Citations sur Roman à l'eau de bleu (10)
« … Comme ces messieurs sont étranges ! Voilà qu’après avoir glapi, gémi, réclamé haut et fort qu’on les traite comme les égaux des femmes, après avoir dénoncé les discriminations dont ils seraient l’objet, voilà qu’ils exigent un traitement spécifique ! Logique masculine sans doute… Rappelons ce qu’ils semblent ignorer : dans notre langue, qui ignore le neutre, e féminin est le genre non marqué, c’est-à-dire qu’il englobe la totalité de ce qui relève de l’un ou l’autre genre. Le masculin, genre marqué, ne représente qu’une catégorie à l’intérieur de l’ensemble. Il est de fait inclus dans le féminin, comme le fœtus, mâle ou femelle, est inclus dans le corps de sa mère ! La preuve : la forme masculine est parfaitement lisible dans le féminin ! Ainsi, le mot députée renferme le mot député, le contient, lui donne un cadre et une existence ! A-t-on conscience de ce qu’un députée, si on appliquait la masculinisation, deviendrait… un député ? […] Ne vous en déplaise, on continuera à dire Monsieur la Députée, Monsieur la Docteure, Monsieur la Présidente, Monsieur la Directrice, Monsieur la Rectrice… […] Dira-t-on assez la laideur de mots comme directeur, docteur président ? Et le grotesque de pompier, écrivain, entraîneur ? On pardonne tout à un homme, sauf qu’il renonce au premier de ses charmes, la beauté. Ces mots sont laids, et notre langue refuse la laideur, surtout quand elle est masculine. Demeurez donc féminins dans vos fonctions et masculins dans nos cœurs. Vous aurez droit à notre respect en tant que ministres et à nos hommages en tant qu’hommes. »
– Kim, c’est la première fois que tu te fais larguer, mais ce n’est pas la dernière. La vie est comme ça, les femmes sont comme ça, elle vaut mieux que tu t’y fasses.
– Que je m’habitue à me faire jeter ? C’est ma mère qui me dit ça ?
– C’est le seul moyen pour t’empêcher de souffrir. Ce ne sont pas les femmes qui changeront. T’es-tu jamais demandé pourquoi le mot amour, est singulier au masculin et pluriel au féminin ?
–…
– Parce que les femmes sont naturellement polyandres , et les hommes spontanément, monogames. Pour elles, les amours sont multiples. Il est unique pour l’homme.
–…
– C’est physiologique, même sexuellement. Une femme peut, sans problème avoir du plaisir avec plusieurs partenaires, alors qu’un homme a besoin de se reconstituer à chaque fois. La femme prend, l’homme donne. On ne se lasse pas de prendre, mais on ne donne pas que ce qu’on peut.
–…
–… C’est complètement logique. On dit souvent que la femme est chatte et que l’homme est chien. As-tu déjà pensé au sens profond de cette image très juste ?
–…
– C’est simple. La chatte est indépendante. Affectueuse, mais seulement si elle veut quand elle veut. Libre. Le chien, lui n’a pas d’autonomie. Il a besoin d’une maîtresse, il a besoin d’obéir, il est fidèle et joueur. Il a besoin de suivre.
Un vague brouillard ouatait toute chose et rendait le silence presque consistant
Reddition sans condition. Victoire écrasante du couple diabolique sofa-télé. Il s'enfonçait dans l'un et s'immergeait dans l'autre. Corps et âme. Les heures filaient à la queue leu leu, prévisibles, identiques et engourdies.
Les femmes lui apparaissaient comme la forme humaine la plus achevée. Toute la gloire, le triomphe de cette espèce démunie plus que toute autre, sans poils, sans crocs, sans griffes et sans ailes, tenait à sa capacité à faire tenir l'immensité de l'esprit dans la carcasse la moins équipée pour la survie. Adélaïde était l'humanité même. Son épure. Comme un parfum. Plus le flacon était réduit, plus la substance était précieuse. Essentielle. Un concentré de féminité. Jamais lui, lourd, poilu, musclé, animal, ne lui arriverait à la cheville. C'était comme ça. Le bonheur des hommes était de pouvoir s'élever en aimant les femmes. Les femmes, en
aimant les hommes, montraient leur seule vraie faiblesse: une espèce de bestialité latente, un brin perverse. Une chance. Pour lui. Qu'elle le regarde seulement, et il se sentait comblé. Qu'elle le regarde seulement. Longtemps. Mais elle ne le regarderait pas. Pas elle. Pas lui.
Elle va vouloir te faire essayer des amplicouilles, des caleçons pigeonnants, des étuis péniens gonflables. P 60
« … Comme ces messieurs sont étranges ! Voilà qu’après avoir glapi, gémi, réclamé haut et fort qu’on les traite comme les égaux des femmes, après avoir dénoncé les discriminations dont ils seraient l’objet, voilà qu’ils exigent un traitement spécifique ! Logique masculine sans doute… Rappelons ce qu’ils semblent ignorer : dans notre langue, qui ignore le neutre, e féminin est le genre non marqué, c’est-à-dire qu’il englobe la totalité de ce qui relève de l’un ou l’autre genre. Le masculin, genre marqué, ne représente qu’une catégorie à l’intérieur de l’ensemble. Il est de fait inclus dans le féminin, comme le fœtus, mâle ou femelle, est inclus dans le corps de sa mère ! La preuve : la forme masculine est parfaitement lisible dans le féminin ! Ainsi, le mot députée renferme le mot député, le contient, lui donne un cadre et une existence ! A-t-on conscience de ce qu’un députée, si on appliquait la masculinisation, deviendrait… un député ? […] Ne vous en déplaise, on continuera à dire Monsieur la Députée, Monsieur la Docteure, Monsieur la Présidente, Monsieur la Directrice, Monsieur la Rectrice… […] Dira-t-on assez la laideur de mots comme directeur, docteur président ? Et le grotesque de pompier, écrivain, entraîneur ? On pardonne tout à un homme, sauf qu’il renonce au premier de ses charmes, la beauté. Ces mots sont laids, et notre langue refuse la laideur, surtout quand elle est masculine. Demeurez donc féminins dans vos fonctions et masculins dans nos cœurs. Vous aurez droit à notre respect en tant que ministres et à nos hommages en tant qu’hommes. »
Les hommes avaient également obtenu le droit de garder leur nom de jeune homme accolé à celui de leur marie, et d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de celle-ci. P63
Liberté égalité sororité ! Même la devise du pays excluait les hommes.