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Critique de tolstoievski


Après avoir lu le premier tome des Mille et une nuits, intitulé Dames insignes et serviteurs galants, que j'avais, dans l'ensemble bien apprécié, il me faut confesser qu'il n'en est pas du tout allé de même pour moi avec ce second tome. Je l'ai trouvé plus noir, plus fade, moins intéressant à tout point de vue.

La traduction et les notes de René R. Khawam sont pourtant toujours impeccables, ce sont les histoires elles-mêmes qui m'ont le plus souvent barbé, notamment l'interminable et pénible troisième d'entre elles. Il me faut encore rappeler que les Milles et une nuits, à la base, ne sont pas numérotées en " nuits ", ce n'est qu'Antoine Galland, au XVIIIe siècle, lorsqu'il exhuma ces manuscrits et qu'il les popularisa dans le monde entier, qui entreprit d'apposer des numéros et de faire en sorte que l'on tombe sur le fameux 1001.

Ainsi, il n'est pas question de numéro de nuits ici, mais d'un regroupement de quatre histoires de tailles et de structures inégales. La première, intitulée La Femme coupée, et la troisième, intitulée le Bossu récalcitrant, ont une structure emboîtée de type " poupées gigognes ". La principale nuance est que la première est assez courte tandis que la troisième dure, dure, duuuuuuurrrrre longtemps, longtemps, trop longtemps (pour finalement avoir une chute minable encore en plus !)

Dans la première, le khalife Hâroun-al-Rachîd et son vizir Dja'far tombent sur le cadavre d'une femme découpé en dix-neuf morceaux et jetés dans le Tigre. le but est alors de retrouver le coupable et de punir le crime mais bientôt, deux hommes s'accusent d'être le seul meurtrier. La seconde partie du récit expliquera comment la femme en est venue à être tronçonnée de la sorte.

Dans la troisième, un tailleur de Bassora (al-Basra) rencontre un bossu devant sa boutique, qui chante bien et qu'il trouve marrant, si bien qu'il l'invite à passer la soirée chez lui. Mais, de malchances en maladresses, le bossu finit par dévaler des escaliers et trépasser, impliquant au passage des voisins ou des gens de passage, qui peuvent s'avérer juif ou chrétien.

De quiproquo en malentendu, tous sont plus ou moins alternativement accusés d'être les meurtriers du bossu, lesquels risquent la peine de mort vis-à-vis du roi de Chine. Ne me demandez pas pourquoi le roi de Chine, je n'en sais rien. S'en suit un long, long, long récit où chacun des quatre accusés déroule successivement sa bobine, égrène par le menu ses malheurs afin d'expliquer comment il se trouvait là à ce moment précis. Bref, selon moi, c'est interminable, c'est de la cruauté gratuite le plus souvent et surtout, c'est très pénible à lire... pour finalement qu'on apprenne, après moult menaces de trucidations et de châtiments exemplaires à la lame de l'épée, que le bossu n'est même pas mort. Tout ça pour ça !

La seconde histoire, intitulée Les Coeurs jumeaux, et la quatrième, intitulée L'Amour interdit, ont une structure narrative plus classique, que, personnellement, je préfère de beaucoup.

La seconde histoire, ayant pour sous-titre « Histoire de Chams al-Dine Mouhammad et de Nour al-Dine Ali, vizirs du Caire » nous parle d'un sultan d'Égypte, qui avait deux fils, parfaits tous les deux, semblables pour ainsi dire, dotés de toutes les qualités imaginables. Et puis un jour, le papa sultan meurt, et puis les fistons sultans devaient prendre le pouvoir conjointement, et puis pam !, patatras !, péripétie, et puis péripétie, et puis re-péripétie, et puis re-re-péripétie, et puis finalement tout il est bien dans leur meilleur des mondes des sultans possible à la fin. Moralité pour moi : pffff !

Enfin, la quatrième et dernière histoire du volume, sous-titrée « Histoire du prince Ali, fils de Bakkâr, et de la belle Chams al-Nahâr » est, ô surprise, l'histoire d'un prince et d'une belle. Ces deux-là sont beaux, riches, parés de tous les dons, bref, parfaits, en plus, dès le premier regard, ils tombent raides dingues amoureux l'un de l'autre, mais, mais, mais...

... l'histoire s'intitule L'Amour impossible, donc il faut que l'amour soit impossible, vous comprenez. Impossible entre autre parce que ladite belle est la favorite du khalife et que ces gens-là, comme la fourmi, ne sont guère prêteurs, n'est-ce pas ? Et donc, c'est histoire à l'eau de rose à plein tube, sortez les violons, Harlequin n'a qu'a bien se tenir, il y a un parfumeur qui veut les aider au début, puis il sent l'embrouille et refile le plan à un joailler en qualité d'entremetteur. Mais l'entremission ne se passe pas très bien, les amoureux sont tellement amoureux que, s'ils ne peuvent se voir, ils dépérissent, et pile à la fin, chacun calanche au milieu de ses richesses et tout le monde il est bien triste à la fin, car ils étaient beaux tous les deux, et gentils, et... enfin bon, vous avez compris.

Bon sang, quel ennui tout ça ! Rien à voir avec l'intérêt que j'avais pris à la lecture du premier tome. Grosse déception et impression de temps perdu. le seul point qui m'a paru intéressant, c'est le rôle et la position de la femme dans ces histoires. le plus souvent, on y voit des femmes très fortes, qui ne s'en laissent pas compter et l'on peut affirmer que beaucoup de choses tournent autour d'elles, contrairement à l'idée " traditionnelle " véhiculée depuis le XXe siècle au Proche et Moyen-Orient dans les pays musulmans. Ici, la femme jamais ne se tait ni ne se fait discrète ; elle en impose par sa présence et par ses désirs de tous ordres.
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