AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de berni_29


Nous sommes au Brésil, à Rio de Janeiro. Tandis que la Seconde Guerre Mondiale fait rage, ici l'Estado Novo, la dictature militaire au pouvoir, proche de l'idéologie nazie, serre le pays dans un étau effroyable.
Le grand poète académicien Antônio Bruno vient de mourir, emporté par une crise cardiaque. Mais qui était Antônio Bruno ? Certainement un grand défenseur des arts et des lettres, de la liberté, grand amateur de la France, fou amoureux des femmes qui le lui rendaient bien, son écriture évoquait davantage l'amour, les galanteries, que l'engagement politique, hormis son surprenant et ultime poème Chant d'amour pour une ville occupée.
Paris était pour lui comme une terre natale, c'est sans doute la douleur d'imaginer le bruit des bottes allemandes foulant les rues de la Ville des Lumières qui le précipita dans la mort.
Il laisse donc derrière lui une place vacante au sein de la prestigieuse Académie des Lettres brésiliennes qui est un peu l'équivalent de notre Académie Française. Je dis un peu car il semblerait qu'elle soit peut-être même plus prestigieuse. Y entrer est un honneur, une reconnaissance au même titre que prétendre viser les plus hautes fonctions de l'État.
Un homme se dit que c'est l'occasion de briguer cette place pour asseoir ordre et autorité au sein de cette instance suprême qui en a bien besoin : il s'agit du colonel Agnaldo Sampaio Pereira, grand admirateur du IIIème Reich, qui se targue d'avoir commis jadis quelques poèmes romantiques dont il est peut-être le seul aujourd'hui à s'en souvenir. Les dictateurs ça ose tout, c'est même à cela qu'on les reconnaît. Emporter ce poste qu'il brigue ne sera qu'une formalité puisqu'il est le seul candidat, mais il a une ambition bien plus grande, en effet le colonel entend relever le défi suivant pour son honneur et celui de la junte militaire qu'il incarne : être élu à l'unanimité, rien que cela... du reste, qui oserait s'opposer à un sbire du régime en place ? Il veut que son élection soit un triomphe.
Pour beaucoup, cette candidature est jugée scandaleuse, venant abîmer l'image des arts et des lettres et la réputation d'une maison prestigieuse. Alors on est à la manoeuvre dans les coulisses pour trouver un autre candidat, on s'agite, on le trouve, certes il s'agit d'un autre membre de l'armée, poète d'opérette tout aussi inspiré que le colonel, mais personnage bien plus libéral, plus démocratique en la personne du général Waldomiro Moreira.
On se dirige alors vers une bataille, c'est La bataille du Petit Trianon qui va s'accomplir, le Petit Trianon étant le nom donné à l'Académie des Lettres brésiliennes, et cette bataille va donner lieu à moultes péripéties, affrontements, manoeuvres où tous les coups sont permis..., mais aussi offrant une occasion inespérée de découvrir mieux le poète disparu, sa vie, son oeuvre, ses chemins sensuels et amoureux...
J'ai découvert et lu avec beaucoup de jubilation ce petit récit de Jorge Amado qui tient du conte, de la fable, de la parabole, mais surtout qui ne manque pas de saveur.
J'ai adoré ce style truculent et généreux qui est un peu l'empreinte de Jorge Amado. L'auteur brésilien nous offre ici des personnages hauts en couleur, dans des situations picaresques, se promenant entre vagabondage et libertinage, mêlant les petites histoires qui effeuillent la peau et les coeurs avec la terrible Grande Histoire qui broie les corps. J'ai été particulièrement sensible à certains personnages féminins touchants par leur engagement, leur résistance à l'oppression, leur rage d'espoir en la vie.
Ce qu'il faut peut-être retenir de de ce roman, n'est-ce pas un hymne à la liberté, plus que jamais essentiel.
Commenter  J’apprécie          512



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}