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Critique de kouette_kouette


Deux familles basques d'un même village.
À leur tête, deux maîtresses de maison, au cuir épais.
Mère d'un fils combattant d'ETA et veuve d'un homme assassiné par ETA.
Le cessez-le-feu officiel est déclaré et respecté.
Soit.
Mais que deviennent alors les relations entre ces gens qui étaient jusque-là ennemis. La paix nécessite de vivre sans tenir compte de ce qu'ont fait nos voisins en temps de guerre.
« Bordeldedieu ».
Est-ce vraiment réalisable ?

Le style surprenant et accrocheur de Fernando Aramburu illustre à merveille la complexité de ce processus.
Dans le même paragraphe on passe du « je » au « il » pour parler de la même personne. On passe de la narration au dialogue. On passe du quotidien routinier à la violence de la lutte armée. On passe d'hier à aujourd'hui pour revenir ensuite à avant-hier.
C'est aussi des phrases en sous-entendus, sans fin, mais tellement limpides. Des synonymes/antonymes accolés. Des aberrations soulignées finement (comme des curés complices d'une idéologie marxiste-léniniste : cherchez l'erreur).
Sans le filtre du nationalisme, Fernando Aramburu nous permet de contempler/comprendre la douleur qui perdure des deux côtés.

J'ai beaucoup apprécié la réflexion sur le pardon et la rédemption.
J'ai adoré découvrir le talent de Fernando Aramburu.

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En aparté, je rappelle que l'ETA a officiellement annoncé sa dissolution le 3 mai 2018. Dissolution actée par la « déclaration Arnaga » lors d'une conférence internationale à Cambo-les-Bains le lendemain.
Un mois auparavant, une oeuvre d'art était inaugurée à Bayonne pour commémorer les un an du désarmement d'ETA. Oeuvre d'art qui fit polémique ; si vous voulez aller vous faire votre propre idée…

Enfin, en bémol, je voudrais dire au rédacteur du bandeau rouge de chez Actes Sud qu'un roman est un regard possible sous un certain angle. L'intitulé choisi est réducteur. Fernando Aramburu n'est pas le seul libre de s'exprimer, de critiquer, de dénoncer sans risquer de recevoir l'impôt révolutionnaire.
D'autres romans, d'autres regards, viendront certainement.
C'est donc UN grand roman.
Tout court.
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