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Critique de fbalestas


Xan Meo, un acteur discrètement célèbre, a dû commettre une bêtise. Il se fait corriger par Mal, un type violent, dans un bar appelé Hollywood, parce qu’il aurait donné un nom qui aurait dû rester secret.
Le roi Henry IX, qui règne alors sur l’Angleterre, a des ennuis : quelqu’un a pris des photos de sa fille de quinze ans nue dans une salle de bains royale .
Clint Smoker, petit journaliste dans un Tabloïd a des ennuis. Il faut trouver quelque chose d’encore plus sordide que ce que fait déjà la concurrence. Smoker vit seul. Mais depuis quelque temps une dénommée Kate lui envoie des SMS sulfureux qui lui donne envie d’en savoir plus.
Pendant ce temps un avion emporte dans sa cargaison le cadavre d’un certain Royce Traynor, destiné à rejoindre la ville de Houston au Texas. Mais comme l’indique Martin Amis : « Des 399 passagers d’équipage de ce vol de dix heures, seul Royce Traynor n’éprouverait aucune érosion de son bien-être. »

Loufoque, le roman de Martin Amis fait donc défiler une galerie de personnages (avec des noms imprononçables comme Urquhart-Grodon par exemple) dans un Londres moderne. On y voit des footballeurs richement payés, des journalistes à scandale peu scrupuleux, une alcoolique essayant de se comporter normalement dans un avion, une seconde épouse soumise au choc post-traumatique de son mari devenu libidineux, un roi qui dans son ennuyeuse vie royale a quelques problèmes d’érection, contrairement à l’ensemble de ces ancêtres, une princesse nymphomane, ou encore un bébé qui va jouer un rôle décisif dans l’histoire de Xan.

On songe à un John Irving contemporain, avec cette volonté d’embrasser un tout petit monde comme son confrère David Lodge, mais avec une ironie féroce pour décrire ses contemporains. Il balaie toutes les couches sociales, en partant de la plus haute (les cuisines de Buckingham Palace avec le domestique appelé Love qui trahira son maître) jusqu’au royaume de la pègre ou celui des tabloïds douteux. Pour illustrer son propos, Martin Amis avec une verve mordante, change de registre de langage, s’adaptant à chaque situation, et allant jusqu’à la plus contemporaine (les messages envoyés par Kate par mail ont dû être un vrai casse-tête de traduction). On pense aussi à Jonathan Coe, la version plus âgée et plus lointaine de Martin Amis, qui dans La vie très privée de Mr Sim raconte les ravages de la société numérique sur un personnage de looser. Chien Jaune est encore plus acide, acerbe, sans concessions aucunes.

Qu’est-ce que la norme ? Comme une sorte de Michel Houellebecq anglo-saxon – comme lui il possède une réelle puissance créatrice et la même volonté de démiurge, Martin Amis décrit ici des personnages plutôt déjantés, tous ayant des problèmes de sexes, jamais à l’aise dans leur rôle, courant à trop vive allure vers leur destin, à l’image de la société capitaliste d’aujourd’hui. Et il en fait beaucoup. Martin Amis est soit adoré, soit détesté. Ce livre à sa sortie a déçu certains de ses fans qui n’y ont vu qu’une erreur dans le parcours du brillant auteur qu’ils admiraient jusque là. Certains trouvent que ces trouvailles d’écriture font mouche, d’autres qu’elles baignent dans le cliché. A mon avis Amis se moque de cette forme littéraire à qui il a déclaré la guerre dans un autre ouvrage. Sarcastique, en tout cas, il l’est sans aucun doute.


Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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