« Je suis Zoé. À moitié algonquine, à moitié canadienne, à moitié québécoise, […], à moitié fille, à moitié mère, je ne suis rien et je suis tout, je suis Zoé. Pour la première fois je sais qui je suis, et ça personne, jamais, ne me le prendra plus. »
L'enfant rivière,
Isabelle Amonou @editions.dalva @isabelleamonou
Un livre puissant et prenant!
Un roman qui se passe dans le futur, dans une ou deux décennies, quand la Terre a décidé de se rebeller et d'attaquer l'humanité à coups de tornades, sécheresses, pluies diluviennes et autres cataclysmes… c'est le chaos sur une partie de la planète, principalement aux Etats-Unis qui voient leur population émigrer au Canada…
« Un nouveau venait d'arriver. Devant le feu déclinant, il racontait. Les États-Unis. Ce qu'il en restait. La situation s'était encore considérablement dégradée depuis quelques mois.
Il avait traversé seul la frontière, caché à l'arrière d'un camion-benne. Lui ne s'était pas remis aux autorités canadiennes, il s'en méfiait. »
Mais le Canada n'est pas davantage épargné par la nature… ni par les hordes de migrants qui n'ont parfois plus rien d'humain! Les enfants surtout se transforment en bêtes sauvages, prêtes à tout pour survivre!
« Il était peut-être temps de laisser le monde se libérer des hommes. Fourbes, déloyaux, sanguinaires. Même les enfants. Des humains comme les autres. Que la nature reprenne ses droits. »
La sauvagerie ne date pas d'hier! Il suffit de jeter un regard en arrière, de lire les pages du passé, pour se rendre compte qu'elle ne fait que se reproduire sans cesse.. l'humain est sauvage par nature! Inhumain pour ceux qu'il juge inférieurs, différents, sauvages: les autochtones!
« Elle aurait pu, comme tant d'autres, confier son histoire à la Commission de vérité et réconciliation. Elle aurait pu raconter la séparation, le pensionnat, la disparition de son frère, mort sans sépulture, la violence, l'impossibilité de se reconstruire. Elle n'avait pas voulu. Elle n'avait pas pu. »
Ce roman vibrant traite tout à la fois du passé et du futur!
Dans le passé, il y a le mal fait aux peuples premiers, aux enfants placés de force dans les pensionnats de l'Etat…
« Un été, je suis rentrée à la maison. J'ai regardé mon père, ma mère. Et tu sais quoi ? Je les haïssais. Je haïssais tout simplement mes propres parents. Pas seulement parce qu'ils m'avaient abandonnée; je détestais leur visage brun. Je les détestais parce qu'ils étaient indiens. Ils etaient indiens. Ils étaient sales. Ils parlaient une langue sale. Ils ne parlaient pas français. Et j'étais là, tu comprends, j'avais le goût du savon et du français dans la bouche, je venais de là mais je ne pouvais plus être là. Je ne voulais plus être autochtone. Je ne voulais absolument plus être autochtone. »
Dans le futur, il y a la Terre qui se détraque, tout comme les humains, mais il y a aussi Zoé, ses blessures, son vécu, ses souffrances… celles de son enfance, celle d'avoir perdu son fils qu'elle croit toujours vivant!
Ce roman, c'est aussi la quête de Zoé pour retrouver Nathan, c'est la foi d'une mère persuadée au fond d'elle que son fils n'est pas mort, qu'il est bien vivant quelque part et qu'elle finira par le retrouver…
« À cet endroit précis où son fils s'était volatilisé, six ans auparavant. »
C'est un roman de chaos, de souffrance, de folie humaine; mais c'est aussi une ode à la vie, à la Terre, à l'amour d'une mère, à l'humanité dans ce qu'elle a de plus beau!