc libre de ses choix, ( les mots ont un sens: il y a tromperie, trahison,,tout ce qu'on voudra, mais pas inceste, abus sexuel ou detournement de mineure! ).

Le procès a lieu. Allen est disculpé.

Mais 20 ans plus tard, nouvelle campagne de diffamation lancée par Farrow et deux de ses enfants visiblement manipulés ...

Derrière l'humour, la blessure du vieux cinéaste est sensible.
Comme dans le Prête nom et au doux temps du Mc carthysme, le voilà black listé au soir de sa vie. Difficile de trouver des acteurs, des techniciens. Même ses dons au parti démocrate sont refusés.  Il sent le soufre.

J'ai refermé le livre avec une vraie amertume. 

Cette Affaire , c'est son Affaire Dreyfus à  lui.

Mais dans ĺe tourbillon de libération de la parole qui a suivi #Metoo, la voix digne et teintée d'un humour douloureux du vieux cinéaste paraît -soit dit en passant-  menacée et fragile. 

Il faudrait un Picard pour dissiper avec vigueur Ombres et Brouillard...







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« Soit dit en passant » est-elle une bonne autobiographie ?

Si vous avez aimé « Stardust Memories », « Radio Days », Broadway Danny Rose », « La Rose Pourpre du Caire », Coups de feu sur Broadway »…, vous adorerez la première partie de la vie de ce génial sociopathe, avec gourmandise et nostalgie il nous fait visiter les coulisses de l'Entertainment américain.

Si vous vous souvenez avec plaisir de « Annie Hall », « Manhattan », « le complot d'Oedipe », « Harry dans tous ses états », « Celebrity »…. Vous apprécierez de suivre les déboires sentimentaux et l'analyse faussement modeste de ce parfait narcissique.

Et si vous avez adoré « Crimes et Délits », « Maris et femmes », « Match Point », « le rêve de Cassandre »… vous vous délecterez des 120 pages que Citizen Allen consacre à l'Affaire et à sa vérité.
On peut regretter que la dite 'Affaire, prenne un peu trop de place au détriment de ses vingt-cinq dernières années de création.

Si comme nous, vous avez déjà eu l'occasion de dévorer d'autres biographies d'Allen, par exemple, celle des entretiens du cinéaste new yorkais avec Eric Lax, vous n'apprendrez pas forcément grand chose avec ce « Soit dit en passant »

Toutefois, ne boudons pas notre plaisir, cette biographie reste un vrai plaisir de lecture.

Il faut dire qu'elle est à l'image de son auteur, très drôle-, il ne manquerait plus qu'elle ne le soit pas- mais aussi instructive, sincère et profonde.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ce qu'il y a de plus intéressant dans cette autobiographie de Woody Allen ? L'enfance et l'adolescence, certainement. Les débuts artistiques sur scène, sans aucun doute. D'autant qu'Allen a plutôt été avare de détails sur ces sujets. le déroulé de sa filmographie ? Peut-être moins passionnant peut-être, encore qu'il nous livre des portraits auréolés de jugements fort intéressants de personnalités du spectacle dont il s'est entouré ou qu'il a pu rencontrer. On notera qu'il n'est pas avare de louanges, la plupart du temps, sur les acteurs, actrices, techniciens, producteurs, imprésarios et auteurs ("être Tennessee Williams ou rien !") qui l'ont accompagné sa vie durant. Et tant pis si les béotiens, dont je suis, devront parfois se reporter sur Wikipedia pour en savoir davantage sur les personnages évoqués.
C'est un récit où dominent, sur un registre distancié, la bienveillance et l'absence totale d'aigreur et d'inimitié, le tout sur un ton vif, alerte, où l'humour, évidemment, n'est jamais absent.
J'évoquais l'absence d'aigreur. Elle se fait particulièrement ressentir me semble-t-il dans les pages consacrées à "l'affaire", où l'autodérision permet au lecteur de suivre un récit dépassionné et particulièrement convaincant, et Dieu sait si le dossier est accablant pour ses adversaires, qui n'ont malgré tout jamais relâché la pression, en dépit de deux enquêtes qui ont totalement blanchi Allen. Les méthodes d'éducation de son ancienne compagne et égérie sont à cet égard totalement stupéfiantes.
Bravo en tout cas à Manuel Carcassonne, patron des éditions Stock, d'avoir bravé les campagnes de presse et d'intimidation venues d'outre Atlantique, et de nous avoir permis de lire ce livre d'une vie appelé à figurer sur les étagères de tous les cinéphiles !
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En grande amatrice du cinéma de Woody Allen, de son univers et de son humour, de ses livres aussi (Pour en finir une fois pour toute avec la culture, Dieu, Shakespeare et moi, entre autres), je ne pouvais que lire son autobiographie.

