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Critique de andman


C'est la troisième fois que lis avec le même bonheur ce roman de Jorge Amado, le grand écrivain humaniste disparu voici 12 ans déjà.
Les deux premières lectures étaient rapprochées et remontent à une trentaine d'années mais ce livre, aujourd'hui jauni, occupe depuis cette date une place de choix dans ma bibliothèque.
J'ai vraiment grand plaisir à vous faire découvrir ce coup de coeur durable !

Alors qu'il se trouve à Paris en septembre 1940, le poète et académicien brésilien Antônio Bruno succombe à un infarctus peu de temps après avoir rédigé un poème intitulé "Chant d'amour pour une ville occupée".

Le docte et servile académicien Lisandro Leite apprend au Colonel Sampaio Pereira qu'un poste se libère au Petit Trianon.
Ecrivain de pacotille, Pereira est l'omnipotent chef des forces de la Sûreté de l'Estado Novo, le parti fasciste qui réprime d'une main de fer la moindre opposition au régime en place.
Sûr de l'emporter, personne n'osera le défier, Pereira annonce sa candidature à l'Académie brésilienne des lettres et compte sur l'habileté du dévoué et flagorneur Lisandro Leite pour transformer son élection en triomphe.

Autour du catafalque dressé dans le hall de l'Académie de Rio de Janeiro, outre les admiratrices éplorées du séducteur irrésistible et poète Bruno, deux vieux hommes de lettres émus : l'écrivain psychologue maître Afrânio Portela et l'essayiste libertaire Evandro Numes dos Santos se remémorent feu « l'ami parfait ».

Outrés qu'un type coupable de compromissions avec le nazisme, responsable de torture de prisonniers politiques, de censures et poursuites à l'encontre d'écrivains et journalistes, puisse bientôt succéder à Bruno qui est mort pour ne pas supporter ces horreurs, maître Afrânio et son ami Evandro se démènent comme des beaux diables pour faire obstacle au sinistre Colonel Pereira.

Puisque le poste semble promis à un militaire, seule la candidature d'un Général démocrate mis au placard, Waldomiro Moreira, semble avoir quelques chances de contrecarrer les plans de l'adversaire. Ecrivain au style châtié et grammairien dogmatique, c'est un homme de parole et de courage, un vrai dur-à-cuire.

Mais rien ne se passe comme prévu, le poste vacant à l'Académie va donner lieu à d'âpres batailles où tous les coups sont permis.
Les vieux amis Afrânio et Evandro se révèlent au fil des évènements des conspirateurs hors pair et ce combat en mémoire de Bruno devient le combat de leur vie, leur combat ultime.

Ce livre truculent, rempli de personnages pittoresques, devrait ravir les amateurs de littérature sud-américaine.
Le lecteur passe sans arrêt de l'abattement à l'espoir et vice versa. Les chapitres sont courts, l'écriture alerte et les rebondissements incessants frôlent parfois la comédie de boulevard.
De nombreux flashbacks sur les conquêtes amoureuses du libertin Bruno donnent une tonalité sensuelle et parfois même érotique à cette fable savoureuse, véritable hymne à la liberté.

La bataille du Petit Trianon, la bataille de l'espoir en un monde meilleur, un roman qui enchantera les vrais démocrates.

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