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EAN : 9782330096649
624 pages
Actes Sud (07/03/2018)
4.34/5   405 notes
Résumé :
Lâchée à l'entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir, bien trop chaud pour la saison. Afficher des couleurs serait manquer de respect envers les morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer au Txato, son mari défunt, les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l'ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de San Sebastián, où a véc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (78) Voir plus Ajouter une critique
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Tout a commencé quand le Txato, après avoir payé l'impôt révolutionnaire, a cherché à négocier avec les membres de l'ETA — les sommes devenant trop élevées. Une tentative qui lui vaut d'être assassiné entre sa maison et son garage, laissant inconsolable Bittori, sa femme, qui n'a plus que ses yeux pour pleurer. Mais ne s'en tient pas là. Car les années passant même si le meurtrier de son mari croupit en prison et que l'ETA a déposé les armes, cette femme déterminée n'aura de cesse d'affronter la famille de l'activiste pour connaître la vérité.

L'Euskadi Ta Askatasuna, l'ETA (Pays basque et liberté ), une organisation d'inspiration marxiste fondée en 1959, a évolué d'un groupe résistant au régime franquiste vers une organisation terroriste. A partir de 1968, elle fait de nombreuses victimes, revendiquant l'indépendance du Pays basque ou Euskal Herria. Considérée comme une organisation criminelle par les autorités espagnoles, en 2011, l'ETA annonce « la fin définitive de son action armée », et en 2018, sa dissolution. L'ETA a été soutenue par L'Union populaire (Herri Batasuna) un parti politique créé en 1978, après la fin de la dictature franquiste, et dissous en 2000, qui a toujours refusé de condamner les attentats.

Avec un talent fou, Fernando Aramburu nous immerge dans la réalité des Basques espagnols aux temps maudits de l'ETA. Une histoire de haine mais aussi d'amour et d'amitié de gens qui, bien qu'ayant toujours vécu ensemble, presque que malgré eux sous l'effet de l'ETA sont devenus les pires ennemis. Au plus près des hommes et de leur souffrance, Fernando Aramburu signe ici une oeuvre majeure qui montre qu'au pays basque, les dérives extrémistes ne peuvent être oubliées ou pardonnées par les victimes. Ou peut-être seulement avec le temps...
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La toile des souvenirs.

E.T.A. Euskadi Ta Askatasuna ("Pays basque et liberté"). Trois lettres qui inspirent autant la terreur pour certains que l'espérance pour d'autres. Présente sur le front politique et militaire, son engagement dans la lutte armée se mesure en centaines de victimes tuées ou mutilées après sa dissolution en 2018.
L'action du livre commence quelques années plus tôt. 2012, l'organisation vient d'annoncer à grande posture d'hommes cagoulés qu'elle déposait les armes. Bittori, épouse d'une victime assassinée au milieu des années 90, pense alors qu'il est temps pour elle de retourner dans son village qu'elle a dû quitter après la mort de son époux, subissant la double peine de la perte de son mari et de l'opprobre des siens. Mais sa mise à l'index avait commencé déjà depuis plusieurs années.

C'est le point de départ pour se souvenir, se remémorer des événements passés dans ce village, son village, et notamment son amitié brisée avec Miren. L'une est femme d'un chef d'entreprise qui réussit et refuse de payer l'impôt révolutionnaire exorbitant qu'on lui demande, quand l'autre est mère d'un activiste de l'ETA qui s'engagera éperdument dans la lutte armée. Elles étaient plus qu'amies, des soeurs qui ne peuvent plus se parler depuis des décennies.

À l'aide d'une technique narrative efficace alternant discours direct et indirect, et en faisant ressurgir la mémoire par bribes de souvenirs à partir d'une odeur, un son, une sensation, Fernando Aramburu compose un tableau, une toile de réminiscences dans laquelle la mémoire attrappe les événements distillés par groupes de deux-trois chapitres dans le désordre chronologique le plus complet pour mieux reconstruire sa toile et nous appâter dedans telle une araignée de la mémoire.