Mais, c'est avec une certaine appréhension que je l'ai commencée, me doutant que, forcément, forcément il allait évoquer " l'affaire .. mais comme il l'écrit :" Cette histoire viendra plus tard. Et en recèlera d'autres", ajoutant à l'attention de ses lecteurs : " J'espère que vous n'avez pas acheté ce livre pour cette raison".

Alors oui, bien sûr, Woddy Allen en parle mais avant tout, et pour commencer, il nous raconte avec humour son enfance choyée à Brooklyn, comme dans " une bulle", dans une famille juive d'origine russo-allemande, entre une mère (pas si commode que ça entre nous) et un père magouilleur mais aimant, tous deux aussi éloignés de la culture que nous le sommes de la planète Mars. " J'ai grandi comme un prototype de limacon ", dit il tout en arguant avoir été très sportif, optimiste, fédérateur et meneur. Petit garçon amoureux de cinéma, de sport, de radio, de jazz. Se rêvant tour à tour, chimiste, prestidigitateur, agent du FBI ou agent secret. Détestant l'école, cancre donc mais doué pour l'écriture et pour inventer des histoires, le petit Woody s'est hissé seul avec culot et une certaine inconscience vers le monde du spectacle en présentant ses sketchs devant une dizaine de spectateurs, en comique maladroit, timide et donc irrésistiblement drôle, avant d'attirer l'oeil des producteurs de salles : auteur de sketchs pour des shows télévisés, scénariste en chef (gagnant à lui seul plus d'argent que ses deux parents réunis alors qu'il n'était pas encore entré dans le monde des adultes), il n'y avait qu'un pas pour qu'il ouvre le rideau rouge de l'écran de cinéma (comme Cécilia, l'héroïne de la Rose Pourpre du Caire qu'il créera en 1985). Enfin, il allait pouvoir vivre comme ses idoles : "J'adorais les comédies au champagne qui se déroulaient dans des appartements immenses", dit-il en assumant son amour du cinéma des années 40.

C'est cette partie du livre qui est la plus passionnante et la plus drôle. On vit avec lui l'entertainment new-yorkais, l'atmosphère bouillonnante d'alors, des talents qui éclosaient, de la fantaisie, de la liberté de ton.

Et puis, parce qu'il faut bien qu'il en parle, parce que l'on sent qu'il faut qu'il s'explique, suivent plus de cent pages concernant l'affaire. Il faut bien que j'avoue que comme tout le monde, j'en ai bien sûr lu des pages et des titres sur cette affaire. Spectatrice malgré moi de tonnes de linges sales lavés en public dans de grosses machines tournant à plein régime, j'ai fait une sorte de
blocage dans un mécanisme de protection afin de ne pas casser le mythe. Résultat, je n'en avais rien appréhendé de précis puisque, selon moi, l'affaire
, c'était sa liaison amoureuse avec sa fille adoptive, Soon-Yi (oui, effectivement, me disais-je). " Quelques cinglés s'imaginent ainsi que j'ai épousé ma propre fille, que j'étais le père de cette enfant, que Mia était ma femme, que j'avais adopté Soon-Yi, et qu'Obama n'était pas américain. En fait, il n'y a jamais eu de procès. Je n'ai jamais été reconnu coupable de quoi que ce soit, et les enquêteurs ont parfaitement compris qu'il ne s'était rien passé du tout", écrit-il.

