Citations sur Le violon d'Auschwitz (10)
Il était Daniel, facteur de violons de son métier. A cet instant, il ne se souvenait que de son travail - sa fierté. Il avait même oublié la faim et ses yeux brillaient à cause de l'intensité de l'attention.
Mais hors du camp, hors de cette île d'un monstrueux archipel, rien ne s'arrêtait. Il sentit une bouffée d'air qui n'était plus si froid, comme une caresse unique au pays de la haine. Dans son ancienne rue, à Cracovie, les hirondelles ne tarderaient pas à arriver. Le printemps fleurira comme jamais, se dit-il. Il fleurira sur les corps des milliers de morts. Ce n'était pas une pensée très réconfortante, mais c'était la vérité. Il trouva le café plus amer, la tranche de pain plus petite et mesquine, comme si cette réflexion l'avait diminuée. Au bout de quelques minutes, il regarda le ciel- il ne s'en était pas soucié auparavant car il le voyait toujours couvert de nuages ou de brume- et il y découvrit de grands espaces bleus. Il reçut un coup de bâton dans le dos car il s'était arrêté dans le rang qui se dirigeait vers les ateliers. Oui, le printemps approche, pensa-t-il à nouveau en étouffant un cri. Il fleurira sur l'engrais de nos morts.
C'était peut-être la raison pour laquelle la tempête les avait surpris de la façon la plus inattendue; il n'avait pas distingué les signes menaçants, les nuages qui s'assombrissaient, absorbé par un métier qui le passionnait. Au début de la tyrannie, il s'était accroché l'étoile jaune de David sans savoir que c'était le signe de la mort, comme on marque les pins qui vont subir la hache; et il ne s'était en fait pas éveillé à la nouvelle réalité brutale avant le jour terrible où ils avaient saccagé son atelier-dans un passé récent, la vieille synagogue du quartier où il s'était senti en sécurité dans son enfance, sous le long talith de son père qui l'emmenait souvent dans les fêtes, avait brûlé. Depuis, pensait-il maintenant, chaque jour ils s'enfonçaient d'un pas dans les eaux marécageuses qui finiraient par les engloutir tous.
Il avait tout appris de son père : il utilisait uniquement du bois de plus de cinq ans d’âge. Du bon épicéa des montagnes et de l’érable, des arbres où avaient niché les hirondelles. Où le vent avait chanté, comme le ferait ensuite l’archet.
Au début de la tyrannie, il s'était accroché l'étoile jaune de David sans savoir que c'était le signe de la mort, comme on marque les pins qui vont subir la hache ; et il ne s'était en fait pas éveillé à la nouvelle réalité brutale avant le jour terrible où ils avaient saccagé son atelier-dans un passé récent, la vieille synagogue du quartier où il s'était senti en sécurité dans son enfance, sous le long "talith" de son père qui l'emmenait souvent dans les fêtes, avait brûlé. Depuis, pensait-il maintenant, chaque jour ils s'enfonçaient d'un pas dans les eaux marécageuses qui finiraient par les engloutir tous.
Il se trouvait à l'un des moments les plus délicats de son travail, qui consistait à mettre en place à l'intérieur de l'alto l'âme, cette petite pièce en épicéa, aux veines fines et denses, qu'il était sur le point de laisser partir, parfaitement verticale, parfaitement droite, juste derrière le pied droit du chevalet. Mais que lui arrivait-il ? Il avait les mains moites, l'âme glissait, elle s'échappait avant l'heure ! Elle était trop courte, inutilisable. Il allait devoir tout recommencer. Mais l'alto devenait profond, profond...
Des mains qui le secouaient le réveillèrent à ce moment. L'alto se trouvait sans âme. Cela lui sembla être un mauvais présage.
Il avait parlé sans interrompre son travail, car on ne pouvait jamais être sûr de la réaction ; il avait parfois été frappé pour ne pas s'être mis au garde-à-vous alors qu'on lui adressait la parole, mais l'avait été aussi un jour où il l'avait fait, pour s'être arrêté de travailler.
Presque toute sa famille avait péri durant l’Holocauste, sa mère et sa grand-mère étaient mortes au ghetto de Varsovie, son père et son frère aîné à Auschwitz ; tous étaient donc morts aux mains des nazis. Je pensais qu’elle devait être toute petite à l’époque. Comment en avait-elle réchappé ? Il me vint également à l’idée que la musique avait dû beaucoup l’aider à dissiper ces ombres.
Presque toute sa famille avait péri durant l’Holocauste, sa mère et sa grand-mère étaient mortes au ghetto de Varsovie, son père et son frère aîné à Auschwitz ; tous étaient donc morts aux mains des nazis. Je pensai qu’elle devait être toute petite à l’époque. Comment en avait-elle réchappé ? Il me vint également à l’idée que la musique avait dû beaucoup l’aider à dissiper ces ombres.
même les enfants étaient libérés de leur enfance , par le biais de ce piège sournois
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