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Critique de CorineAubineau


Un ami trop grand

Sous une plume alerte, sensible, généreuse, Claude Andrzejewski donne corps et coeur aux mots, simplement, dans un décalage léger du temps qu'il fait. Esquisser sans esquiver. Cette lettre, c'est tout d'abord un tableau, où plutôt un pop-up qui roule doux, lent, grave et drôle, sous nos doigts et nos yeux. Au détour d'une oeuvre graphique, d'un paysage, d'une ambiance de bar ou de cabaret – peu importe le nom pourvu que l'on ait l'ivresse – l'auteur se souvient du temps partagé. En Lecteurs curieux, nous voyons naître ce sentiment solide qui va les unir, de voyage en picole.
Ne vous imaginez pas une biographie , c'est bien plus que cela. Aux souvenirs, se mêle la réflexion , le questionnement, c'est de l'intime, du ressemblant. Avec tout le respect pudique de l'auteur, nous frôlons ce qu'est la belle amitié, vraie, puissante, aux confins d'un lien que parfois le sang n'offre pas. Une alliance profonde, une complicité de maître à élève, peut-être, dans une confiance cimentée au fil du temps.
L'art de savoir nous faire partager les sentiments éprouvés, sans pathos. Claude Andrzejewski l'érudit, a ce talent, sans étalage de savoir. Quel bonheur à lire, que cette qualité.
Il y a dans son écriture, l'élégante pudique, douce, drôle, grave, sans être ampoulée. Si rare qu'il convient de le souligner. du beau, du fluide qui vous prend, à en laisser cramer le frichti du midi !
Le stylo comme un pinceau, entre lieux et amis, trace et mémoire, comme une grappe de raisin ou un verre de bon vin. Ça colle au coeur et à l'âme.
J'ai été bouleversée par l'authenticité exprimée, je crois.
Cela existe donc des amours sincères ? Car oui, l'amour peut prendre d'autres couleurs que le mièvre, le désir, le lyrique, le mensonge et autres couillonnades !

Même si l'on ne connaît pas Pirotte, ce roman s'inscrit dans le réel, nous fait toucher du bout de l'âme ce qu'éprouver veut dire. Il est à lire, cet ami trop grand. Sans ambiguïté, sans ironie, on peut oser parler d'amour, quand on est une âme étrangement née !
«... je m'en foutais, mes repères étaient déjà faussés, je ne savais plus si je jouais pour vivre , si je vivais pour jouer. Je jouais ta partition... » p 66.
« J'ai repris ma déambulation jusqu'à ce « grand tableau (…) qui s'intitule « la fin du voyage » peint au XIXe siècle par Louis-Georges Brillouin... » p 182
Quand la lettre s'achève on sourit de ce garnement de Pirotte, on est bien des mots b/l/us.
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