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Critique de RosenDero


Inondant un petit village d'Auvergne de lettres anonymes, un mystérieux corbeau fait resurgir un meurtre vieux de quinze ans. La police va devoir mener son enquête et se tourner vers le fils de la victime de l'époque, qui — coïncidence ? — est revenu habiter la maison du drame...

Dans sa trame, l'histoire n'a rien de très original ni de très poussé. Mais au fil de la lecture, on se rend compte que le principal atout de ce roman n'est pas l'enquête en elle-même, mais son côté rural, son ancrage régional.
Dans un contexte de village auvergnat, avec ses coutumes, ses habitudes, ses secrets et ses préjugés, ce qui aurait pu paraître comme une banale intrigue policière s'élève alors au rang de délice de lecture.
Avec un humour cinglant et sans concessions, Philippe Loul Amblard nous offre une France profonde, très profonde, peu habituée au changement, peu encline à la nouveauté, peu amène envers les étrangers. Les traits ont beau avoir l'air caricaturaux, celui qui aurait déjà vécu dans ce genre de village ne pourra que s'y retrouver tant les personnages sont criants de vérité et tant l'auteur a su retranscrire leur psychologie. le tableau dépeint ici est hautement fidèle et d'une grande crédibilité. L'utilisation de termes, de tournures, d'expressions dialectales, patoises, occitanes, ne font que renforcer cette idée et l'ambiance qui se dégage du roman.
D'ailleurs, on pourrait disserter longuement sur ce titre qui pourrait paraître énigmatique : La lièvre et le corbeau… Pourquoi diable "LA" lièvre ? Certes, c'est le surnom donné à un personnage du coin, mais, avant tout, il me semble que c'est un hommage que rend l'auteur à sa région et à sa langue. En effet, en occitan, le lièvre a un nom féminin, il se nomme "la lèbre" (si le français entend chanter un loup, un renard et une belette, les pays d'oc voient, quant à eux, danser un loup, un renard et une lièvre).
Sorte de mélange entre un Jean de la Fontaine et un Frédéric Mistral arverne, on sent fort bien que M. Amblard est un habitué du cru, un enfant du pays. Et même si l'on a pris connaissance du disclaimer précisant que les personnages du roman ont été inventés, on ne peut s'empêcher de penser qu'ils vivent encore ça et là, en chair et en os, en dehors de l'esprit de l'auteur.

Seuls points noirs, on notera un certain laxisme au niveau de la ponctuation (un manque cruel de virgules après les compléments de phrase en tête de proposition) et la présence de nombreuses coquilles (pour ne pas dire de fautes d'orthographe et de grammaire non visées à la relecture). Mais cela n'enlève en rien des qualités de l'oeuvre.

En plus de l'histoire, du style de l'auteur et de l'ambiance qui se dégage du roman, j'ai également beaucoup apprécié la couverture, et, dans l'ensemble, les illustrations, en couleur, sont sympathiques et bienvenues.

Je remercie donc chaleureusement Babelio et les éditions Créer de m'avoir permis de prendre connaissance de cette belle fable rurale et de m'avoir fait découvrir un auteur que je n'aurais pas pu rencontrer autrement.

En préambule, Philippe Loul Amblard disait espérer que son lecteur prenne un certain plaisir à lire son (chef d') oeuvre. Je le rassure, c'est bien le cas.
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