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Critique de Afleurdelivres


Quel formidable roman d'amour et d'apprentissage! Un hymne à la liberté et à la littérature. C'est du fond de sa cellule à Istanbul que l'auteur Ahmet Altan, alors prisonnier politique, trouve l'inspiration pour créer de sa plume salvatrice une femme extraordinaire et flamboyante, allégorie de la liberté : Madame Hayat . Vu le magnifique portrait qu'il en fait elle a du lui apparaître dans sa geôle comme elle apparaîtra au jeune Fazil, le narrateur, et au lecteur, de manière archangélique dans un halo d'or aux nuances d'Ambre. Apres la ruine et la mort de son père, Fazil, déclassé socialement, part faire des études de littérature. Il loue une chambre dans un immeuble, sorte d'auberge espagnole, aux colocataires bien singuliers mais solidaires et se heurte à la réalité du régime autoritaire et arbitraire turc. C'est dans un studio de télévision souterrain qu'il voit la plantureuse Mme Hayat, figurante, se trémousser allègrement devant les caméras. Il est subjugué par cette femme d'âge mûr aux cheveux feu et or, à la robe couleur de miel, au parfum de lys, au rire ravageur et aux rondeurs exhibées. Désinvolte, généreuse, secrète, elle l'initie aux plaisirs et changera sa conception de la vie avec authenticité, simplicité, sensualité et joie de vivre dans un contexte politique pourtant tendu et répressif. Tout les oppose mais ils sont liés corps et âme. Il est passionné de littérature, elle a l'intelligence de la vie. « Madame Hayat était libre. Sans compromis ni révolte. Libre seulement par désintérêt, par quiétude, et à chacun de nos frôlements, sa liberté devenait la mienne ». Elle provoque chez lui une ambivalence affective entre désir et éloignement, fascination et honte, déni d'amour et passion. Puis vient la rencontre avec Sila jeune étudiante avec qui il a de nombreuses similitudes, l'antithèse de madame Hayat. Désordre émotionnel. Attaché profondément aux deux, prisonnier de ses deux désirs, il s'égare dans la confusion des sentiments. Ce roman d'une grande justesse, empli de belles réflexions sur la vie, le hasard et les clichés, prend aux tripes et on le referme sur une fin sublime avec ce sentiment oppressant ressenti tant de fois par Fazil : le manque.
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