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Critique de baribal


Megalodon exhibait en 1997 une couverture explicite vendant son auteur comme parfaitement compétent dans le domaine marin, passionné de paléontologie avec mention, diplômé par l'académie des fans de documentaires Arte sur les squales, laissant sous-entendre qu'une telle proposition, celle là même qui se dessine dès les premiers chapitres du livre, était loin d'être insensée, pour ne pas dire, osons-le, complètement probable.

Steve Alten va donc nous raconter ici comment un type, Jonas de son prénom, ce qui forme déjà un petit spoil en soi, va, dans sa quête obsessionnelle, partir dans les abysses pour trouver le megalodon, va le trouver, va l'observer, va avoir un problème et va le remonter à la surface. Par mégarde. Oui parce qu'un requin de 22 mètres pour 50 tonnes, si on a le choix, on le laisse au fond de l'océan. Parce-qu'un chalutier, c'est une planche de mousse pour lui. Les plaisanciers, des crakers. Les baleines, des en-cas. Et c'est à la fois un écosystème et une économie que viendrait chambouler pareil animal s'il revenait soudainement dans nos belles eaux saumâtres. Et c'est bien-sûr ce à quoi on assiste ici.

J'me souviens, quand j'étais ado, j'y croyais. Je veux dire, la quatrième de couverture me dit que l'auteur est un pro des requins, comment douter ? le type part de cette bonne vieille découverte, si chère à la cryptozoologie, qui a révélé des dents de megalodon relativement récentes, ramenant sa disparition à 1,5 million d'années avant notre ère. Et Alten réduit encore le truc à 10 000 ans avant de parler de dents non fossilisées et d'utiliser cette bonne vieille fosse des Mariannes pour évoquer le repaire probable de la bête. Alors ça fonctionne, j'vais le nier, ça tient en haleine, et j'pense que ça fonctionnerait pareillement aujourd'hui, je n'en doute pas une seconde d'ailleurs. Quand ça parle de requin, j'suis pas trop regardant. Un tel livre, avec une vraie proposition, toute aussi simple et insensée soit-elle, une sorte de série B bien grasse et enthousiaste en somme, nul doute que ça fonctionnerait.

Et de la série B, Megalodon tire tous ses atouts. Une histoire débile, un final over the top — v'là l'Jonas avalé tout rond farfouillant dans l'bordel pour trouver le coeur de la bête à la seule force de son canif... — , un requin titanesque qui promène une gueule béante large comme un garage, un aileron de 2 mètres et gobe des bateaux et des rorquals bleus et, bien entendu, des débilités scientifiques cosmiques, faisant honneur à l'annonce d'un auteur paléontologue à ses heures. Mais comment s'en passer ? Comment se refuser la rencontre du squale géant avec un tyrannosaure en plein crétacé dès la scène d'ouverture du livre (mais le carcharocles megalodon est un animal du Cénozoïque, on date ses fossiles de - 28 à - 1,5 millions d'années, pas - 66, hé Steve !) ou comment se refuser un megalodon en aquarium alors que mince, le requin blanc lui-même ne peut vivre dans de telles conditions ? (j'ai appris ça dans Jaws 3, vous pensiez vraiment que j'lisais des livres ?). Mais comme dans toutes bonnes séries B de bêbêtes, l'acuité scientifique et le réalisme sont à troquer pour l'euphorie et la générosité, éléments indispensables devenant très vite addictifs. Et puis Megalodon fait le beau choix de se contenter de son postulat de départ, à savoir un monde perturbé par un requin géant, et ne cherche pas à dériver vers le mystique, le fantastique à grande échelle ou je n'sais quel autre moyen pour transformer une histoire simple en intrigue plus ample et souvent parasite (cf Carthago). Ici, on se contente du requin de 50 tonnes et c'est déjà bien suffisant.
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