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Critique de StCyr


StCyr
11 février 2017
A travers les destinés d'Irène et de Francesco, de leur famille, de leurs amis, de leur proches, Isabelle Allende donne voix au chapitre à tous ceux qui subirent le joug de la junte militaire au Chili.

Irène, jeune journaliste et fille de la bonne bourgeoisie chilienne a longtemps vécu dans l'ignorance de ce qui se passait dans son pays. Francesco, issu d'un milieu modeste d'immigrés espagnols ayant fuit le Caudillo, est un jeune homme dont l'expérience des abus quotidiens du régime a éveillé en lui la soif paternelle de vérité et de justice. Ces études de psychologie ne lui offrant guère de débouché, il est devenu photographe. Leur enquête mutuelle sur la disparition d'une jeune fille déséquilibrée les menant à la découverte d'un charnier, les dangers qu'ils vont courir et les persécutions qu'ils vont endurer va peu à peu les rapprocher; ce qui n'était que relation professionnelle, va vite se transformer en amitié, puis en amour.

L'auteure décrit la vie sous la dictature de Pinochet comme une illusion forcée pour la bourgeoisie et les classes dirigeantes et une réalité clandestine pour la partie déshéritée de la population. Le régime procède par des arrestations arbitraires, des assassinat d'opposants; les disparitions inexpliquées se multiplient, les morgues, ne pouvant plus faire face à l'influx ininterrompu de cadavres rendus impossible à identifier, défigurés qu'ils sont par la torture, sont débordées, et pour ceux qui sont suspectés d'avoir eu des activités syndicales, c'est la mort sociale par l'inactivité forcée, la mise au ban de la société par l'apposition de leur nom sur la liste des proscrits; les bidonvilles sont masqués à la vue de la population. Parallèlement la bourgeoisie vit dans une bulle, complètement à l'écart, dans des quartiers ultra sécurisés, abreuvée par les propos lénifiant d'une presse à la solde du pouvoir et des programmes télévisuels déconnectés de la réalité de leur pays.

Le père de l'auteure, diplomate, est le cousin du président Salvador Allende qui fut renversé par la junte militaire toujours au pouvoir lorsqu'elle écrivit le présent livre. D'amour et d'ombre est un roman militant, un témoignage de l'horreur de la dictature, important à ce titre. Néanmoins, j'en ai trouvé la prose quelconque, avec de trop nombreuses formules convenues; on sent que l'auteure demeure une femme de la haute bourgeoisie qui s'apitoie sur le malheur du bon peuple. Le livre aurait gagné en charge dramatique et émotionnelle s'il ne s'achevait pas sur une note de relatif espoir.
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