Deuxième partie du livre, donc, on y est. Avec forces détails, Woody Allen nous explique comment il s'est retrouvé au coeur d'un des plus sombres scénario de films de procès - et là, il ne s'agit pas de cinéma -, comment il s'est retrouvé accusé dans les années 1990 d'avoir abusé sexuellement de sa fille de 7 ans, Dylan, par la mère de celle-ci, Mia Farow, sa muse de cinéma et son ex-compagne, alors qu'il avait engagé une bataille judiciaire pour obtenir des droits de visite à l'égard de leurs deux enfants. Alors, je vous passe les détails de cette tragédie familiale, car cette quasi plaidoirie n'est pas la plus drôle de ce livre ( bien évidemment). Lavé par de multiples enquêtes d'experts judiciaires en agression sexuelle sur mineurs, Woody clame son innocence à ses lecteurs et même s'il argue s'en ficher pas mal maintenant, on sent combien le fait d'être blacklisté, et lâché par certains de ses amis, du cinéma américain en général et même du New York Times (son journal préféré qu'il dégustait tous les matins en buvant son café) et même par les maisons d'éditions américaines qui ont refusé de sortir son livre (finalement sauvé par un éditeur indépendant), l'a blessé profondément.

En épilogue, il crie son amour inconditionnel et son admiration envers Soon-Yi, son épouse depuis trente ans, et écrit : " Plutôt que de ne jamais cesser de vivre dans le coeur et l'esprit du public, je préfère vivre dans mon appartement" .

