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Critique de Pavlik


Les années 1940 : Captain Marvel (et la Marvel Familly) fait un tabac (jusqu'à 1,4 millions d'exemplaires vendus à chaque numéro). Publié par l'éditeur Fawcett, aux USA, il est également distribué en Grande Bretagne, où il connait le même succès. Ses ventes dépassent même celle de Superman, ce qui en fait le super héro le plus populaire de cette décennie. Mais DC ne l'entend pas de cette oreille et intente un procès à Fawcett, en 1948, estimant que Captain Marvel est une copie de son Captain Thunder (qui, il faut bien le dire, est depuis longtemps oublié de tous). le jugement donne raison à Fawcett, mais DC fait appel, en 1951. Entre-temps, les ventes de comics s'effondrent (l'heure est à la SF) et Fawcett préfère s'arranger avec son rival, dont les reins sont, à l'évidence, plus solides que les siens. DC récupère donc les droits de Captain Marvel, ce qui interrompt sa publication au Royaume-Uni. C'est ainsi que les éditeurs anglais demandent à Mike Anglo de lui créer un remplaçant.

Miracleman fait donc sont apparition en 1954, d'abord sous le nom de Marvelman, et lui aussi à une "famille", Young Marvelman et Kid Marvelman. Ses aventures seront publiées jusqu'en 1963 et marqueront une génération de petits lecteurs. Les années 1980 : les lecteurs sont devenus grands et certains décident de faire de la bd et ambitionnent, rien de moins, que de surpasser les Ricains. C'est ce qu'on a appelé "l'invasion britannique", dont le fer de lance sera Alan Moore (mais également Alan Davis, Chris Claremont, Steve Dillon, Grant Morrison, Neil Gaiman...) Marvelman revient dans ce contexte, en 1982, cette fois sous le nom de Miracleman, afin de ne pas froisser Marvel (qui en a depuis acquis les droits).

Cette réédition est passionnante à plus d'un titre. D'abord, elle comporte la toute première aventure de Marvelman. OK là c'est hyper old school et désuet MAIS c'est très utile d'y jeter un oeil, dans une perspective historique, afin de mesurer le chemin parcouru par la bd et la perception qu'en a le grand public. Ensuite le premier arc, qui contient les premiers épisodes de Miracleman, version 1980's est un bijoux : l'ambiance est sombre, un peu comme dans Watchmen, mais dans une veine d'avantage orientée roman d'espionnage, saupoudrée de SF traditionnelle (avec des éléments très novateurs pour l'époque qui évoquent, par exemple Matrix). Cette arc donne une nouvelle dimension aux épisodes des 1950's, expliquant leur côté niais, tout en les intégrant à une continuité. Clairement le procédé scénaristique choisis est magistrale (encore une fois pour l'époque, parce qu'aujourd'hui ça fait déjà vu) et formalise (d'autres oeuvres de cette époque, telle Watchmen, également) le passage à l'âge adulte. Ces épisodes sont également l'occasion pour les auteurs de développer une réflexion sur, non pas le super héro, mais la surhomme qui, contrairement à la plupart de ses cousins, est l'oeuvre des hommes, qui le redoutent autant qu'il l'admirent. C'est également le cas de Mike Moran, l'alter ego de Miracleman, qui se transforme en prononçant le mot "kimota". Enfin les dessins, mais également l'organisation formelle des planches, sont somptueux que ce soit le trait, l'encrage et même la couleur (ce qui est loin d'être le point fort des comics en général). L'ouvrage se termine sur trois épisodes mettant en scène les Warpsmiths, une race d'extraterrestre un peu Jedi sur les bords, qui collabore avec Miracleman dans le troisième d'entre eux.

En résumé Miracleman est un comic à (re)découvrir, aussi bien pour son scénario que ses dessins, mais également pour son intérêt historique, en tant qu'il fait partie d'un ensemble d'oeuvres à la charnière entre deux époques.
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