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Critique de jamiK


jamiK
21 septembre 2023
Sous un fond de space opera, Poul Anderson aborde le thème de la colonisation, non pas celle, forcée par la violence, militaire et expansionniste, mais celle plus sournoise du prétexte de l'apport de la civilisation à des fins purement lucratives, du système économique et social d'apparence idéale imposé en douceur.

Deux peuples, deux planètes, viennent sur terre négocier des accords d'aide pour leur développement, les Cundaloiens obtiendront le soutien de la fédération terrienne, alors la plus puissante civilisation de la galaxie, les Skontariens repartiront bredouille. On va suivre l'évolution de ces civilisations primitives en deux périodes, vingt et cinquante ans plus tard. On se positionne dans chaque partie d'un point de vue différent, celui des terriens qui proposent leur aide, bienveillant, paternalistes, puis celui de la civilisation qui a obtenu l'aide, accordant quelques concessions, surtout d'ordre idéologiques et sociétales, et enfin celui de la civilisation qui n'a pas obtenu d'aide, jugeant son concurrent cinquante ans après.

C'est une critique ouverte sur la société occidentale, sur le paternalisme des peuples vis-à-vis de celui qui est moins avancé, sur le système économique et social qui fait perdre leur âme aux peuples embrigadés dans la vision du colonisateur, sur un bénéfice trompeur, sur le tourisme et le folklore : « Cundaloa n'a pas perdu ses vieilles maisons, son folklore, sa musique, tout ce que sa culture compte de pittoresque : mais elle est devenue consciente, précisément, que c'est pittoresque, ce qui est pire. »

C'est court, alors c'est direct, l'écriture est concise, efficace, c'est une nouvelle dont le but n'est pas caché, il s'agit de développer une critique sur notre société, sur l'arrogance de la civilisation sur les peuples dits primitifs, et sur le cynisme de vouloir aider dans un objectif en réalité totalement intéressé. C'est une fable qui se lit avec délectation, elle m'a fait penser aux débuts d'Enki Bilal avec ses “Mémoires d'outre espace”, je ne serais pas étonné que cette nouvelle de Poul Anderson lui ait apporté l'inspiration. Écrite en 1950, “La main tendue” n'a rien perdu de sa justesse, de sa critique, et l'aspect science fiction la rend encore plus grinçante, délectable et vraiment amusante.
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