Hannah et ses soeurs, Manhattan, La Rose pourpre du Caire, Annie Hall, Stardust Memories, c'est mon cinéma, ce sont des souvenirs de grandes discussions après séances où l'on se refaisait tout le film. Diane Keaton, ses chapeaux et ses costumes so chic. La neige sur Brooklyn Bridge, les bancs d'amoureux dans les parcs. C'est la ville de New York la mieux filmée du monde et c'est Woody Allen.
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critiques presse (1)
Telerama
02 mai 2022
On préfère l’auteur dans la plupart des quatre cents autres pages, quand, au soir d’une existence beaucoup moins « routinière » qu’il l’écrit, il redevient, au fil de digressions et d’apartés plus ou moins sérieux, le conteur virevoltant de son quotidien, de ses amours, de ses créations et de ses passions artistiques.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
À l’école, aucun professeur n’avait jamais su présenter la lecture pour nous la faire aimer. Les livres et les récits qu’ils choisissaient étaient ternes, sans humour, aseptisés. Aucun des personnages dans ces histoires soigneusement choisies pour un jeune public ne pouvait se comparer à Plastic Man ou au capitaine Marvel. Vous croyez sérieusement qu’un chaud lapin d’adolescent (là encore, au risque de contredire Freud, je n’ai jamais connu de période de latence), qui aime les films de gangsters avec Humphrey Bogart, James Cagney et les blondes faciles et sexy, va s’intéresser à fond au Cadeau des Rois mages d’O. Henry ? Bon, l’héroïne vend ses cheveux afin d’offrir à son amoureux une chaîne pour sa montre de gousset, et lui-même vend la montre en question afin d’offrir à sa chérie des peignes pour ses cheveux… Et alors ? La seule morale que j’en aie tirée c’est que rien ne vaut l’argent liquide comme cadeau.
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Enfin, ma bar-mitsvah arrive. De nos jours, il existe des bar-mitsvah à thème : La Guerre des étoiles, le roi Arthur, le Far West. La mienne avait plutôt à voir avec Les Bas-Fonds de Gorki. Mon entrée dans le monde des hommes ne se fait pas dans de prestigieux salons privés, mais à la maison, près du chemin de fer. Mes oncles et autres hommes de la famille, tous gros fumeurs malgré la ronde infernale des crises cardiaques et infarctus, sont là face à moi, et ils me font un clin d’œil en me serrant la main pour me glisser un billet de 10 dollars dans la paume. Tu parles d’une affaire ! Comme s’ils m’avaient balancé 1 000 dollars !
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Changer de nom s'accordait parfaitement à mes rêves de faire mon entrée dans le show business... Au fil des ans, nombreux sont ceux qui se sont demandé pourquoi je l'avais transformé en "Woody Allen". Certains ont affirmé que c'était à cause du clarinettiste Woody Herman, mais je n'ai absolument jamais fait ce rapprochement. C'est incroyable ce que certaines personnes peuvent être stupides : une hypothèse était que je jouais beaucoup au stickball dans les rues de Brooklyn et que les manches des balais utilisés pour cette variante du baseball étaient en bois. En vérité, c'était totalement arbitraire. Je voulais garder quelque chose de mon nom original (Allen Konigsberg), donc j'ai conservé Allen comme patronyme, et caressé l'idée de choisir J. C. comme prénom, mais j'ai craint qu'on se mette à m'appeler Jay. Ensuite j'ai songé à Mel, mais Mel Allen était un célèbre chroniqueur sportif, la voix officielle des New York Yankees. Finalement, mes troubles déficitaires de l'attention se déclarèrent et je choisis Woody à partir de rien. C'était court, ça allait bien avec Allen, il y avait là une vague touche comique, au contraire de Zoltan ou Ludvicio par exemple. Ce nom m'a bien servi même si de temps à autre, parce que nous jouons du même instrument, on m'a appelé M. Herman. Une jour une vendeuse de Bloomingdale qui m'avait reconnu après mon passage au Johnny Carson Show et avait du mal à cacher sa nervosité m'a même demandé : "Ce sera tout, monsieur Woodpecker ?"
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Pour faire bonne impression, ou plutôt ne pas avoir l'air d'une mauviette (je le suis en réalité et fais souvent tout ce que je peux pour le dissimuler), j'acceptai une excursion en bateau à la demande pressante de la très belle Janet Margolin au cours du tournage de Prends l'oseille et tire-toi.... Après m'être vanté de mes exploits en mer et avoir appelé l'équipage "mes petits coeurs", je me retrouvai allongé sur le pont, prêt à échanger Janet contre un cachet de Nautamine. Comme nous n'étions encore que dans la baie de San Francisco, à petite distance du rivage, personne ne prêta attention à ma demande d'être transporté en hélicoptère jusqu'à l'hôpital le plus proche. De retour sur la terre ferme et m'éloignant de l'embarcation, livide et complètement chaviré, je bredouillai une excuse ayant trait à une infection de l'oreille interne, contractée au Soudan alors que j'enseignais à des Nubiens à jouer les sketchs "Flugel Street" et "Who's on First".
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A peu près à la même époque, une lettre arriva au courrier et je me dis que c'était peut-être cette proposition de Bob Hope qui ne s'était jamais concrétisée... En fait, j'étais appelé sous les drapeaux. Vous pouvez sans mal imaginer ma surprise et mon enthousiasme. Enfin une chance de vivre dans une caserne remplie d'hommes, de me doucher avec une vingtaine d'inconnus, de partager des latrines avec des types qu'on appellerait Alabama et Texas, alors que moi, on me surnommerait Brooklyn. Le réveil en sursaut à 5 heures 30, manoeuvres toute la journée, obéir aux ordres d'un homme de Neandertal à la tête rasée et au cerveau de plancton. Et la tambouille ! Enfin libéré du régime new-yorkais de l'aloyau, du homard, des hamburgers du Twenty-One, et de mon sandwich grillé favori, le Reuben. Fini le poulet du général Tso, remplacé par celui du général McArthur... Naturellement, j'étais impatient de voir le théâtre des combats. D'être recroquevillé et terrassé par le mal de mer, quand ma péniche accosterait et que je toucherais le rivage sous les rafales des mitrailleuses ennemies. Les blessures, l'hôpital, Harold Russell en personne. Enfin une chance de devenir un héros, qu'on me décerne une médaille. La fierté de servir mon pays.
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"Soit dit en passant" de Woody Allen lu par Jean-Luc Kayser I Livre audio
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