Ce n'est pas nouveau mais c'est admirablement fait. Et ça marche ! Peu à peu on s'accroche, on se laisse prendre, on veut savoir : pourquoi, comment on peut en arriver là... et on ne peut plus s'arrêter.
C'est l'histoire d'une organisation antifranquiste de la premiere heure qui s'est transformée de mouvement de libération, en mafia terroriste. L'adhésion qui peut paraître aveugle de ses soutiens, la reconstruction de toutes ses vies brisées, ses morts ou ses milliers de victimes collatérales, cette brûlure perpétuelle qui incendie ces âmes à la moindre braise, tout y est abordé avec lucidité, sobriété et surtout beaucoup d'humanité. C'est l'histoire du Pays basque, espagnol et français réunis.

Un roman admirable, écrit à hauteur d'homme, qui redonne ses lettres de noblesse à la fresque romanesque. Les pages mentales d'une conscience humaine bafouée sur l'autel de la violence, et dont le seul espoir réside dans le pardon des uns et la repentance des autres.
Un roman mélancolique comme peuvent l'être les souvenirs et comme le symbolise la pluie omniprésente rythmant les événements selon son intensité, dans une région réputée pour ses grandes chaleurs.
Un roman plein de contrastes et d'émotions, telle une déflagration, qui éloigne pourtant toute tristesse en se refusant au pathos et en se contentant (c'est déjà tellement) d'être profondément humain. le genre de livres qui vous fait dire que oui, la littérature est utile à quelque chose.
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Deux familles basques d'un même village.
À leur tête, deux maîtresses de maison, au cuir épais.
Mère d'un fils combattant d'ETA et veuve d'un homme assassiné par ETA.
Le cessez-le-feu officiel est déclaré et respecté.
Soit.
Mais que deviennent alors les relations entre ces gens qui étaient jusque-là ennemis. La paix nécessite de vivre sans tenir compte de ce qu'ont fait nos voisins en temps de guerre.
« Bordeldedieu ».
Est-ce vraiment réalisable ?

Le style surprenant et accrocheur de Fernando Aramburu illustre à merveille la complexité de ce processus.
Dans le même paragraphe on passe du « je » au « il » pour parler de la même personne. On passe de la narration au dialogue. On passe du quotidien routinier à la violence de la lutte armée. On passe d'hier à aujourd'hui pour revenir ensuite à avant-hier.
C'est aussi des phrases en sous-entendus, sans fin, mais tellement limpides. Des synonymes/antonymes accolés. Des aberrations soulignées finement (comme des curés complices d'une idéologie marxiste-léniniste : cherchez l'erreur).
Sans le filtre du nationalisme, Fernando Aramburu nous permet de contempler/comprendre la douleur qui perdure des deux côtés.

J'ai beaucoup apprécié la réflexion sur le pardon et la rédemption.
J'ai adoré découvrir le talent de Fernando Aramburu.

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En aparté, je rappelle que l'ETA a officiellement annoncé sa dissolution le 3 mai 2018. Dissolution actée par la « déclaration Arnaga » lors d'une conférence internationale à Cambo-les-Bains le lendemain.
Un mois auparavant, une oeuvre d'art était inaugurée à Bayonne pour commémorer les un an du désarmement d'ETA. Oeuvre d'art qui fit polémique ; si vous voulez aller vous faire votre propre idée…

