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Critique de Ingannmic


Mariano est une âme simple, un être paisible et silencieux qui subit les événements, se laissant ballotter par la volonté des autres. C'est ainsi qu'à la mort de son père, trois ans auparavant, son frère, méprisant mais aussi craignant vaguement la différence de ce laconique cadet, lui a enjoint de quitter leur andin village natal, et qu'il a débarqué, avec sa harpe et sa crécerelle apprivoisée, dans un bourg situé à plusieurs heures de marche de chez lui. Étrangement, de manière presque surnaturelle, le maître des lieux, Don Aparicio, l'a aussitôt pris sous son aile. Il en a fait le gardien d'une de ses maisons, et lorsqu'il s'y rend, il lui fait jouer des huaynos* et des complaintes quechua. Car l'indien, à qui il donne du "Don Mariano", sait tirer de sa harpe, qu'il accompagne d'une voix basse et profonde, des sons qui apaisent et envoûtent.

L'arrivée dans le bourg d'une jeune fille de Lima, avec son allure modernes et ses blonds cheveux coupés courts, crée des remous au sein de la petite communauté, Don Aparicio entreprenant de la séduire avec ostentation. Il sait pourtant qu'Adélaïde, trop délicate, trop citadine, n'est pas la femme de sa vie... mais cela, Irma, sa principale maîtresse, qu'il a enlevée à ses parents et à son village pour l'installer dans une maisonnette où elle se tient à sa disposition, l'ignore. Jalouse, et craignant de perdre son statut de favorite, elle conclut avec Mariano un marché tacite.

Ce résumé pourrait laisser penser que "Diamants et silex" est un roman dense, riche de rebondissements romanesques... C'est en réalité un très bref ouvrage, dans lequel l'auteur déploie l'art de la concision et de l'ellipse. Les tensions, les obsessions, les quêtes vaines à rendre fou y sont bien présentes, mais elles ne sont pas évoquées directement. On les devine à travers les actes, pourtant eux aussi exprimés avec une économie de mots qui rend leurs motivations parfois obscures, et quelques bribes de pensées comme insérées par inadvertance dans cette intrigue resserrée.

Il y a ainsi dans ce texte une forme de rudesse mais aussi de mystère, qui collent d'ailleurs parfaitement à son propos. José María Arguedas dépeint un univers comme resté figé à l'époque féodale, soumis à des traditions ancestrales et rigides, où règne encore sur les indigènes la domination du conquistador espagnol, dont Don Aparicio, avec ses "laquais", son droit de cuissage et sa brutalité, est le symbole. C'est un monde où subsistent aussi les rituels d'un peuple qui se rattache à ses mythes, entre animisme et superstitions, où l'homme est constamment à l'écoute des signes que lui envoie un environnement naturel omniprésent.

Une jolie découverte...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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