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Critique de Lespetiteschroniquesdemarie


Un premier tome très poignant et marquant !

Japon. La vie de Kyonosuke Watanabe, jeune garçon de 15 ans, bascule quand son père lui annonce qu'il doit retourner au lycée, sa famille n'ayant plus les moyens de lui payer de cours particuliers. À son arrivée, Kyonosuke, dont le visage est traversé par une impressionnante cicatrice qui parcourt la moitié de son visage, est immédiatement rejeté par les autres lycéens. En plus des moqueries qui fusent à son passage, il subit les insultes ainsi que le racket financier et alimentaire commis par Kenta, un élève très violent qui cache un terrible secret. Prenant sur lui, Kyonosuke choisit de ne rien dire à ses parents. Quelque temps plus tard, il fait la connaissance d'Akira, une secrète jeune fille de son lycée, qui prend sa défense face à Kenta. Progressivement, Kyonosuke et Akira se rapprochent malgré les railleries de leurs camarades. Leur relation amoureuse n'étant pas acceptée par leurs parents respectifs, ils décident alors de s'enfuir…

Cicatrices est la première série du jeune mangaka chilien Brandon Arias, né en 1997. Dans ce premier tome très poignant en six chapitres, il aborde avec sensibilité des thématiques d'actualité : le harcèlement scolaire en présentiel et sur les réseaux sociaux, le choix de son orientation sexuelle, la maltraitance familiale, la transphobie de l'environnement familial et social… le titre au pluriel prend tout son sens puisque trois des personnages endurent de profondes souffrances physiques, émotionnelles et psychologiques dévoilées progressivement : Kenta, le gros dur, est maltraité par son père oisif qui le force à voler pour ramener de l'argent ; Akira, battue également par son père, est en fait un garçon qui se considère comme fille ; Kyonosuke a le visage scindé en deux par une impressionnante cicatrice (y a-t-il un rapport avec le cauchemar qu'il fait sur la mort accidentelle de son amie Kaori ?). En alternant des scènes douces de courte durée (quand Kyonosuke et Akira mangent des glaces ou lorsque Kyonosuke prend en photo un chat) avec des scènes de maltraitance qui s'étendent sur plusieurs pages, le mangaka montre les tensions générées par les cicatrices visibles et invisibles des trois protagonistes. Minimaliste dans les décors, le trait nerveux de Brandon Arias retranscrit avec justesse les émotions des personnages : la honte du père représenté la tête baissée, l'effroi de Kyonosuke à l'idée de retourner au lycée, la haine dans les yeux du père de Kenta, etc. le découpage des planches met quant à lui en relief la violence à travers les traces de coups sur les corps meurtris. Les onomatopées très présentes dans le dessin – « bla bla bla » « bam ! » « hahaha » – soulignent la méchanceté gratuite des adolescents à l'égard de Kyonosuke et du couple qu'il forme avec Akira. Mention spéciale au soin apporté à la jaquette en papier irisé ainsi qu'à la première de couverture épurée et magnifique.

À la fin du manga, l'auteur insère en bonus les recherches graphiques des personnages et livre quelques confidences, notamment sur le mangaka Inio Asano qu'il admire.
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