Enfin, en bémol, je voudrais dire au rédacteur du bandeau rouge de chez Actes Sud qu'un roman est un regard possible sous un certain angle. L'intitulé choisi est réducteur. Fernando Aramburu n'est pas le seul libre de s'exprimer, de critiquer, de dénoncer sans risquer de recevoir l'impôt révolutionnaire.
D'autres romans, d'autres regards, viendront certainement.
C'est donc UN grand roman.
Tout court.
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Quand j'étais enfant dans les années 80-90, nous allions chaque année en vacances en Galice (nord-ouest de l'Espagne), dans la famille de ma mère. Deux jours de trajet en voiture depuis la Belgique, avec une étape à mi-chemin, de préférence pas au Pays Basque, qui n'était pas exactement l'endroit le plus paisible de la péninsule ibérique à ce moment.
Je me souviens d'une portion de trajet (près de San Sebastián je crois), où il fallait quitter l'autoroute pendant quelques kilomètres, et où on tombait sur des barrages de la Guardia Civil tenus par des soldats armés jusqu'aux dents. Pendant ces étés, il ne se passait pas 15 jours sans que l'ETA lance une alerte à la bombe par-ci ou par-là, dans des endroits plus ou moins touristiques à travers toute l'Espagne. Il n'y avait pas nécessairement de victimes, mais les messages de l'organisation séparatiste étaient clairs : attirer l'attention sur son « combat », montrer sa force de frappe hors du Pays Basque, faire peur aux touristes, nuire à l'Espagne et au gouvernement de Madrid.
Je me souviens qu'un de mes cousins plus âgé, militaire à Saragosse puis à Madrid, racontait que sa hiérarchie interdisait aux soldats et officiers de porter leur uniforme notamment dans les transports publics, histoire de ne pas servir de cible potentielle.
Je me souviens de l'exécution de Miguel Angel Blanco en juillet 1997, après une séquestration et un ultimatum de 48 heures*...
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça, ni moi ni personne de mon entourage n'avons été confrontés de manière directe à la violence de l'ETA. Mais il faut croire que le contexte anxiogène de cette époque m'a marquée d'une façon ou d'une autre puisque, presque trente ans après, la colère de F. Aramburu et celle qu'il instille dans ses personnages me parle et réveille ces échos dans mes souvenirs. Et si moi (qui, après tout, n'ai vécu tout cela que depuis un extérieur lointain et protégé), je suis marquée par ce conflit, alors je n'ose imaginer ce qu'ont ressenti et ressentent encore les protagonistes directs de cette tragédie.

Même s'il est question de pardon et de repentance dans « Patria », ce sont surtout les sentiments de colère et de haine qui dominent.
La colère (ô combien justifiée) contre une violence aveugle; contre une idéologie fanatique peut-être légitime à l'origine mais poussée jusqu'à un extrémisme absurde, qui transforme des amitiés d'une vie en combat fratricide et mortel; contre la terreur éprouvée par tout qui est en désaccord avec l'ETA; contre la bêtise (et son exploitation) de certains humains bas du front qui feraient n'importe quoi pour exister.
La haine invraisemblable, quasi délirante, de ces mêmes bas du front et des partisans du mouvement, qui prétendent appartenir à un peuple opprimé par l'Etat central (qui, soyons clair, est loin d'être innocent dans cette histoire), mais qui ne se sont jamais préoccupés de tenir compte de l'avis du peuple précité (à supposer qu'ils pensent à le lui demander). Démocratie, liberté d'expression, mais qu'est-ce donc ?
A travers l'histoire de deux femmes, meilleures amies jusqu'à ce que le mari de l'une d'elle tombe en disgrâce (avant d'être assassiné) pour avoir refusé de payer l'impôt révolutionnaire (lire : le racket mafieux des chefs d'entreprises basques par l'ETA), et devenues ensuite ennemies jurées, F. Aramburu plonge dans le conflit basque pour nous le raconter à hauteur d'homme, et surtout de femme. Une plongée dans le quotidien des deux camps, allant et venant dans le temps et les générations, des années les plus violentes jusqu'à 2011-2012, après que l'ETA ait annoncé son abandon de la lutte armée.
Bien qu'à travers ses personnages, il se place aussi dans la peau des pro-ETA, on sent bien que l'auteur garde une dent dure contre l'organisation terroriste, et on comprend que la déchirure, la fracture entre les deux camps est profonde et durable : c'est bien beau de parler de réconciliation, de pardon et de page à tourner, mais n'est-ce pas infliger une double peine aux victimes ?

