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Critique de thedoc


Sarah Mariani entre en 3ème et pour l'adolescente de 14 ans, cette rentrée est ultra importante. Déjà, elle appartient aux grands du collège, aux plus « puissants ». Très populaire auprès de ses camarades, elle s'est construite une réputation qui lui vaut une cour de loyaux et fidèles amis. Cette réputation, rien ni personne ne doit l'entacher. Mais il y a 3 mois, une nouvelle a tout bouleversé pour Sarah. Elle souffre de diabète, avec des conséquences sur sa santé et sur son humeur. Mais pour Sarah, hors de question de paraître différente. Elle ne veut surtout pas que cela se sache et est prête à tout pour que cela reste un secret.
Orlane Kessler, elle, est la petite nouvelle de la rentrée. Sa famille, qui vivait avant à Toulouse, à décidé de déménager pour tenter d'arranger les choses entre les parents d'Orlane. Pour la jeune fille, c'est donc la découverte d'un nouveau collège et de nouveaux camarades. Orlane se retrouve dans la même classe que Sarah mais dès le premier jour, Sarah prend Orlane pour cible de moqueries...

« Ne vois-tu rien venir » aborde le thème du harcèlement scolaire, déjà maintes fois traité dans la littérature ado avec plus ou moins de succès. Ce que l'on peut d'ores et déjà dire, c'est qu'Amélie Antoine nous présente ici un récit vraiment très réussi et ce, pour plusieurs raisons.
La construction narrative tout d'abord, est très bien maîtrisée. L'alternance des chapitres consacrés à Sarah et Orlane mois par mois, tel un double journal intime, nous fait partager les pensées de chacune des adolescentes en vis à vis l'une de l'autre. Ensuite, dès le début, le lecteur sait que quelque chose de grave s'est produit en fin d'année avec les entretiens d'enquête qui là, font intervenir l'entourage des deux jeunes filles : enseignants, parents, CPE, camarades… le processus du harcèlement, mois par mois, est donc parfaitement décrit et c'est un compte à rebours angoissant qui se déclenche.
Les personnages de Sarah et d'Orlane sont ensuite très loin des clichés habituels. Tout d'abord, le fait de découvrir Sarah dans sa vie familiale nous dresse le portrait de la jeune fille hors cadre scolaire. Est-ce que son diabète est là pour la « dédouaner » de ses actes ? Pas du tout selon moi puisque l'on sait très vite qu'elle est une harceleuse depuis déjà longtemps. Au contraire, son attitude envers sa maladie révèle surtout son obsession de toujours tout contrôler et de ne jamais perdre la face, ne jamais détruite l'image d'elle-même qu'elle a mis tant de temps à construire. Même au sein de sa famille, qui est tout ce qu'il y a de plus « normal »,elle est extrêmement égoïste.
Quant à Orlane, on est là aussi très loin des clichés de la petite adolescente timorée victime de harcèlement. C'est une ado joyeuse et optimiste, suffisamment sûre d'elle pour participer à une émission télé. D'ailleurs, au début des premiers signes de harcèlement, elle est bien décidée à ne pas se préoccuper de tout cela. Sa situation familiale ne va sûrement pas l'aider à trouver l'écoute dont elle aurait eu besoin mais c'est une situation que vivent beaucoup d'ados… Ce qui en fait nous apparaît le plus habituel dans cette histoire est l'attitude de « moutons » des autres élèves, qui préfèrent se mettre sous la coupe de la harceleuse plutôt que de devenir sa prochaine victime.
Enfin, l'entourage lui-même est cerné avec discernement. Pas d'accusation chez Amélie Antoine. Surtout des gens, qu'ils soient parents, éducateurs, camarades, qui n'ont pas vu les proportions que cela prenait, chacun préoccupé par ses problèmes, son travail, sa vie… Qui n'ont rien vu venir malgré quelques légères tentatives d'Orlane pour parler.
Et pourtant, pourtant,… le lecteur, lui, voit tout venir avec effroi avec le changement qui s'opère progressivement chez Orlane. Une Orlane qui jamais ne veut apparaître comme une victime et qui serre les dents, ravalant sa souffrance quand le moment où enfin elle aurait pu trouver de l'aide est passé.

Amélie Antoine nous offre ici un récit intelligent, glaçant et bouleversant… jusqu'à la toute dernière ligne. Des numéros d'urgence et une présentation du travail d'Emmanuelle Piquet, thérapeute française spécialiste de la thérapie brève stratégique selon l'École de Palo Alto, complètent le roman.

Un livre d'utilité publique, à faire lire à nos jeunes.
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