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Critique de Eric76


Ce livre est comme un torrent. Dès les premières phrases, tu es emporté par une verve torrentielle, un déchainement de mots, d'images, de couleurs, d'odeurs. Tu en prends plein la figure. On t'embarque sur une montagne russe ou tu passes brutalement d'un sentiment à un autre : franche hilarité, colère fulgurante, haine vive, amour passionné, ambition démesurée, folie de revanche, insouciance et gaieté des enfants, souffrance du coeur et du corps… le rythme est ébouriffant, tonitruant, et puis d'un seul coup, sans crier gare, il passe à la petite musique douce qui te serre le coeur, et à l'infini tristesse qui te fait pleurer. Ça n'arrête pas durant 530 pages.
Ce n'est pas une lecture de tout repos. À chaque fois que tu fermes le livre, tu as des étoiles plein les yeux, tu as le tournis, ou tu renifles, c'est selon ! Et pourtant, tu en redemandes, parce qu'une symphonie pareille, ce mélange de force, de vigueur, d'amour plein, de tendresse, d'incroyables loufoqueries, tu n'en rencontres pas beaucoup dans ta vie de lecteur…
On est dans un pays andin qui ressemble furieusement au Chili. « Plusieurs générations de toqués capables des pires extravagances » vont raconter son histoire durant les deux premiers tiers de ce XXème siècle furibond et sanguinaire. Ces légions de paysans presque esclaves et ces puissants hobereaux fiers et méprisants ; l'arrivée de la voiture et de l'électricité, les guerres et la libération des moeurs… le petit peuple misérable qui prend soudainement conscience de son nombre et de sa puissance, les terroristes de bistrot, les manoeuvres sournoises des grands propriétaires terriens, le train de la victoire, et au bout du compte l'élection d'un président de gauche reconnaissable grâce à ses grosses lunettes aux verres épais. Un pays qui se divise, qui se déteste, au bord de jours atroces. On connait la suite.
Je ne suis pas prêt d'oublier tous ces personnages haut en couleur qui croquent la vie à pleine dent. Clara ! La belle, la douce, l'ondoyante, la diaphane Clara. Clara l'extra lucide, un pied dans le monde des vivants, un autre dans celui des revenants. Esteban Trueba, avec sa grosse voix rugissante, sa canne au pommeau d'argent, son ambition démesuré, sa violence aveugle et son amour inconditionnel. Jaime le Saint, et l'autre Esteban, plein de fiel et fou de vengeance. D'autres encore que je ne cite pas. Une famille qui se déchire et finit par se haïr, à l'image de son pays.
Et pour finir Alba, l'aimante et héroïque Alba, unique survivante de cette famille de foldingues, qui prend le relais après avoir fermé leurs yeux, à toutes et tous.
Le livre commence et s'achève par ces mots : « Barrabas arriva dans la famille par voie maritime... »
Si tu ne l'as pas déjà lu, fais-le sans tarder ! le tourbillon est vertigineux, mais tu peux y aller sans crainte.
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