Grâce au mélange de styles direct et indirect et à sa construction non linéaire, ce roman est addictif, puissant et surtout, comme ses personnages, bouleversant et profondément humain.

*Âgé de 29 ans, ce conseiller municipal (Parti Popular) de la localité d'Ermua a été enlevé par l'ETA, qui exigeait, en échange de sa libération, que tous les prisonniers etarras (dispersés à travers toutes les prisons d'Espagne) soient rapatriés dans les prisons basques, et ce dans le délai surréaliste de 48h. L'enlèvement avait été ultra-médiatisé en Espagne et avait soulevé une vague d'indignation énorme, y compris au Pays Basque. En vain.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Une inguérissable fracture dans un village basque espagnol.

Deux familles amies, brisées par un attentat terroriste de l'ETA: l'une pleurant un père, victime désigné pour ne pas avoir apporté son soutien à l'organisation, l'autre orpheline d'un fils, emprisonné pour en avoir été le bras armé.

Le livre commence après la fin de la lutte armée de l'Euskadi ta Askatasuna.
Et le récit va déplier les années de lutte, mêlant les époques et les personnages, opposant un sentiment de danger immédiat à la sérénité douloureuse et les rancoeurs du récent « cessez le feu ».

On est au plus près des familles, on suit l'embrigadement des jeunes, on subit le racket de l'ETA, l'ostracisme des non engagés, les prises de position qui fracturent les amitiés et les relations de voisinage. On vit dans la peur, la délation empirique d'être désigné comme mouchard, oppresseur ou traître à la cause.

Tout en mettant en scène le terrorisme vécu comme une guerre civile dans la population basque, le livre participe intelligemment à une étude psychologique de l'impact sur les individus, qu'ils soient victimes ou nationalistes.

Les figures des mères de famille (et en général des femmes) sont particulièrement bien construites, volontaires, têtues, implacables. Toutes les vies personnelles sont impactées, avenir et bonheur précaires, tranquillité détruite, loyauté familiale écartelée.

Radioscopie d'une époque meurtrière, d'une société sous terreur où le fondamentalisme politique a surtout fait des victimes au sein de la « nation » basque. Comment vivre après avoir perdu un proche dans un attentat terroriste venant de son propre camp ?
Et l'avenir? Des victimes qui dérangent, un oubli collectif à venir?

Un roman indispensable.
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critiques presse (6)
LaCroix
22 juin 2018
Basque exilé en Allemagne, Fernando Aramburu garde une dent contre les sectateurs de l’ETA, dans un roman fêté en Espagne.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
11 mai 2018
ETA vient de s’autodissoudre. « Patria », bilan sensible de soixante ans de terrorisme séparatiste et best-seller signé Fernando Aramburu, paraît en France à point nommé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
04 avril 2018
"Patria" de Fernando Aramburu, phénomène littéraire en Espagne, raconte l’impact humain de la guerre de l’ETA.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
26 mars 2018
Fernando Aramburu dénonce le terrorisme basque avec sa saga «Patria».
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
19 mars 2018
Récit des années de plomb imposées par ETA dans un village du Guipuscoa, Patria a été un véritable phénomène éditorial en Espagne.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
13 mars 2018
Deux familles déchirées par le terrorisme basque : l'une pour, l'autre contre. Vargas Llosa applaudit cette fiction bientôt adaptée en série sur HBO.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
— Je t'en ai déjà parlé une ou deux fois. Il dirige l'entreprise de transport routier. Un type qui ne s'écrase pas devant les menaces de l'ETA. Il semblerait qu'il ne paie pas l'impôt révolutionnaire, ou qu'il traîne pour payer, ou qu'il ne verse pas assez, je n'en sais rien. Il y a tant de bruits qui courent ! En tout cas, on a monté contre lui une campagne de harcèlement pour l'intimider, et il a tous les gens du village à dos. Un brave homme. Pour mon père, un frère, et pour moi presque un oncle. Et aujourd'hui, nous ne lui adressons plus la parole, ni à lui ni à sa famille, bien qu'il ne nous ait rien fait. C'est un pays de fous.

