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Critique de BazaR


Agent de l'empire terrien constitue le premier volume français des aventures de Dominic Flandry écrites par Poul Anderson et publiées en dernier lieu par L'Atalante. Deux autres volumes suivent, mais cet ensemble ne représente pas la totalité des écrits sur Flandry. Certaines traductions manquent, hélas.

Ce volume contient un ensemble de nouvelles et de courts romans publiés aux USA entre 1951 et 1961. Dominic Flandry en est donc le héros, et le seul point de vue sur l'univers.
L'époque de l'expansion humaine dans l'espace, de la Hanse Galactique et de van Rijn – sujet d'une autre série de Poul Anderson – est enfouie dans les légendes du passé. L'Empire Terrien est stabilisé depuis pas mal de siècles. Il a cessé de s'étendre et cherche au mieux à conserver l'acquis. Il est entré dans sa phase de décadence « à la romaine », frasques de l'aristocratie gouvernante à la clé. D'autres civilisations « barbares » ou jeunes empires aux dents longues, dont le représentant le plus dangereux est l'empire Merséien, veulent profiter de cette déchéance, dévorer le vieux lion et prendre sa place.

C'est dans ce contexte qu'évolue Dominic Flandry, agent de renseignement et espion au service de sa Majesté l'Empereur. Sa tâche principale : démonter les complots des « barbares » visant à grignoter ou affaiblir l'empire de Terra, déstabiliser les civilisations ennemies, les rendre aptes à une assimilation si possible. Flandry est pleinement conscient de l'état de l'empire, probablement beaucoup plus que ses dirigeants. Il sait qu'il mène un combat d'arrière garde destiné à repousser, mais pas empêcher, le moment de sa destruction. Il sait que finira par arriver la « Longue Nuit », une période d'âge sombre et d'obscurantisme, comme le haut moyen-âge a suivi la chute de l'empire Romain.
Mais il n'est pas du genre à déprimer. Flandry est du genre James Bond. Il aime les loisirs sophistiqués, il adore les femmes et surtout en changer. Il affiche de la désinvolture vis-à-vis de cette Longue Nuit. Finalement, ce qu'il souhaite vraiment, c'est repousser son arrivée au-delà de sa propre mort. Après… qu'est-ce qu'il en a à fiche hein.

Son portrait se dessine déjà ; je ne le trouve pas trop sympathique. Il est génétiquement ou culturellement programmé pour employer toutes les méthodes pour accomplir sa mission et il ne se gêne pas. Il peut organiser son propre enlèvement par un empire barbare et le déstabiliser de l'intérieur en accroissant par fourberie les inimitiés entre dirigeants et militaires (dans « le tigre par la queue » il m'a fait penser à Sauron à Numénor, c'est dire), monter des plans à la Mission Impossible et des escroqueries de haut vol. Et bien sûr, il séduit le plus souvent la plus belle du périmètre en sachant parfaitement qu'il n'est pas question que ça dure.
Poul Anderson a essayé de compenser cela en lui fournissant une empathie particulière pour les pauvres gens, pour les peuples souhaitant l'autonomie devant un État tout-puissant (cela revient toujours chez Poul, il trouve l'État fédéral américain trop intrusif et nuisible à la liberté) mais je trouve cela un peu artificiel. Cela rend le personnage moins vrai, plus artificiel.
En revanche, le travail sur les personnages féminins de caractère et les ennemis honorables et intelligents est remarquable.

Ce volume nous fait voyager sur des planètes exotiques où des civilisations de caractère se sont développées : planète aquatique colonisée par des Noirs, planète glacée par des descendants de mongols et sibériens, planète de forêt et de marécage. Il y a en plus d'une intrigue souvent palpitante, un décorum très dépaysant. Je n'ai pas trouvé les écrits vieillis, au contraire. Ma préférence va aux Chasseurs de la Caverne du Ciel pour la complexité de l'intrigue. A l'opposé, les Guerriers de Nulle Part est d'assez mauvaise qualité.

Les deux volumes suivants rassemblent des romans écrits plus tard, dans les années 1965-1975. Je me demande si l'évolution de l'auteur se reflètera sur Dominic Flandry.
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