Pages 399-400, Babel.
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Il y a des livres qui mûrissent en soi pendant des années guettant l'occasion d'être écrits. le mien, dont je suis venu vous parler aujourd'hui, en est un exemple.
[...]
Et ce projet de composer, par le truchement de la fiction littéraire, un témoignage des atrocités commises par la bande terroriste procède dans mon cas d'une double motivation. D'un côté l'empathie que j'éprouve pour les victimes du terrorisme. De l'autre, le rejet sans réserve que suscitent en moi la violence et les agressions dirigées contre l’État de droit.
L'écrivain se demande ensuite pourquoi il n'a pas adhéré à l'ETA quand il était jeune. Dans la salle se répand un silence stupéfait de souffles retenus.
En fin de compte, moi aussi j'ai été un adolescent basque, et j'ai été exposé comme tant d'autres jeunes de mon époque à la propagande en faveur du terrorisme et de la doctrine sur laquelle il est fondé.
[...]
J'ai donc dénoncé la souffrance infligée par des hommes à d'autres hommes, en essayant de montrer en quoi consiste ladite souffrance et, bien entendu, qui la génère et quelles conséquences physiques et psychiques cela entraine pour les victimes survivantes.
[...]
De la même façon, j'ai dénoncé le crime perpétré au nom d'une politique, au nom d'une patrie où une poignée de gens armés, avec le soutien honteux d'un secteur de la société, choisissent qui appartient à cette patrie et qui doit l'abandonner ou disparaître. J'ai dénoncé sans haine le langage de la haine, et l'oubli tramé par ceux qui essaient de s'inventer une histoire au service de leur projet et de leurs convictions totalitaires.
[...]
Mais en écrivant, j'ai aussi été poussé par le désir d'offrir une vision positive à mes semblables, en faveur de la littérature et de l'art, donc en faveur de ce qui est beau et noble chez l'être humain. Et en faveur de la dignité des victimes de l'ETA dans leur individualité humaine, pas comme de simples numéros d'une statistique où se perd le nom de chacune d'elles, leur visage concret et leurs caractéristiques intransmissibles.
[...]
J'ai tenté de contourner les deux dangers que je considère comme les plus graves dans ce genre de littérature : d'un côté le ton pathétique, sentimental; de l'autre la tentation d'interrompre le récit pour prendre ouvertement une position politique.
Pages 522 - 523
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On leur fourre de mauvaises idées dans la tête, et comme ils sont jeunes ils tombent dans le piège. Ensuite, ils se prennent pour des héros parce qu’ils ont un pistolet. Et ils ne se rendent pas compte qu’en échange de rien, parce qu’au bout du compte il n’y a d’autre récompense que la prison où la tombe, ils ont tourné le dos au travail, à la famille, aux copains. Ils ont tous quitté pour obéir aux ordres d’une poignée de profiteurs. Et pour briser la vie d’autres personnes, en laissant des veuves et des orphelins à tous les coins de rue.
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... quelques jours de détente, sans larmes, sans crises et sans disputes. En compagnie de sa fille, du soleil, de la mer et des escarmouches érotiques avec un étranger logé dans le même hôtel. Surtout pour retrouver les anciens émois et se consoler des humiliations de Guillermo, qui se prenait pour un étalon et pour Casanova, mais en réalité n’était qu’un petit porc à peine vibratile au lit.
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Admettons qu’un homme soit un bateau. Un bateau à la coque en acier. Mais les années passent et des lézardes apparaissent. Qui laissent passer l’eau de la nostalgie mâtinée de solitude, l’eau de la conscience de s’être fourvoyé, de ne pouvoir porter remède à l’erreur, et cette eau qui ronge tellement, celle du repentir que l’on éprouve mais qu’on n’exprime pas, par peur, par honte, pour ne pas se fâcher avec les camarades. Ainsi, l’homme, ce bateau plein d’avaries, risque de couler à pic à tout moment.
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